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« pas et ne peut avoir; et que, de l'union de « ces deux choses exemptes de péché, il en « résulte un tout qui en est capable, et qui « est très justement l'objet de la colère de « Dieu (1).»

Il paraît que ce dur sectaire n'avait guère philosophé sur l'idée du corps, puisqu'il s'embarrasse ainsi volontairement, et qu'en nous donnant une bêtise pour un mystère, il expose l'inattention ou la malveillance à prendre un mystère pour une bêtise.

Un physiologiste moderne se croit en droit de déclarer expressément que le principe vital est un être. « Qu'on l'appelle, dit-il,

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puissance ou faculté, cause immédiate de << tous nos mouvements et de tous nos sen» timents, ce principe est UN: il est absolu«ment indépendant de l'âme pensante, et « même du corps, suivant toutes les vraisem<<< blances (2): aucune cause ou loi mécani« que n'est recevable dans les phénomènes << du corps vivant (3) »

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(1) Perpetuite de la foi, în-4°, tom. III, liv. XI, c. VI.

(2) Il semble que ces mots, suivant toutes les vraisemblances, sont encore, comme je l'ai dit ailleurs, une pure complaisance pour le siècle : car comment ce qui est un, et qui peut s'appeler principe, ne serait-il pas distingué de la matière ?

(3) Nouveaux Elements de la science de l'homme, par M. Barthez, 2 vol. in-8° Paris, 1806.

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Au fond, il paraît que l'Ecriture sainte est sur ce point tout a fait d'accord avec la philosophie antique et moderne, puisqu'elle nous apprend: « Que l'homme est double dans ses « voies (1), et que la parole de Dieu est « une épée vivante qui pénètre jusqu'à la di<<< vision de l'âme et de l'esprit, et discerne « la pensée du sentiment (2).

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Et Saint Augustin, confessant à Dieu l'empire qu'avaient encore sur son âme d'anciens fantômes ramenés par les songes, s'écrie avec la plus aimable naïveté : Alors Seigneur! suisje MOI (3)?

Non, sans doute, il n'était pas LUI, et personne ne le savait mieux que LUI, qui nous dit dans ce même endroit :Tant il

y a

de différence entre MOI-MÊME et MOI-MÊME (4); lui qui a si bien a si bien distingué les deux puissances de l'homme lorsqu'il s'écrie encore, en s'adressant à Dieu : O toi! pain mystique

(1) Homo duplex in viis suis. Jac. I, 8.

(2) Pertingens usque ad divisionem animæ ac spiritûs (Il ne dit pas de l'esprit et du corps), et discretor cogitationum et intentionum cordis. (Hebr. IV, 12.)

(3) Numquid tunc non EGO sum, Domine, Deus meus? (D. August. Confess. X, xxx, 1.)

(1) Tantùm interest inter ME IPSUM et ME IPSUM. (Ibid.)

de mon âme, époux de mon intelligence! quoi! je pouvais ne pas t'aimer (1)!

Milton a mis de beaux vers dans la bouche de Satan, qui rugit de son épouvantable dégradation (2). L'homme aussi pourrait les prononcer avec proportion et intelligence.

D'où nous est venue l'idée de représenter les anges autour des objets de notre culte par des groupes de têtes ailées (3) ?

Je n'ignore pas que la doctrine des deux ames fut condamnée dans les temps anciens, mais je ne sais si elle le fut par un tribunal compétent d'ailleurs il suffit de s'entendre. Que l'homme soit un être résultant de l'union de deux ames, c'est-à-dire de deux principes intelligents de même nature, dont l'un

(1) Deus.... panis oris intus animæ meæ, et virtus maritans mentem meam.... non te amabam ! (Ibid. I. xm, 2.)

(2) O foul descent! That I who erst contend'd

With Gods tho sit the high'st, am now constrain'd

Into a beast and mix'd with bestial slime

This essence to incarnate and imbrute

That to the hight of deity aspir'd.

(P. L. ix. 103, 599.

(3) Trop de gens savent malheureusement dans quel endroit de ses œuvres Voltaire a nommé ces figures des Saints joufflus. Il n'y a pas dans les jardins de l'intelligence, une seule fleur que cette chenille n'ait souillée.

est bon et l'autre mauvais, c'est, je crois, l'opinion qui aurait été condamnée, et que je condamne aussi de tout mon cœur. Mais que l'intelligence soit la même chose que le principe sensible, ou que ce principe qu'on appelle aussi le principe vital, et qui est la vie, puisse être quelque chose de matériel, absolument dénué de connaissance et de conscience, c'est ce que je ne croirai jamais, à moins qu'il ne m'arrivât d'être averti que je me trompe par la seule puissance qui ait une autorité légitime sur la croyance humaine. Dans ce cas, je ne balancerais pas un instant, et au lieu que, dans ce moment, je n'ai que la certitude d'avoir raison, j'aurais alors la foi d'avoir tort. Si je professais d'autres sentiments, je contredirais de front les principes qui ont dicté l'ouvrage que je publie, et qui ne sont pas moins sacrés pour moi.

Quelque parti qu'on prenne sur la duplicité de l'homme, c'est sur la puissance animale, sur la vie, sur l'âme (car tous ces mots signifient la même chose dans le langage antique), que tombe la malédiction avouée par tout l'univers.

Les Egyptiens, que l'antiquité savante proclama les seuls dépositaires des secrets di

vins (1), étaient bien persuadés de cette vérité, et tous les jours ils en renouvelaient la profession publique; car lorsqu'ils embaumaient les corps, après qu'ils avaient lavé dans le vin de palmier les intestins, les parties molles, en un mot tous les organes des fonctions animales, ils les plaçaient dans une espèce de coffre qu'ils élevaient vers le ciel, et l'un des opérateurs prononçait cette prière au nom du mort:

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Soleil, souverain maître de qui je tiens << la vie, daignez me recevoir auprès de vous. « J'ai pratiqué fidèlement le culte de mes pères; j'ai toujours honoré ceux de qui je tiens ce corps; jamais je n'ai nié un dépôt; jamais je n'ai tué. Si j'ai commis d'autres fautes, je n'ai point agi par moi-même <<< mais par ces choses (2). » Et tout de suite on jetait ces choses dans le fleuve, comme la cause de toutes les fautes que l'homme avait commises (3) après quoi on procédait à l'embaumement.

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(1) Egyptios solos divinarum rerum conscios. (Macrob. Sat. I, 12.) On peut dire que cet écrivain parle ici au nom de toute l'antiquité. (2) 'Allà díà tauta. Porphir. (De abstin, et usu anim IV, 10.)

(5) Ως αἰτίαν ἀπάντων ὧν ὁ ἀνθρωπος ἥμαρτον. Διὰ ταῦτα,

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