Page images
PDF
EPUB

<<< nous fait envisager sans étonnement, mais <<< dont il n'est pas moins difficile d'atteindre << la racine..

[ocr errors]

« Les dévouements, si fameux dans l'an

tiquité, tenaient encore au même dogme. » Décius avait la foi que le sacrifice de sa <<< vie serait accepté par la divinité, et qu'il pouvait faire équilibre à tous les maux qui menaçaient sa patrie (1).

[ocr errors]

сс

[ocr errors]

« Le Christianisme est venu consacrer ce dogme qui est infiniment naturel à l'homme, quoiqu'il paraisse difficile d'y arriver par «<le raisonnement.

[ocr errors]

« Ainsi, il peut y avoir eu dans le cœur <<< de Louis XVI, dans celui de la céleste Elisabeth, tel mouvement, tel acceptation, capable de sauver la France.

[ocr errors]

сс

« On demande quelquefois à quoi servent «<< ces austérités terribles exercées par cer«tains ordres religieux, et qui sont aussi « des dévouements: autant vaudrait préci<< sément demander à quoi sert le Christia

des sacrifices très-puissants pour l'expiation des péchés, et que les dieux se laissent fléchir, comme l'assurent de très grandes villes, et les poètes enfants des dieux, et les prophètes envoyés des dieux. (Plat., de Rep. opp., tom. VI, édit. Bipont., pag. 225. Litt. P. pag. 226. Litt. A.) (1) Piaculum omni deorum ire. omnes minas periculaque ab diis superis inferisque in se unum vertit. (Tit. Liv. VIII, 10.)

« nisme, puisqu'il repose tout entier sur « ce même dogme agrandi, de l'innocence « payant pour le crime.

<<< L'autorité qui approuve ces ordres choi« sit quelques hommes et les isole du monde « pour en faire des conducteurs.

Сс

« Il n'y a que violence dans l'univers; <«<< mais nous sommes gâtés par la philosophie moderne, qui nous a dit que tout « est bien, tandis que le mal a tout souillé, « et que dans un sens très vrai, tout est « mal, puisque rien n'est à sa place. La note <<< tonique du système de notre création ayant baissé, toutes les autres ont baissé propor<<<tionnellement, suivant les règles de l'har«monie. Tous les êtres gémissent (1) et

сс

сс

CC

tendent avec effort et douleur vers un autre « ordre de choses. >>

Je suis persuadé, messieurs, que vous

(1) Saint Paul aux Romains, VIII, 19 et suiv.

Le système de la palingénésie de Charles Bonnet a quelques points de contact avec le texte de saint Paul; mais cette idée ne l'a pas conduit à celle d'une dégradation antérieure. Elles s'accordent cependan1 fort bien. Le coup terrible frappé sur l'homme par la main divine produisit nécessairement un contre-coup sur toutes les parties de la nature.

EARTH FELT WYUND.

(Miltons's Par. lost. IX, 785.)

Voilà pourquoi tous les ètres gémissent.

ne verrez pas sans étonnement deux écrivains parfaitement inconnus l'un à l'autre se rencontrer à ce point, et vous serez sans doute disposés à croire que deux instruments qui ne pouvaient s'entendre n'ont pu se trouver rigoureusement d'accord, que parce qu'ils l'étaient, l'un et l'autre pris à part, avec un instrument supérieur qui leur donne le ton.

Les hommes n'ont jamais douté que l'innocence ne pût satisfaire pour le crime; et ils ont cru de plus qu'il y avait dans le sang une force expiatrice; de manière que la vie, qui est le sang, pouvait racheter une autre vie.

Examinez bien cette croyance, et vous verrez que si Dieu lui-même ne l'avait mise dans l'esprit de l'homme, jamais elle n'aurait pu commencer. Les grands mots de superstition et de préjugé n'expliquent rien; car jamais il n'a pu exister d'erreur universelle et constante. Si une opinion fausse règne sur un peuple, vous ne la trouverez pas chez son voisin ; ou si quelquefois elle paraît s'étendre, je ne dis pas sur tout le globe, mais sur un grand nombre de peuples, le temps l'efface en passant.

Mais la croyance dont je vous parle ne

souffre aucune exception de temps ni de lieu. Nations antiques et modernes, nations civilisées ou barbares, époques de science ou de simplicité, vraies ou fausses religions, il n'y a pas une seule dissonnance dans l'univers.

Enfin l'idée du péché et celle du sacrifice pour le péché, s'étaient si bien amalgamées dans l'esprit des hommes de l'antiquité, que la langue sainte exprimait l'un et l'autre par le même mot. De là cet hébraïsme si connu, employé par saint Paul, que le Sauveur a été fait péché pour nous (1).

A cette théorie des sacrifices, se rattache encore l'inexplicable usage de la circoncision pratiquée chez tant de nations de l'antiquité; que les descendants d'Isaac et d'Ismael perpétuent sous nos yeux avec une constance non moins inexplicable, et que les navigateurs de ces derniers siècles ont retrouvé dans l'archipel de la mer Pacifique (nommément à Taïti), au Mexique, à la Dominique, et dans l'Amérique septentrionale, jusqu'au 30 degré de latitude (1).

(1) II, Cor. V, 21.

(1) Voy. les Lettres américaines, traduites de l'italien de M. le comte

Quelques nations ont pu varier dans la manière; mais toujours on retrouve une opération douloureuse et sanglante faite sur les organes de la reproduction. C'est-à-dire : Anathème sur les générations humaines, et SALUT

PAR LE SANG.

Le genre humain professait ces dogmes depuis sa chute, lorsque la grande victime, élevée pour attirer tout à elle, cria sur le Calvaire :

TOUT EST CONSOMMÉ !

Alors le voile du temple s'étant déchiré, le grand secret du sanctuaire fut connu, autant qu'il pouvait l'être dans cet ordre de choses dont nous faisons partie. Nous comprimes pourquoi l'homme avait toujours cru qu'une âme pouvait être sauvée par une autre, et pourquoi il avait toujours cherché sa régénération dans le sang.

Sans le Christianisme, l'homine ne sait ce qu'il est, parce qu'il se trouve isolé dans l'univers et qu'il ne peut se comparer à rien; le premier service que lui rend la reli

Gian-Rinaldo Carli-Rubi. Paris, 1788, 2 vol. in-8° Lettre IX, pag. 149, 152,

« PreviousContinue »