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«<les, un axe, un équateur, des parallèles, des méridiens et toutes les << autres choses qu'à le corps même de la terre; mais aussi qu'il ap<< porte une conformation avec la terre même, en tournant ses pôles « vers les pôles de la terre et ses autres parties vers les parties sem<< blables de la terre, pourquoi ne peut-on pas assurer que l'aimant a « été retranché de la terre ou de la véritable substance de la terre ? ».

X.

(Page 217. Lisez, si vous voulez, les médecins irréligieux, comme savants ou comme écrivains, mais ne les appelez jamais auprès de votre lit.)

Je trouve dans mes papiers l'observation suivante qui vient fort à l'appui de cette thèse. Je la tirai jadis d'un précis anonyme sur le docteur Cheyne, médecin anglais, inséré dans le 20 vol. du Magasin européen, pour l'année 1791, novembre, pag. 3

356.

« Il faut le dire à la gloire des professeurs en médecine, les plus grands inventeurs dans cette science et les praticiens les plus célèbres << ne furent pas moins renommés par leur piété que par l'étendue de << leurs connaissances; et véritablement on ne doit point s'étonner que « des hommes appelés par leur profession à scruter les secrets les plus «< cachés de la nature, soient les hommes les plus pénétrés de la sa«gesse et de la bonté de son auteur.... Cette science a peut-être pro<< duit en Angleterre une plus grande constellation d'hommes fameux « par le génie, l'esprit et la science, qu'aucune autre branche de nos << connaissances, »>

Citons encore l'illustre Morgagni. Il répétait souvent que ses connaissances en médecine et en anatomie avaient mis sa foi à l'abri même de la tentation. Il s'écriait un jour : Oh! si je pouvais aimer ce grand Dieu comme je le connais! (Voy. Elogio del dottore Giambattista Morgagni, Efemeridi di Roma, 13 giugno 1772, no 24.)

XI.

(Page 218. Ils manièrent avec une dextérité merveilleuse, et qu'où ne saurait trop admirer, les instruments remis entre leurs mains, mais ces instruments furent inventés, etc., etc.)

Le mot de siècle ne doit point être pris ici au pied de la lettre ; car l'ère moderne de l'invention, dans les sciences mathématiques, s'étend depuis le triumvirat de Cavalieri, du P. Grégoire de saint Vincent et de Viette, à la fin du XVIe siècle, jusqu'à Jacques et Jean Bernouilli, au commencement du XVIIIe; et il est très vrai que cette époque fut celle de la foi et des factions religieuses. Un homme de ce dernier siècle, qui paraît n'avoir eu aucun égal pour la variété et l'étendue des connaissances et des talents dégagés de tout alliage nuisible, le P. Boscowich, croyait en 1755, non-seulement qu'on ne pouvait rien opposer alors aux géants de l'époque qui venait de finir, mais que toutes les sciences étaient sur le point de rétrograder, et il le prouvait par une jolie courbe. (Voy. Rog. Jos. Boscowich S. J. Vaticinium quoddam geome tricum, in Supplem. ad Bened. Stay, philos. recent. versibus traditam. Romæ, Palearini, 1755; in-80 tom. I, pag. 408.) Il ne m'appartient point de prononcer sur ces Récréations mathématiques'; mais je crois qu'en général, et en tenant compte de quelques exceptions qui peuvent aisément être ramenées à la régle, l'étroite alliance du génie religieux et du génie inventeur demeurera toujours démontrée pour tout bon esprit.

XII.

(Page 237. Ces atomes étaient faits comme des cages dont les barreaux, etc.)

« Cet excès de la longueur des barreaux sur la largeur doit être ex« primé, au moins, par le nombre 10 élevé à la 27o puissance. Quant <«< å la largeur, elle est constamment la même, sans exception quelcon<«< que, et plus petite qu'un pouce d'une quantité qui est 10 élevée à «la 43o puissance.» Ici il n'y a ni plus, ni moins, ni à peu près ; le compte est rond.

XIII.

(Page 238.... Que l'antiquité s'est accordée à reconnaître dans les oiseaux quelque chose de divin, etc.)

Aristophane, dans sa comédie des Oiseaux, fait allusion à cette tradition antique :

Ούτος δὲ (ἔρως) χάει πτερόεντι μιγεὶς νυχίῳ κατὰ τάρτα ρον εὐρὺν

Ενεόττευσε γένος ἡμέτερον, καὶ πρῶτον ἀνήγαγεν ἐς φῶς. Πρότερον δ ̓ οὐκ ἦν γενος ἀθανάτων...

Ille verò alatus mistus chao et caliginoso, in tartaro ingente,

Edidit nostrum genus, et primum eduxit in lucem :

Neque enim deorum genus ante erat....

(Aristoph., Aves, V, 699, 702.)

XIV.

(Page 239... Si au lieu de lire Lucrèce qu'il reçut à treize ans des mains d'un père assassin, etc.)

Ibid. pag. 23. Il appelle quelque part Lucrèce son maître dans la physique. Il ne doute pas d'avoir trouvé la solution du plus grand problême que les physiciens se soient jamais proposé, et que la plupart d'entre eux avaient toujours regardé, ou comme absolument insoluble en soi, ou comme inaccessible à l'esprit humain, pag.244. Cependant il se garde bien de se livrer à l'orgueil : Il n'a eu de plus que les autres hommes que le bonheur d'avoir été mené, encore écolier, à la bonne source, et dy avoir puise. (Page 150.) Et pour faire honneur à son maître, il dit en annonçant la mort d'un Ecossais de ses amis: Que le pauvre homme s'en est alle QUO NON NATA JACENT. (Page 290.) Personne au moins ne saurait lui disputer le mérite de la clarté.

XV.

(Page 240. Lisez, par exemple, les vies et les procès de canonisation de saint François Xavier, de saint Philippe de Néri, de sainte Thérèse, etc., etc.)

Je crus devoir chercher et placer ici la narration où sainte Thérèse décrit cet état extraordinaire :

<«< Dans le ravissement, dit-elle, on ne peut presque jamais y résis<«< ter... Il arrive souvent sans que nous y pensions..., avec une impé« tuosité si prompte et si forte, que nous voyons et sentons tout d'un «<coup élever la nuée dans laquelle ce divin aigle nous cache sous <«<l'ombre de ses ailes... Je résistais quelquefois un peu, mais je me << trouvais après si lasse et si fatiguée, qu'il me semblait que j'avais le

2564

NOTES DU DIXIÈME ENTRETIEN

« corps tout brisé... C'est un combat qu'on entreprendrait contre un << très puissant géant... En d'autres temps, il m'était impossible de ré<< sister à un mouvement si violent: Je me sentais enlever l'âme et la <«<< tête et ensuite tout le corps, en sorte qu'il ne touchait plus à la terre. <«< Une chose aussi extraordinaire m'étant arrivée un jour que j'étais à <«< genoux au chœur, au milieu de toutes les religieuses, prête à com<«< munier, j'usai du droit que me donnait ma qualité de supérieure pour «<leur défendre d'en parler. Une autre fois, etc.>>

(OEuvres et vie de sainte Thérèse, écrite par elle-même et par l'ordre de ses supérieurs. Traduction d'Arnaud d'Andilly, Paris, 1680 ; in-fol., cap. XX, pag. 104.) Voy. encore les Vies des Saints, trad. de l'anglais de Butler; 12 vol. in-8°.-Vie de saint Thomas, tom; II, pag. 572.-De saint Philippe de Néri, tom. IV, note D, pag. 541, seqq. — Vie de saint François Xavier, par le P. Bouhours, in-12, tom. II, pag. 572. — Prediche di Francesco Masotti, della compagnia di Gesù. Venezia, 1769, pag. 330, etc., etc.

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ONZIÈME ENTRETIEN.

LE CHEVALIER.

QUOIQUE Vous n'aimiez pas trop les voyages dans les nues, mon cher comte, j'aurais envie cependant de vous y transporter de nouveau. Vous me coupâtes la parole l'autre jour en me comparant à un homme plongé dans l'eau qui demande à boire. C'est fort bien dit, je vous assure; mais votre épigramme laisse subsister tous mes doutes. L'homme semble de nos jours ne pouvoir plus respirer dans le cercle antique des facultés humaines. Il veut les franchir; il s'agite comme un aigle indigné contre les barreaux de sa cage. Voyez ce qu'il tente dans les sciences naturelles ! Voyez encore cette nouvelle alliance qu'il a opérée et qu'il avance avec tant de succès entre les théories physiques et les arts; qu'il force d'enfanter des

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