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a auffi ajoûté que les Thébains leur ayant rendu des honneurs divins comme à des héros, tout indignes qu'ils en étoient, dans le tems qu'on brûloit les victimes qu'on leur offroit, la flamme & la fumée fe féparoient visiblement. On ne doit pas oublier qu'Evadné, femme de Capanée, ne voulut pas lui furvivre, & qu'étant montée fur un rocher au pied duquel on brûloit le corps de fon mari, elle fe jetta au milieu des flammes, & mêla ainfi fes cendres avec les fiennes.

Laodamas, après la mort de Créon, prit poffeffion du thrône, & ne s'y maintint pas long-tems. Dix ans après la premiére guerre de Thébes, les enfans des fept Chefs entreprirent de venger leurs peres, & vinrent attaquer les Thébains fous la conduite d'Alcméon, fils d'Amphiaraus. Les deux armées s'étang rencontrées, en vinrent aux mains fur les bords d'une petite riviére nommée Gliffante. Les Thébains commandés par Laodamas perdirent la bataille, & la plupart des fuyards s'étant jetté dans Thèbes, y furent forcés par les vainqueurs. Laodamas

ayant

ayant échapé à leur poursuite, s'enfuit en Illyrie, & Therfandre, fils de Polynice, fut mis fur le thrône de Thébes. Il époufa Démonaffe fille d'Amphiaraus, & en eut Tifaméne qui lui fuccéda; mais cette famille ne ceffa point d'être perfécutée par les Furies attachées au malheureux fang d'Oedipe. Autefion, fils de Tifaméne, fut obligé d'abdiquer la couronne & de fe réfugier chez les Doriens; & les Thébains las d'obéir à des Princes toujours en butte au courroux des Dieux, changerent en République la forme de leur gouver

nement.

ARTICLE XIII.

PELOPS ET SES ENFANS.

LA FAMILLE de Pélops a fourni aux anciens Poëtes, par les défaftres qu'elle a effuyés, un grand nombre de fujetsde Tragédies, c'est-à-dire, de fujets propres à exciter la terreur & la pitié, ce qui étoit l'unique but qu'on fe propofoit au théatre,& dont on n'eût ofé s'écarter, fans s'expofer II. Partie. * Mm

aux huées des fpectateurs. On attribuoit les malheurs de cette famille à l'impiété de Tantale, Roi de Phrygie, pere de Pélops & de l'infortunée Niobé. On conte que les Dieux visitant la terre, arrivérent un jour chez ce Prince, & y reçûrent l'hofpitalité; mais que dans le repas qu'il leur donna, il leur fit fervir, parmi d'autres mets, le corps de fon fils Pélops coupé par morceaux, & déguifé de maniére que Cérès y fut trompée, & mangea l'épaule gauche de l'enfant ; que les autres Dieux ayant reconnu le crime, en eurent tant d'horreur, qu'ils précipitérent dans les enfers ce pere barbare, & le condamnerent à une faim & à une foif éternelles;qu'ils rendirent la vie au jeune Pélops, & lui mirent une épaule d'ivoire en la place de celle que Cérès avoit mangée. D'autres ont dit que Tantale, qui étoit fils de Jupiter, ayant été admis à la table des Dieux, y vola le Nectar & l'Ambrofie , pour en faire part aux hommes, & leur révéla de plus les fecrets de la Cour célefte; que pour le punir dans les enfers d'u ne indifcrétion fi criminelle & si hon

teuse, les Dieux fufpendirent fur fa tête un rocher qui, paroiffant toûjours prêt à l'écrafer, le tenoit dans des tranfes continuelles.

Lorfque Pélops fut en âge de fe connoître,il abandonna le lieu de fa naiffance, foit qu'il n'en pût foûtenir la vûe, à caufe du cruel traitement qu'il y avoit fouffert, foit qu'il y eût été forcé par Ilus,Roi de Troye,& neveu de Ganymede, que Tantale avoit enlevé,& dont il avoit causé la mort. Il paffa dans l'Elide auprès d'Oenomaus, Roi de Pife & pere de la belle Hippodamie. Cette Princeffe fille unique & héritière d'un grand Etat, étoit tout à la fois l'objet de l'amour & de l'ambition des Princes du voifinage; mais Oenomaüs averti par un oracle, qu'il périroit par les artifices de fon gendre, mit fa fille à fi haut prix, qu'il étoit prefque impoffible d'y atteindre. Oenomaüs excelloit dans l'art de conduire un char, & même paffoit pour en être l'inventeur. Il avoit des chevaux qu'on difoit engendrés par le vent, & dont la viteffe étoit incroyable. Il ne voulut promettre fa fille qu'à celui qui le

vaincroit à la courfe des chars, & la mort devoit être le prix de celui qui feroit vaincu. Déja Oenomaüs avoit fait mourir treize des prétendans au mariage de fa fille, lorfque Pélops arriva dans l'Elide. A la vûe d'Hippodamie, il conçut pour elle une fi violente paffion, que le défir de la pofféder prévalut fur la confidération du danger qu'il alloit courir, & il fe mit fur les rangs, au hazard de périr pour une fi belle cause. Il ne pouvoit compter fur la fupériorité de fes chevaux, quoiqu'ils lui euffent été donnés par Neptune qui le protégeoit, & cette réflexion lui fit imaginer une rufe qui lui réuffit. Il tenta la fidélité de Myrtile, Ecuyer d'Oenomaüs, par la promeffe d'une récompenfe proportionnée au fervice qu'il lui rendroit ; il le gagna en effet, & ce traître convint avec Pélops, qu'il mettroit au char d'Oenomaus un effieu de mauvais bois, qui fe romproit avant qu'on fût à la fin de la carriére; que pour plus de fûreté, il placeroit la cheville qui arrête les roues, de maniére que les foubrefauts du char la feroient fauter

&

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