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qui époufa Echion, vit déchirer par les Bacchantes fon fils Penthée; Au tonoé, femme d'Ariftée, eut la dou-leur de voir Actéon fon fils dévoré

par fes propres chiens ; & Sémélé pour avoir voulu voir Jupiter dans toute fa gloire, fut confumée par la foudre. On ne s'arrête pas ici furces articles, pour ne pas repéter ce qui a été dit ailleurs..

Cadmus, après un long regne, fut chaffé de Thébes par Amphion & Zéthus, & obligé de fe retireravec fa femme en Illyrie. L'état mi-férable où ils fe trouverent, excita. la compaffion des Dieux, & ils les changerent tous deux en ferpens...

ARTICLE XI.

AMP HION ET ZETHUS.

ICUS

Lycus regnoit dans toute la Boeotie, lorfque Cadmus y vint fonder la ville de Thébes. Il avoit époufé Antiope, fille du Fleuve Afope ou de Nycteüs, dont Neptune paffoit pour être le pere, & l'avoit répudiée fur Les foupçons qu'il avoit eus de fas

conduite, pour époufer la Nymphe Dircé. Cette feconde femme crai gnant que fon mari ne reprît Antiope, l'enferma dans une étroite prifon, & lui fit fouffrir les plus cruels traitemens. Jupiter eut pitié d'elle, & lui ayant procuré les moyens de rompre fes fers, elle fe retira fur le mont Cythéron, où elle accoucha de deux enfans jumeaux, & l'on publia qu'ils étoient fils de Jupiter. Il furent nourris & élevés avec beaucoup de foin par des bergers de la contrée, qui les nommerent Amphion & Zéthus. Ils fe firent connoître de bonne heure par leur courage & par leurs talens ; & lorfqu'ils furent en âge de venger leur mere des outrages de Dircé, ils fe faifirent d'elle & l'attacherent à la queue d'un taureau furieux, qui la traîna au travers des rochers, & la mit en piéces. Elle refpiroit encore, lorfque Bacchus touché de compaffion, la changea en une fontaine qui conferva fon nom. Amphion & Zéthus ne bornerent pas leur vengeance au fupplice de Dircé ; ils tuerent Lycus, & s'emparerent du Royau

me

me de Boeotie. Lorfqu'ils s'y furent établis, ils fongerent à former un parti contre Cadmus, & le chafferent de la ville de Thébes. Peu de tems après, les deux freres fe féparerent Zéthus dont l'humeur étoit fombre & mélancolique affligé d'ailleurs d'avoir perdu fon fils nommé Itylus, que fa propre mere avoit tué imprudemment, fe retira dans une folitude écartée, où il mourut de chagrin: fa femme de fon côté toûjours occupée de fes regrets, excita par fes plaintes la pitié des Dieux, & fut changée en chardonneret. Amphion poffédoit fouverainement le talent de la mufique, & par conféquent celui de la poëfie; car ces deux arts n'étoient point alors féparés. Il avoit été inftruit par Mercure; & ce Dieu lui avoit fait préfent d'une lyre à fept cordes qu'il avoit, dit-on, compofée de deux écailles de tortue, ou qui avoit la forme de cet animal. Tous les Poëtes ont célébré à l'envi les merveilles qu'opéra cette lyre fous les doigts d'Amphion. Il réfolut d'environner la ville de Thébes de II. Partie. *Kk

fortes murailles. Au défaut d'ouvriers capables d'exécuter fon projet, il fe fervit de fa lyre, & en tira des fons fi harmonieux & fi touchans, que les pierres devenues fenfibles, se mirent en mouvement, & vinrent d'elles-mêmes fe placer les unes fur les autres, dans une admirable proportion. Cette hyperbole, figure favorite des Poëtes, fignifie qu'Amphion, par les charmes de fon éloquence, perfuada aux Thébains de concourir, pour leur défense commune, à fermer leur ville de murs, & à bâtir une citadelle qui les garantît des ennemis du dehors & du dedans. Il avoit époufé Niobé, fille de Tantale Roi de Phrygie, & foeur de Pélops, avec qui elle étoit paffée dans le Péloponnèfe. On peut voir dans l'hiftoire d'Apollon les malheu reuses aventures de cette Princesse, & la mort de tous fes enfans qui furent les victimes de la colère de Diane & d'Apollon; ou plûtôt qui périrent par la pefte qui défola le pays.

ARTICLE XII.

DIPE ET SES ENFANS.

POLYDORE, fils de Cadmus, avoit épousé une fille de Lycus; il en eut un fils nommé Labdacus; & l'un & l'autre firent de vains efforts pour recouvrer le Royaume de Thébes, dont Amphion & Zéthus s'étoient emparés. Après la mort de ces deux freres, & la destruction de toute leur famille, Laïus, fils de Labdacus, fut rappellé par les Thébains. Il é poufa Jocafte, fille de Créon, l'un des principaux Seigneurs de Thébes; & quelque tems après fon mariage, ayant appris de l'Oracle d'Apollon, qu'il périroit de la main d'un fils qui lui naîtroit, il réfolut de n'en point élever, & crut par ce moyen détourner l'effet de la prédiction. Cependant fa femme accoucha d'un fils, & Laïus au moment de fa naiffance, chargea un domestique, dont la fidélité lui étoit affûrée, de le faire mourir. Ce domeftique ne pur fe réfoudre à exécuter un ordre fi

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