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repoussés du territoire français, où ils ne conservèrent plus que pour quelques jours seulement le fort Louis ou de Vauban, tandis que les Français, en terminant honorablement cette campagne, réoccupaient déjà une partie du Palatinat. »

Armées des Alpes et d'Italie. Les rapports établis de ce côté, entre la guerre civile et la guerre étrangère, doivent faire considérer la prise de Lyon et celle de Toulon comme les deux événemens qui y décidèrent le sort de nos armes. Ce furent deux victoires remportées plus encore sur les Piémontais, sur les Anglais et sur les Espagnols, que sur les fédéralistes. Lorsque Toulon eut été reconquis, l'armée des Alpes resta entièrement mattresse du Mont-Blanc; ceile d'Italie (Alpes maritimes) avait terminé la campagne, le 24 novembre ( 4 frimaire), en battant les Autrichiens à Castel Gineste, et en leur enlevant trois camps et le poste de Figaretto. Le général de brigade Masséna commença sa réputation au combat de Castel-Gineste.

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Armée des Pyrénées occidentales. Cette armée, commandée tour à tour par Servan, d'Elbecq, Desprès-Crassier et Muller, s'était bornée à la défensive pendant toute la campagne. Les renforts considérables arrivés en novembre sur cette frontière permirent de suivre l'idée émise par Servan, et qui consistait à poster l'armée le plus près possible de la Bidassoa, afin de resserrer l'espace livré aux incursions des Espagnols. Dans la nuit du 10 au 11 novembre (20 au 21 brumaire), trois bataillons se retranchèrent sur la colline de l'ermitage de SainteAnne, à seize cents toises de la Bidassoa. Cette position domine par la droite tout le terrein qui s'étend jusqu'à la mer; la gauche en est défendue par un profond ravin; ses derrières communiquent avec Saint-Jean-de-Luz. Ces travaux ne furent point interrompus par les Espagnols. En peu de temps des redoutes formidables protégèrent le camp français, où les troupes hivernèrent dans des baraques en bois.

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Armée des Pyrénées orientales. Successivement confiée aux généraux Deflers, Pujet-Barbantane, Dagobert, Daoust, Thureau et Doppet, cette armée avait eu à soutenir une campagne

NOVEMBRE, 1793 AU 7 MAI 1794. plus rude et plus disputée que celle dont nous venons de parler. Le commandement de Deflers avait été marqué par la capitulation de Bellegarde (26 juin), et par la prise de Ville-Franche tombée aux mains des Espagnols, le 4 août. Après quelques succès, mêlés de revers, Barbantane se laisse battre le 8 septembre près de Rivesaltes, qui demeura au pouvoir de l'ennemi. Dagobert et Daoust conduisirent cette guerre avec plus de bonheur. Vainqueur à Peirestortes, le 18 septembre, Daoust fut promu au grade de général en chef, le 22 du même mois. Dagobert resta général divisionnaire, et ses progrès, dans les deux Cerdagnes et en Catalogne, alarmèrent les Espagnols. Huit mille hommes furent détachés par eux de leur armée devant Bayonne, et réunis à celle des Pyrénées orientales. Thureau obtint alors le commandement des troupes françaises, fortes de quarante mille hommes environ. Il résolut immédiatement une attaque sur Montesquiou, tentée inutilement le 3, et le 4 octobre elle fut stérile comme la première. Les auteurs du Tableau historique terminent ainsi le récit de la campagne :

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« Les Français, repoussés à Montesquiou, furent plus heureux sur leur droite, à Maureillas, d'où ils s'avancèrent vers Céret, et livrèrent à Palanda, près du Fort-des-Bains, un combat à un corps d'émigrés qui fut mis en fuite.

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» Les commissaires de la Convention nationale voulurent qu'on tentât une expédition sur Roses. On n'avait cependant rien à opposer à la flotte espagnole qui croisait dans ces parages, et le pays était entièrement soulevé contre les républicains. Le 28 octobre (7 brumaire), les colonnes se mirent en mouvement. La première, marchant par la droite, s'empara d'abord de Canteloupe et de Vilotori; le lendemain elle marcha sur Espolla, et fut repoussée à moitié chemin. La seconde colonne marchant par la gauche, sous les ordres du général de Latre, se dirigea sur douze ou quinze cents Espagnols qui occupaient les hauteurs et le col de Bagnols-sur-Mer. Le 5 novembre (15 brumaire), il les joignit, les attaqua, les débusqua de tous les postes avancés, et les poursuivit jusqu'à leurs derniers retranchemens, d'où ils

sortirent pendant la nuit, pour se retirer dans leur camp d'Espolla, après avoir abandonné leur artillerie, leurs munitions de guerre et de bouche et leurs effets de campement aux Français, qui vinrent prendre poste à la Sera, à demi-lieue des limites de France.

» Le 9 (19 brumaire), on voulut tenter l'attaque du camp d'Espolla; mais n'ayant pu réussir à l'entamer, l'expédition de Roses se trouva manquée, et l'armée se concentra sur les hauteurs, depuis Céret jusqu'à Ville-Longue.

» Le général Doppet vint alors remplacer le général Thureau. Quelques jours après, les Espagnols s'emparèrent de Saint-Féréol et s'y retranchèrent; ils furent repoussés le 1er décembre (11 frimaire) à Ville-Longue.

› Le 3, à cinq heures du matin, ils se portèrent sur les deux camps des Alberas, s'emparèrent, vers la droite des Français, des postes de Saint-Pedro et de Fourques ; ils furent repoussés vers le centre, et le lendemain les Français reprirent Fourques et Saint-Pedro.

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» Le 6, les Espagnols attaquèrent le col de Bagnols, NotreDame-des-Abeilles et un autre camp en avant de ce poste: ils furent repoussés partout avec perte, et marchèrent néanmoins contre le camp de Ville-Longue, l'attaquèrent sur tous les points, en chassèrent les Français, qui furent mis dans une entière déroute par un corps de cavalerie qui s'était porté entre le camp et le Tec, et ne leur permit de se rallier qu'entre Elne et Argelès; ce qui laissa aux Espagnols la liberté de camper derrière la Roque et Saint-Genis.

› Le 12 décembre (22 frimaire), le général espagnol Courten avait rassemblé à Ilança un corps assez considérable pour forcer le col de Bagnols et les autres, qui pouvaient donner aux Espagnols la faculté de marcher sur Port-Vendre et Colioure. Ce corps, divisé en six colonnes, franchit tous les obstacles le 14 décembre (24 frimaire), et se rendit maître du col de Bagnols et des autres qui l'avoisinent."

› Le 19 décembre (29 frimaire), deux colonnes françaises

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passèrent le Tec à Bruilla, au-dessous de Boulou ; celle de droite, aux ordres du général Fauvel, laissant Saint-Genis sur sa gauche, se dirigea sur Ville-Longue; celle de la gauche, aux ordres du général la Terrade, marcha droit à l'ennemi, qui fut forcé dans son camp de la Roque, d'où les Français se retirèrent après en avoir détruit les retranchemens et emporté beaucoup d'effets.

› La fin de cette campagne ne fut plus qu'une suite de revers pour la France. Le 22 décembre (2 nivôse), le fort Saint-Elme, Colioure et Port-Vendre furent rendus au corps ennemi qui les resserrait.

› Six mille Portugais étaient venus augmenter l'armée espagnole, qui, dès les cinq heures du matin, le 24 décembre (4 nivôse), attaqua l'armée française: le choc commença par le centre. Une colonne de cavalerie espagnole se porta par Ortaffa à la rive gauche du Tec, sur les hauteurs de la petite rivière de Reart, où elle fut repoussée; mais la droite de l'armée française, qui venait d'être forcée, s'étant jetée sur le centre, la gauche du t céder au grand nombre; l'armée républicaine fut alors dans une déroute complète, quelque effort que pût faire pour la rallier et la ramener au combat le commissaire de la Convention, Fabre, qui trouva une mort glorieuse dans les rangs de l'eunemi. Les Français furent obligés de rentrer dans leur camp de l'Union, occupant une ligne qui passait par Cabestani, Perpignan, Toulouges et Thuir. Les Espagnols s'établirent dans la direction de Colioure à Pratz-de-Mollo, occupant Saint-Luc et Saint-Féréol, en avant de Boulou. (Tableau historique, t. II, p. 379-381.) (Vendée. Après leur passage sur la rive droite de la Loire 19 octobre), les Vendéens semblaient dans une situation désespérée. Ils entraient dans un pays étranger pour eux; ils n'avaient ni vivres, ni munitions, ni place. Laroche-Jacquelin était le seul chef qui leur restât; la plupart des autres, mis hors de combat dans les dernières défaites, ne pouvaient ni commander, ni agir. Cependant ils devaient obtenir encore de nombreux succès, et disputer quelque temps le dénoûment fatal de cette

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guerre. Ils commencèrent par s'emparer de vive force de Varades, près d'Ancenis. Ingrande, Segré, Candé, Château-Gontier tombèrent ensuite entre leurs mains. Cinq à six mille gardes nationaux, que le tocsin avait réunis, entreprirent en vain de défendre les approches de Laval (22 octobre). Trente mille royalistes, conduits par Laroche-Jacquelin, culbutèrent en un instant cette faible poignée de républicains, et pénétrèrent dans la ville qui resta en leur pouvoir. Ils firent fusiller immédiatement tous les patriotes qu'ils purent saisir. La prise de cette place détermina l'insurrection de tous les mécontens des environs, et les Vendéens furent joints par cinq ou six mille Bretons, troupe qui porta depuis le nom de La petite Vendée. Le 2 novembre (12 brumaire), Laroche-Jacquelin, vainqueur à Ernée, marcha aussitôt sur Fougères qu'il emporta le 3 (13). Dol et Avranches lui ouvrirent leurs portes. Ce fut à la suite de ces revers que général républicain Lechelle mourut à Nantes d'empoisonnement volontaire, selon la croyance générale de l'époque. Ce suicide fut démenti par Carrier, devant la Convention, le 21 février (1er ventôse) 1794; il déclara que Léchelle était mort de chagrin presque entre ses bras. »

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Lorsque les Vendéens se furent relevés du désastre de SaintFlorent, par l'heureuse issue de quatre batailles consécutives, ils songèrent à s'assurer une place maritime, afin de pouvoir ouvrir le territoire aux Anglais. Un grand armement était préparé dans les ports d'Angleterre; on avait formé en corps les Français émigrés; on annonçait enfin des efforts et des secours, promesses dont le résultat ne put être apprécié que plus tard à Quiberon. Si les Anglais, encore maîtres de Toulon, avaient réussi à occuper un point quelconque de nos côtes occidentales, comment calculer les conséquences d'un pareil événement ! On sait que le pouvoir conventionnel était à la veille de changer de mains, si la prise de Toulon eût tarde de quelques jours. Nul doute que la perte d'un port sur l'Océan n'eût entraîné à l'instant même la ruine des dictateurs, c'est-à-dire l'anarchie, la contrerévolution et l'invasion. Ce malheur ne fut évité que par la dé

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