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On dira donc une condamnation infamante | est mal propre au labour, c'est-à-dire qu'il la(J. J.), et une imputation (FÉN.) ou une inculpa-boure mal, faute de force. Les hommes sont de tion (BEAUM.) seulement diffamante. On dira aussi un vice (ROLL., S.S.) ou un défaut (S. S.) infamant, et des bruits faux et diffamants (FÉN.).

Mème différence entre informe et difforme: l'animal informe n'a pas de forme ou est tout difforme; l'animal difforme pêche seulement sous le rapport de la forme, est contrefait ou mal bâti. < Un petit ours était horriblement laid; on ne reconnaissait en lui aucune figure d'animal; c'était une masse informe et hideuse.... Sa mère l'ayant léché longtemps, il commença à devenir moins difforme.». FÉN.

Incontenance et disconvenance, défaut de convenance, se distinguent d'une autre manière. Discontenance, comme disproportionné, emporte une idée de dualité et de relation étrangère au mat incontenance, qui se prend toujours absolument et en morale. « Inconvenance n'est pas disconvenance, dit Voltaire; on entend par discontenance des choses qui ne se conviennent pas l'une avec l'autre; et j'entends par inconvenance des choses qu'il ne convient pas de faire. >> Pourquoi l'Académie, qui admet inconvenant, fait-elle difficulté d'admettre inconvenance ?

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MOL.

Inhabiles à tout, vides de sens commun. « Il y a très-peu d'hommes entièrement inhabiles à toute occupation. » LAH. Montaigne remarque en lui-même une inhabileté à toute sorte d'affaire. En jurisprudence, où on parle toujours à la rigueur, on ne se sert que d'inhabile. « Conrad fut déclaré inhabile à succéder à l'empire.» COND. Malhabile, au contraire, désigne un défaut relatif, l'imperfection plutôt que l'absence de l'habileté. « Un ministre malhabile veut toujours vous avertir que vous êtes esclaves. » MONTESQ. Ils ne sont pas assez malhabiles pour s'engager à soutenir le désintéressement de ce prétendu amour.» Boss. « Vous êtes bien malhabile d'avoir dit, d'avoir fait telle chose. » ACAD.

IMPROPRE, MAL PROPRE. Qui n'est pas propre à, bon pour, convenable.

Un terme impropre est déplacé là où il se trouve, il denature le sens; un terme mal propre choque moins; seulement il ne convient pas, il ne rend pas bien l'idée. Dans un autre sens on est impropre à ce pour quoi on n'est pas né, et mal propre à ce qu'on fait sans beaucoup de succes. Le bœuf est impropre à la guerre; quand il est trop jeune ou trop vieux, blessé, malade, il

même impropres et mal propres à certaines choses. Un paysan grossier, sans instruction, est impropre aux affaires; un artiste, un poëte, y sont mal propres. Dans le Misanthrope, Oronte veut savoir d'Alceste si le sonnet qu'il a fait est bon. Alceste lui répond:

Monsieur, je suis mal propre à décider la chose.
Veuillez m'en dispenser1

« Je me sens mal propre à bien exécuter ce que
vous souhaitez de moi. » MOL.
Je vous seconderai, quoique mal propre à feindre.

DEST.

a L'homme attentif à la vérité, a connu ce qui était propre ou mal propre à ses desseins.» Boss. « On dit qu'un homme est propre ou mal propre à la course.» ID.

Montaigne dit d'une manière absolue que, « impropre à faire bien et à faire mal, il ne cherche qu'à passer; » et, d'une manière relative, que << les boiteux sont mal propres aux exercices du corps. »

INDISPOSÉ, MAL DISPOSÉ. Dans une mauvaise disposition de corps ou d'esprit.

Pour être indisposé, il faut être malade; il suffit de ne pas se sentir bien, de flotter entre la santé et la maladie, pour être mal disposé.

D'autre part, on est indisposé contre quelqu'un et mal disposé pour quelqu'un; on est fâché, aigri contre celui-là, on ne fera rien pour lui; on n'est pas porté à écouter celui-ci, cependant on peut encore faire pour lui quelque chose. On est indisposé contre la personne dont on a à se plaindre, et mal disposé involontairement à l'égard de celle dont l'air, la tournure ne reviennent pas ou ne préviennent pas en sa faveur.

IMPOLI, MAL POLI. Qui laisse à désirer sous le rapport de la politesse.

L'impoli n'a point de politesse; le mal poli n'en a pas assez, ou n'a qu'une politesse imparfaite. « La plupart des jeunes gens croient être naturels, lorsqu'ils ne sont que mal polis ou grossiers. » LAROCH.

PREFIXES IN ET IL. Inlisible, illisible.

INLISIBLE, ILLISIBLE. Qu'on ne peut lire; deux mots inventés au XVIIIe siècle, quoiqu'il y ait un exemple d'inlisible dans Mme de Sévigné.

in devient il: légal, illégal; lettré, illettré; liInlisible est formé contre l'analogie. Devant 7, mité, illimité. On doit donc le supprimer ou y attacher une signification propre. Or, un écrit peut n'être pas lisible, soit parce que les caractères en sont mal formés ou indistincts, soit parce que le sens en est mauvais, insupportable. Pourquoi ne pas représenter ces deux vues de l'esprit par deux termes différents? Et inlisible, irrégulier dans sa forme produit de l'ignorance, ne convient-il pas pour désigner un défaut grossier, apparent, qui ne demande pour être vu

4. Au Théâtre-Français, on se permet de corriger Molière, et, par une fausse délicatesse, l'acteur substitue peu propre à mal propre.

qu'une opération toute simple, savoir, le défaut | rette. » VOLT. La brique (LAF.) et les pieux d'être indéchiffrable; tandis que illisible servi- (FÉN.) se durcissent au feu, c'est l'effet d'un rait à qualifier les écrits qu'on ne saurait lire, instant. Mais « le bois d'un cerf commence par tant on y trouve à reprendre? deux dagues qui croissent, s'allongent et s'endurcissent à mesure que l'animal prend de la nourriture.» BUFF.

« Il y a quelques feuilles de mon discours extrê mement barbouillées et presque inlisibles, difficiles même à relier sans rogner de l'écriture que j'ai quelquefois prolongée étourdiment sur la marge. » J. J. Sa main ne forme que des caractères inlisibles. » VOLT. « J'ai perdu les yeux avec une malheureuse petite édition de Corneille, en caractère presque inlisible. » ID.

Mais on dira avec Laharpe: un livre ou un drame illisible, c'est-à-dire, comme il l'explique lui-même en un endroit, insupportable à la lecture; un auteur ridicule, illisible, ennuyeux et absurde; les fastes de Lemierre sont une illisible rapsodie.

PRÉFIXE EN.

Durcir, endurcir. Brouiller, embrouiller. Trainer, entraîner. Fermer, enfermer. Lever, enlever. Il y a identité entre cette prépositive et la précédente. Seulement elle ne se prend jamais, comme in, dans le sens négatif, elle est française au lieu d'être latine, et les mots qu'elle commence sont à radical français ou francisé. Lorsque ceux-ci se trouvent unis à leur radical même par une synomie plus ou moins étroite, il faut, pour les en distinguer, avoir égard non-seulement à la valeur propre de leur syllabe initiale, mais et plus encore à la modification de sens éprouvée par tout mot qui de simple devient composé, ou, ce qui est la même chose, à la différence qui existe toujours entre deux mots dont l'un est et par cela seul qu'il est simple, l'autre étant composé. Cette différence ayant été établie ailleurs avec détail n'a pas besoin d'être exposée de nouveau sous une forme générale: il suffira de l'avoir rappelée avant d'en montrer tout à la fois l'application et la vérification dans les exemples qui vont suivre.

DURCIR, ENDURCIR. Rendre dur.

Durcir est le terme simple, ordinaire, rigoureux, et à cause de sa rigueur même il ne se dit qu'au propre. Endurcir annonce quelque chose de remarquable qui détermine à ne pas se contenter de l'expression commune. La grande chaleur durcit la terre, ou le soleil la boue; phénomène très-simple et de tous les jours. Mais le grand air endurcit certaines pierres et on endurcit le fer par la trempe.

D'autre part, le simple énonce le genre d'effet produit sans l'exprimer, sans le décrire, sans en marquer les progrès et les phases, ainsi que le fait le composé. « Durcir signifie proprement rendre dur, et endurcir faire devenir dur; car celuici marque plus particulièrement le passage à un état de dureté. Comme il est ordinairement difficile de remarquer le passage dans les choses physiques, il faut d'ordinaire se servir de durcir dans le sens propre durcir le fer, le bois, etc. Ce n'est que dans le cas où ce passage peut s'observer que endurcir est préférable : la plante des pieds s'endurcit à force de marcher. » COND. «S'endurcir les genoux devant la Notre-Dame de Lo

BROUILLER, EMBROUILLER. Mettre pêle-mêle. Brouiller est seul d'usage au propre, il exprime l'idée commune d'une manière toute générale, et sans indiquer si le mélange est ou n'est pas avantageux: on brouille des œufs, des drogues, plusieurs vins ensemble.

Au figuré, les deux mots signifient mettre une confusion fâcheuse dans les affaires ou dans les idées. Mais d'abord brouiller s'emploie bien seul et sans complément. « Bucer ne fait que brouil ler.» Boss. « Ce terme de prochain n'avait été inventé que pour brouiller. » PASC.

Il (le distrait) cherche, il trouve, il brouille, il regarde sans voir. REGS. Embrouiller, au contraire, doit toujours être suivi du nom de la chose qui reçoit l'action.

Ensuite brouiller est absolu, et embrouiller relatif. L'un exprime le désordre en soi, objectivement, dans les choses; l'autre l'exprime par rapport à notre esprit qui ne peut plus distinguer, démêler les choses. Brouiller, c'est déranger simplement; embrouiller, c'est obscurcir les choses en les dérangeant, ou en les disposant d'une autre manière. On embrouille des questions, on ne les brouille pas. « Embrouiller les questions par des termes d'école. » PASC.

« On brouille des personnes, des papiers; et on ne les embrouille pas. On brouille et on embrouille des affaires, des idées, un discours, ce qu'il s'agit de comprendre et de savoir: on les brouille en y mettant le désordre; on les embrouille en y jetant de l'obscurité. Les affaires sont brouillées par la mésintelligence et la discorde; elles sont embrouillées à cause de la difficulté de les entendre et de les expliquer. Ce qui est brouillé n'est pas en ordre et d'accord; ce qui est embrouillé n'est pas net et clair. La confusion des choses brouillées est dans les rapports qu'elles ont entre elles; la confusion des choses embrouillées est dans la manière dont elles se présentent à notre esprit comme dans un brouillard. » ROUB.

D'un autre côté, brouiller, comme faire croire. marque moins d'action de la part du sujet, ou une action moins volontaire, moins expresse, une action qui peut même venir des choses. « Les termes enveloppés brouillent les idées différentes.>> Boss. « Un si grand nombre d'objets ne peut manquer de blesser et de brouiller l'imagination des enfants. » MAL. « Ce faible ménagement brouille en nous toute l'idée de première cause. » Boss. « La raison était faible et corrompue; et à mesure qu'on s'éloignait de l'origine des choses, les hommes brouillaient les idées qu'ils avaient reçues de leurs ancêtres. ID. — Mais embrouiller, comme faire accroire, indique une action faite par une personne, à dessein; il suppose presque toujours de l'invention et de l'artifice, et par suite plus de confusion ou une plus grande complication produite dans l'objet. « Les subtilités des hérétiques ont embrouillé le

sens véritable de cette parole. » Boss. « Est-ce | fermés, tant les Romains faisaient bonne garde ainsi qu'il faut parler dans un catéchisme à un pour fermer tous les passages. » ROLL. enfant, afin de lui embrouiller toutes ses idées?» ID. Il cherche dans ces passages de quoi embrouiller les esprits, et il n'épargne rien pour vous surprendre. » ID. « Les plaideurs ne manquent pas de former des contestations et des accusations inutiles, et d'embrouiller leur procès d'une infinité d'accessoires qui confondent le principal. MAL.

TRAINER, ENTRAINER. Mener ou faire venir de force.

Trainer exprime l'action ordinaire et à la manière ordinaire : des chevaux traînent une voiture, c'est-à-dire la tirent après eux. Entraîner désigne une action remarquable par l'effort du sujet et la résistance de l'objet, comme est celle d'un fleuve qui emporte quelque chose, non pas après soi, mais en soi, avec soi, dans son cours. « On traine en prison l'homme que l'on contraint; on y entraine celui qu'on y emporte, pour ainsi dire, malgré tous ses efforts. L'action de trainer demande sans doute souvent une force qui triomphe d'une résistance; elle est lente quelquefois. L'action d'entrainer demande une grande force qui triomphe de toute résistance; elle a un prompt ou un grand effet. Le ruisseau traîne du sable; le torrent entraîne tout ce qu'il rencontre. Des chevaux traînent un char: le char entraîne les chevaux dans une pente rapide. Vous vous traines pour arriver à une haute fortune, et d'un faite glissant le poids de votre fortune vous entraine.

ROUB.

Il vaut mieux dire enfermer que fermer une ville de murailles, à moins que ces murailles ne la couvrent qu'en partie et d'un seul côté. « Le roi de Prusse, habile en plus d'un genre, enferma de tous côtés la ville de Dresde. » VOLT. « Une grande muraille ferme la Chine au nord. » ACAD.

Enfermer est encore préférable quand il s'agit d'une manière extraordinaire de fermer. « Les ennemis se sont laissé enfermer entre deux rivières. » ACAD.

LEVER, ENLEVER. Ils expriment tous deux l'action de faire qu'une chose soit portée en haut.

Enlever se distingue de lever tout comme entraîner de traîner, c'est-à-dire par une idée accessoire de force ou de violence, ou bien quelquefois en ce qu'il signifie ne pas faire aller, mais faire venir en haut, emporter en haut avec soi: il y a des oiseaux de proie qui sont de force à enlever des moutons.

Lever et enlever veulent dire aussi ôter une chose qui est sur une autre; mais ce qu'on lève ne tient pas comme ce qu'on enlève : le chirurgien lève un appareil; on lève le couvercle d'une marmite; un rude froissement enlève la peau d'une partie du corps; enlever l'écorce d'un arbre.

PREFIXES EN ET É.

Enlever, élever.

ENLEVER, ÉLEVER. Lever, hausser avec effort et de manière à faire quitter la place.

Le second a rapport au point de départ et à la distance où on en est. Ce n'est pas proprement porter en haut, mais porter plus haut. On élève, mais on n'enlève pas plus ou moins.

PREFIXES EN ET AD.
Ennoblir, anoblir.

On traine ce qu'on ne peut pas porter; le simple indique donc le genre d'action. On entraîne ce qui ne veut pas aller; il y a donc bien dans le composé une circonstance remarquable, celle de l'effort, de la violence. Il y a des rivières qui trainent de l'or (ROLL.); les pluies violentes entrainent la bonne terre (ID.). Socrate n'allait jamais au théâtre que quand Alcibiade ou Critias l'y trainait malgré lui (ID.); Arsinoé, reine d'Égypte, après avoir vu massacrer dans ses bras ses deux fils sur l'ordre de Ptolémée Céraunus, fut entraînée hors de la ville et reléguée dans la Samothrace (ID.).—Le Tigre traîne de grosses pierres, Ce qui est ennobli est devenu noble en luiet les soldats d'Alexandre ayant voulu le traver-même, a acquis une noblesse tout intérieure, inser ne pouvaient se soutenir qu'à grand'peine à cause de l'impétuosité du courant qui les entraiwait ID.).

ENNOBLIR, ANOBLIR. Donner la noblesse ou de la noblesse.

trinsèque, essentielle, a gagné en valeur; celui qui est anobli a été ajouté ou agrégé à la classe des nobles, a reçu une distinction tout extérieure qui FERMER, ENFERMER. Entourer d'une bar- n'augmente pas la considération due à sa perriere. On ferme et on enferme un parc, un jar-sonne elle-même. « Ennoblir exprime un changedin, par exemple, de haies, de murailles ou de fossés.

Mais on les ferme, afin que l'accès n'en soit pas permis au public, afin qu'on n'y passe point; on les enferme, afin qu'ils soient fermés dedans, en sûreté, et à l'abri des voleurs et des animaux dévastateurs. Dans le premier cas, c'est comme si on bouchait une ouverture au moyen d'une porte; et, dans le second, comme si on serrait les objets en question dans un meuble que l'on ferme pour les mieux conserver. On ferme proprement un passage, on enferme des ennemis. « Les Carthaginois n'espéraient pas qu'on pût faire entrer de nouveaux vivres dans la ville où ils étaient en

ment d'état moral; anoblir un changement d'état social. Une belle action ennoblit; il y a des charges qui anoblissent. » Guiz.

« Ces sentiments vous ennoblissent à mes yeux.>> ACAD. « Nous enrichissons les autres animaux des biens naturels, et les leur renonçons, pour nous honorer et ennoblir des biens acquis.» MONTAIGN. a N'est-il pas juste que le Verbe de Dieu ayant pris la qualité de serviteur, que l'ayant ennoblie, l'ayant comme divinisée dans sa personne, elle soit honorée parmi nous? » BOURD. « La chair a été ennoblie (en J. C.), et non la divinité dégradée. » Boss. « L'Egypte n'oubliait rien pour polir l'esprit, ennoblir le cœur et fortifier le corps. »ID.

« Que n'ennoblissez-vous votre profession par la vertu qui les orne toutes?» MONTESQ. «La Reynie quitta un si pénible emploi (celui de lieutenant de police de Paris), qu'il avait le premier ennobli par l'équité, la modestie et le désintéressement. S. S. « Les termes les plus bas, employés à propos, s'ennoblissent. » VOLT.

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rière. On parcourt une carrière pénible, dangereuse, semée d'obstacles.

Courir est un mot purement formel, qui n'exprime pas, comme parcourir, un dessein arrêté.— « On parcourt toute la ville pour trouver une personne; on a couru toute la ville sans trouver une personne.» ACAD. Un navigateur parcourt les mers; un aventurier court les mers ou les campagnes. « Sertorius courait les mers, lorsque les Lusitaniens l'invitèrent à se mettre à leur tête. » COND.

VENIR, PARVENIR. Aller, se rendre d'un lieu à un autre.

Venir est le terme ordinaire, général, formel, absolu. Il se joint particulièrement bien aux mots qui déterminent l'époque et le mode de transport: quand et comment viendrez-vous? Parve

«Si un roi épouse une fille de basse extraction, elle devient reine; elle est anoblie par le mariage du prince, et sa noblesse passe à sa maison. » Boss. « Les officiers de la garnison furent dignement récompensés, et les soldats furent anoblis leur vie durant. » ID. « Je compte bien sur l'honneur d'être un jour agrégé à la noblesse. Mais M. Dorimon, un de nos plus riches financiers, vient d'être anobli d'une façon très-singulière. » LES.« Sur deux ou trois citoyens qui s'illustrent par des moyens honnêtes, mille coquins ano-nir, c'est venir par, à travers, difficilement, blissent tous les jours leur famille. » J. J. « Philippe II fut très-content de l'assassinat (du prince d'Orange): il récompensa la famille de Gérard: il lui accorda des lettres de noblesse pareilles à celles que Charles VII donna à la famille de la Pucelle d'Orléans, lettres par lesquelles le ventre anoblissait. » VOLT.

Ennoblir se dit très-rarement des personnes; anoblir ne se dit que des personnes.

PRÉFIXE PAR.

Courir, parcourir. Venir, parvenir. Faire,

parfaire. Semer, parsemer.

Par, latin per, à travers, marque l'occupation successive de différents points d'un espace placé entre deux termes, et par suite une action faite entièrement, de part en part, d'un bout à l'autre. Si à cette idée on ajoute celle qui résulte du rapport existant toujours entre les mots composés, quels qu'ils soient, et leurs primitifs, on arrivera sans peine à trouver la différence des synonymes suivants.

COURIR, PARCOURIR. Aller, se mouvoir dans un certain espace. Suivant l'Académie, on dit également j'ai couru et parcouru toute la ville; courir et parcourir une carrière.

lentement, et à quelque chose qu'on se propose plus expressément, à un but. « Pour parvenir à ce but, ils surent parfaitement conserver leurs alliés. » Boss.

Ces deux mots se prennent aussi presque avec les mêmes nuances distinctives dans le sens d'arriver, en parlant des choses. Venir se dit de ce qui arrive d'ordinaire, ou tout au moins de lui-même, sans avoir d'obstacles à surmonter. Après l'hiver vient le printemps. Quand vient le courrier? « Ces rois ont vécu dans une telle mollesse, qu'à peine leur nom est-il venu jusqu'à nous. » Boss. Une chose ne parvient qu'avec plus de peine et malgré des causes qui tendent à l'en empêcher. « La misère des pauvres parvient difficilement à l'oreille des rois. » COND. « C'est hier seulement que votre lettre m'est parvenue je dis parvenue, car ce n'est pas sans peine qu'on s'est déterminé à me l'envoyer. » Dudeff.

FAIRE, PARFAIRE. Exécuter, produire.

Parfaire est complétif; c'est faire d'un bout à l'autre, entièrement; de manière qu'il ne manque rien. Nous disons qu'un ouvrage est fait et parfait. En moins d'une heure, le dépouillement entier de la maison avait été fait et parfait. » LES. « Dieu pouvait par un seul trait de sa main, tracer son tableau, le dessiner et le parfaire. >> Boss.

Même différence entre achever et parachever. Affaire entièrement parachevée (S. S.), mariage entièrement parachevé (ID.). « Myrtis vit, avant que de mourir, le parachèvement de son vœu (temple élevé à Vénus). » LAF.

SEMER, PARSEMER. Suivant l'Académie, on dit également semer et parsemer un chemin de fleurs, c'est-à-dire y en répandre.

Mais courir garde sa valeur originelle, suivant laquelle il signifie aller vite et sans s'arrêter; il ne montre pas le sujet passant par les différents points intermédiaires d'un terme à l'autre.-Celui qui court toute la ville la traverse en grande hâte dans un ou deux sens. Celui qui la parcourt fait plus il ne va point avec cette rapidité, il visite tous les quartiers, s'enquiert et fait des recherches spéciales dans les lieux où il passe.-Dire d'un homme qu'il a couru toute la France, c'est faire entendre qu'il y a peu de lieux en France où il n'ait passé. Celui qui a parcouru toute la France en a exploré toutes les parties plus à loisir, et dans une intention spéciale, scientifique ou artis-d'airain (SCARR.). tique.

Mais le composé ajoute au sens du simple l'idée accessoire d'une grande abondance, d'une sorte de profusion, et c'est pourquoi on dit, tout par semé; un banc de pierre tout parsemé de coquilles (VOLT.), une porte toute parsemée de clous

Ce sont petits chemins tout parsemés de roses. MOL. On ne dit courir une carrière que dans un sens Un objet semé de certaines choses a de ces absolu, et quand il ne s'agit de déterminer ni sa choses, en a quelques-unes. Le caracal a les durée, ni ses difficultés, ni les événements qui oreilles semées de quelques poils argentés. » en ont signalé les diverses parties; on commence BUFF. « Des bords semés d'écueils.» FÉN. « On à parcourir ou on achève de parcourir une car-s'assit sur l'herbe semée de violettes. » ID. — Un

objet parsemé de certaines choses a de ces cho- | chose elle-même; ôtez-en le promoteur, vous ne ses en grande quantité, en est tout couvert. « Les la supprimez pas, vous en empêchez seulement environs étaient parsemés de mille sortes de fleurs l'accroissement et le progrès. Le moteur est pluqui parfumaient l'air. » LES. « Dans les fleurs, tôt l'auteur et le soutien essentiel; aussi dit-on quelle profusion d'or, de perles, de diamants souvent le premier moteur. Le promoteur est parsemés avec tant d'art sur un fond si fin! » P. A. plutôt celui qui fait croître, valoir ou prospérer, Voltaire dit en parlant de l'Héraclius de Cal- et, au lieu d'être l'auteur lui-même, on l'oppose déron : « L'énorme démence de cette pièce n'em- très-bien à l'auteur. « Il n'est plus le fondateur de pêche pas qu'elle ne soit semée de plusieurs mor- cet établissement, l'auteur de cette entreprise, il ceaux éloquents et de quelques traits de la plus n'en est que le promoteur. » ACAD. « Saint Augrande beauté. Et ailleurs, au sujet d'un poëme gustin est le premier auteur de ce raisonnement; latin intitulé Sarcotis: « On fut surpris du grand le P. Malebranche en a été le promoteur. » P. A. nombre de très-beaux vers dont la Sarcotis était Le moteur donne la vie; et le promoteur, la vogue. parsemée. »

PREFIXE PER.

Cette particule initiale est la précédente sous sa forme latine; elle en a tout à fait la signification.

PREFIXES PER ET RE.

Percevoir, recevoir. PERCEVOIR, RECEVOIR. Recueillir ou toucher des revenus, des droits, des impôts. La racine commune est capere, prendre.

Percevoir représente l'action générale comme composée d'actions partielles par chacune desquelles il faut passer; ce mot donne l'idée de plusieurs opérations, de plusieurs démarches successives qu'on est obligé de faire, et, partant, d'un soin particulier, d'une part considérable prise à l'action. Recevoir, rursus capere, c'est toucher ce qui est dû, le prendre des mains de ceux qui se présentent pour l'acquitter. Le percepteur est un homme toujours en mouvement pour faire venir ce qu'on n'est pas pressé d'apporter et pour aller quelquefois le chercher. Le receveur est là simplement qui attend ce qu'on lui apporte et qui vérifie si on lui apporte assez.

PRÉFIXE PRO.

Moteur, promoteur.

Particule française, latine et grecque, qui, dans ces deux dernières langues, est d'abord préposition et signifie, devant, en avant. Dans les mots composés dont elle fait partie, elle garde le même sens; elle indique l'action de mettre devant, en avant, quelquefois en tirant dehors, et elle a une grande analogie avec l'adverbe grec et latin porro, en avant, au loin proficere, s'avancer, porro facere, agir en avant; prospicere, porro spicere, voir devant soi, dans le lointain.

MOTEUR, PROMOTEUR. Celui qui donne le mouvement à une chose, celui par qui elle va. Moteur, de movere, mouvoir; promoteur, de pro movere, mouvoir ou pousser en avant, étendre. Le moteur d'une affaire en est l'âme; sans lui elle n'irait point du tout le promoteur en est le propagateur; sans lui elle ne prendrait ni développement ni extension.

Otez le moteur d'une chose, vous supprimez la

D'autre part, le moteur peut être caché ou l'âme de choses secrètes, d'une intrigue, d'une conjuration; le promoteur est en évidence, ou il est à la tête de choses qui se produisent, qui paraissent au dehors, qui éclatent. «ll est le moteur secret de ces intrigues. » ACAD. « Il fut le promoteur de la guerre, de cette querelle, de la réforme. » ACAD. Oh! si je connaissais ceux qui commandent ces écrits, voici ce que j'oserais dire à ces moteurs cachés. » BEAUM. « On s'obstine à voir en moi un promoteur de bouleversements et de troubles..» J. J.

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PREFIXES PRO ET É.

Prononcer, énoncer.

PRONONCER, ÉNONCER. Exprimer ses idées par le discours d'une manière plus ou moins nette.

Pro signifie devant, en avant, en public. On prononce donc comme on profère, comme on proclame, comme on professe, comme on proteste, en public, devant le monde ou devant des auditeurs, hautement. E ou ex signifie hors de et a rapport au point de départ, c'est-à-dire ici à la pensée. On énonce donc en exposant plus ou moins bien ce qu'on a dans l'esprit. Prononcer regarde le dehors, et énoncer le dedans : on prononce clairement, quand on est entendu de toute l'assemblée, de toutes les parties de la salle; on énonce clairement quand on fait bien connaître ce qu'on conçoit. Tel ne sera jamais orateur, parce qu'il a la prononciation mauvaise et l'énonciation confuse. Dans la sentence que j'ai entendu prononcer j'ai mal saisi ce qui était énoncé par le premier article.

PREFIXES PRO ET AD.

Prolonger, allonger. Protester, attester. PROLONGER, ALLONGER. Rendre plus long. Allonger, ad longare, modifier la longueur en y ajoutant. Prolonger est le même mot, sauf la première syllabe pro, du greс noppo, en avant, au loin; c'est faire aller au delà, pousser en avant. Ces mots, quoique l'un se dise ordinairement des objets et l'autre du temps, sont synonymes et quand on les applique aux choses étendues et quand on les applique à la durée.

1° Allonger ne se dit que des objets qu'on rend plus longs. Prolonger est un mot abstrait qui ne se dit que d'une portion de l'étendue qu'on continue. On allonge et on ne prolonge pas une table,

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