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l'Anglais, maître absolu de ces contrées, peut-il voir toutes ces horreurs sans y mettre ordre? Il pleure peut-être sur les búchers, mais pourquoi ne les éteint-il pas ? Les ordres sévères, les mesures de rigueurs, les exécutions terribles, ont été employés par le gouvernement; mais pourquoi ? toujours pour augmenter ou défendre le pouvoir jamais pour étouffer ces horribles coutumes. On dirait que les glaces de la philosophie ont éteint dans son cœur cette soif de l'ordre qui opère les plus grands changements, en dépit des plus grands obstacles; ou que le despotisme des nations libres, le plus terrible de tous, méprise trop ses esclaves pour se donner la peine de les rendre meilleurs.

Mais d'abord il me semble qu'on peut faire une supposition plus honorable, et par cela seul plus vraisemblable: C'est qu'il est absolument impossible de vaincre sur ce point le préjugé obstiné des Indous, et qu'en voulant abolir par l'autorité ces usages atroces, on n'aboutirait qu'à la compromettre, sans fruit pour l'humanité (1),

(1) Il serait injuste néanmoins de ne pas observer que, dans les parties de l'Inde soumises à un sceptre catholique, le bûcher des venves a disparu. Telle est la force cachée et admirable de la véritable

Je vois d'ailleurs un grand problème à résoudre ces sacrifices atroces qui nous révoltent si justement ne seraient-ils point bons, ou du moins nécessaires dans l'Inde? Au moyen de cette institution terrible, la vie d'un époux se trouve sous la garde incorruptible de ses femmes et de tout ce qui s'intéresse à elles. Dans le pays des révolutions, des

vengeances, des crimes vils et ténébreux, qu'arriverait-il si les femmes n'avaient matériellement rien à perdre par la mort de leurs époux, et si elles n'y voyaient que le droit d'en acquérir un autre ? Croirons-nous que les législateurs antiques, qui furent tous des hommes prodigieux, n'aient pas eu dans ces contrées des raisons particulières et puissantes pour établir de tels usages? Croironsnous même que ces usages aient pu s'établir par des moyens purement humains? Toutes les législations antiques méprisent les femles dégradent, les gênent, les mal

mes,

traitent plus ou moins.

La femme, dit la loi de Menu, est pro

loi de grâce. Mais l'Angleterre qui laisse brûler par milliers des femmes innocentes sous un empire certainement très doux et très humain, reproche cependant très sérieusement au Portugal les arrêts de son inquisition, c'est-à-dire quelques gouttes de sang coupable versées de loin en loin par la loi. EJICE PRIMÒ TRABEM, etc.

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tégée par son père dans l'enfance, par son mari dans la jeunesse, et par son fils dans la vieillesse ; jamais elle n'est propre à l'état d'indépendance. La fougue indomptable du tempérament, l'inconstance du caractère l'absence de toute affection permanente, et la perversité naturelle qui distingue les femmes, ne manqueront jamais, malgré toutes les précautions imaginables, de les détacher en peu de temps de leurs maris (1).

сс

Platon veut que les lois ne perdent pas les femmes de vue, même un instant : « Car, dit-il, si cet article est mal ordonné, elles ne sont plus la moitié du genre hu<<< main; elles sont plus de la moitié, et « autant de fois plus de la moitié, qu'elles «ont de fois moins de vertu que nous (2),»

сс

Qui ne connaît l'incroyable esclavage des femmes à Athènes, où elles étaient assujetties à une interminable tutelle; où, à la mort d'un père qui ne laissait qu'une fille mariée, le plus proche parent de nom avait

(1) Lois de Menu, fils de Brahma, trad. par le chev. William Jones. Works, tom. III, chap. xi, no 3, p. 335, 337.

(1) Plat. de Leg. VI, opp. tom. VIII, p. 310,- ibi — Όσω δὲ ἡ θήλεια ἡμῖν φύσις πρὸς ἀρητὴν χείρων τῆς ἄρρενων, τοσούτῳ διαφέρει πρὸς τὸ πλέον ἢ διαπλάσιον

droit de l'enlever à son mari et d'en faire sa femme; où un mari pouvait léguer la sienne, comme une portion de sa propriété, à tout individu qu'il lui plaisait de choisir pour son successeur, etc. (1)?

Qui ne connaît encore les duretés de la loi romaine envers les femmes ? On dirait que, par rapport au second sexe, les instituteurs des nations avaient tous été à l'école d'Hypocrate, qui le croyait mauvais dans son essence même. La femme, dit-il, est perverse par nature: son penchant doit être journellement réprimé, autrement il pousse en tout sens, comme les branches d'un arbre. Si le mari est absent, des parents ne suffisent point pour le garder: il faut un ami dont le zèle ne soit point aveuglé par l'affection (2).

Toutes les législations en un mot ont pris des précautions plus ou moins sévères contre les femmes; de nos jours encore elles sont esclaves sous l'Alcoran, et bêtes de somme

(1) La mère de Démosthènes avait été léguée ainsi, et la formule de cette disposition nous a été conservée dans le discours contre Stéphanus. (Voy. les Commentaires sur les plaidoyers d'Isœus, par le chev. Jones dans ses œuvres, tom. III, in-4o, pag. 210-214.)

(2) Hippocr., opp., cit. Van der Linden, in-8°, tom. H, p. 911. ibi

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Έχει γὰρ φύσει τὸ ἀκόλασον ἐν ἑωύτεῖ·

chez le Sauvage : l'Evangile seul a pu les élever au niveau de l'homme en les rendant meilleures ; lui seul a pu proclamer les droits de la femme après les avoir fait naître, et les faire naître en s'établissant dans le cœur de la femme, instrument le plus actif et le plus puissant pour le bien comme pour le mal. Eteignez, affaiblissez seulement jusqu'à › un certain point, dans un pays chrétien, l'influence de la loi divine, en laissant subsister la liberté qui en était la suite pour les femmes, bientôt vous verrez cette noble et touchante liberté dégénérer en une licence honteuse. Elles deviendront les instruments funestes d'une corruption universelle qui atteindra en peu de temps les parties vitales de l'état. Il tombera en pourriture et sa gangreneuse décrépitude fera à la fois honte et horreur.!

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Un Turc, un Persan, qui assistent à un bal européen, croient rêver : ils ne comprennent rien à ces femmes,

Compagnes d'un époux et reines en tous lienx,
Libres sans déshonneur, fidèles sans contrainte,
Et ne devant jamais leurs vertus à la crainte.'

C'est qu'ils ignorent la loi qui rend ce tuinulte et ce mélange possibles. Celle même

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