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seule édition estimée

LE GÉNIE

DU

CHRISTIANISME

TOME PREMIER

Édition Pourrat frères

PARIS

LIBRAIRIE DE GENNEQUIN AINE

6, RUE GIT-LE-COBUR, 6

1858

KF7198

HARVARD

UNIVERSITY LIBRARY

46*306

PRÉFACE.'

ORSQUE le Génie du Christianisme parut, la France sortoit du chaos révolutionnaire; tous les éléments de la société étoient confondus la terrible main qui commençoit à les séparer n'avoit point encore achevé son ouvrage; l'ordre n'étoit point encore sorti du despotisme et de la gloire.

:

Ce fut donc, pour ainsi dire, au milieu des débris de nos temples que je publiai le Génie du Christianisme, pour rappeler dans ces temples les pompes du culte et les serviteurs. des autels. Saint-Denis étoit abandonné : le moment n'étoit pas venu où Buonaparte devoit se souvenir qu'il lui falloit un tombeau; il lui eût été difficile de deviner le lieu où la Providence avoit marqué le sien. Partout on voyoit des restes d'églises et de monastères l'on achevoit de démolir : c'étoit même une sorte d'amusement d'aller se promener dans ces ruines.

que

Cette Préface a été composée pour l'édition de 1828.

GÉNIE DU CHRIST. T. I.

Si les critiques du temps, les journaux, les pamphlets, les livres, n'attestoient l'effet du Génie du Christianisme, il ne me conviendroit pas d'en parler; mais n'ayant jamais rien rapporté à moi-même, ne m'étant jamais considéré que dans mes relations générales avec les destinées de mon pays, je suis obligé de reconnoître des faits qui ne sont contestés de personne : ils ont pu être différemment jugés; leur existence n'en est pas moins avérée.

La littérature se teignit en partie des couleurs du Génie du Christianisme: des écrivains me firent l'honneur d'imiter les phrases de René et d'Atala, de même que la chaire emprunta et emprunte encore tous les jours ce que j'ai dit des cérémonies, des missions et des bienfaits du christianisine.

Les fidèles se crurent sauvés par l'apparition d'un livre qui répondoit si bien à leurs dispositions intérieures on avoit alors un besoin de foi, une avidité de consolations religieuses, qui venoit de la privation même de ces consolations depuis longues années. Que de force surnaturelle à demander pour tant d'adversités subies! Combien de familles mutilées avoient à chercher auprès du Père des

hommes les enfants qu'elles avoient perdus! Combien de cœurs brisés, combien d'âmes devenues solitaires, appeloient une main divine pour les guérir! On se précipitoit dans la maison de Dieu comme on entre dans la maison du médecin le jour d'une contagion. Les victimes de nos troubles (et que de sortes de victimes!) se sauvoient à l'autel, de même que les naufragés s'attachent au rocher sur lequel ils cherchent leur salut.

Rempli des souvenirs de nos antiques mœurs, de la gloire et des monuments de nos rois, le Génie du Christianisme respiroit l'ancienne monarchie tout entière : l'héritier légitime étoit pour ainsi dire caché au fond du sanctuaire dont je soulevois le voile, et la couronne de saint Louis suspendue au-dessus de l'autel du Dieu de saint Louis. Les François apprirent à porter avec regret leur regard sur le passé; les voies de l'avenir furent preparées, et des espérances presque éteintes se ranimèrent.

Buonaparte, qui désiroit alors fonder sa puissance sur la première base de la société, et qui venoit de faire des arrangements avec la cour de Rome, ne mit aucun obstacle à la

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