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EPUB

DE L'IMPRIMERIE DE CRAPELET

RUE DE VAUGIRARD, 9

DES

FACULTÉS DE L'AME

COMPRENANT

L'HISTOIRE DES PRINCIPALES THÉORIES PSYCHOLOGIQUES

PAR

ADOLPHE GARNIER

PROFESSEUR De philosophiE A LA FACULTÉ DES LETTRES
DE PARIS

TOME PREMIER

&

TOR LIBRARY

NEW-YORK

PARIS

LIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET Cie

RUE PIERRE-SARRAZIN, No 14

(Près de l'École de Médecine)

PRÉFACE.

Nous avons vu un temps où l'on n'écrivait pas en France une ligne sur la philosophie, que l'on ne se crût obligé de gourmander l'indifférence du public à l'égard de ce genre d'étude. On prétend aujourd'hui que le public a été tout à coup saisi d'une violente animosité contre cette philosophie qu'il ignorait hier. Le public illettré retenu par le lien de ses occupations journalières demeurera toujours aussi étranger à la philosophie qu'aux mathématiques et à la théologie. Quant au publi lettré, la vérité est qu'il n'était pas alors aussi indifférent à la philosophie, et qu'il ne lui est pas de los jours aussi hostile qu'on l'assure. La querelle n'a eu lieu qu'entre un petit nombre de théologiens et de philosophes. La philosophie et la théologie ont des matières communes; elles en ont aussi de particulières. Les matières communes sont l'existence et les attributs de Dieu, la distinction de l'âme et du corps, l'immortalité de l'âme et la morale. Le dernier Archevêque de Paris écrivait ces mots qui sont aujourd'hui remarquables : « Nous ne disons pas que la raison soit impuissante à démontrer les vérités qui appartiennent à la religion et à la morale naturelles; nous disons précisément le contraire. Nous avons condamné, il y a quelques années, et nous condamnons encore ceux qui

professaient l'impuissance absolue de la raison; nous avons enseigné et nous enseignons encore qu'il n'y a pas de vérité qui ne repose en dernière analyse sur un assentiment intérieur, et que toutes celles qui forment la foi commune du genre humain peuvent être acquises et justifiées à l'aide du raisonnement'. » Il ajoutait plus tard « Avec les lumières de sa raison, sans citer un seul texte de l'Écriture, une seule décision de l'Église, le docteur chrétien, un Bossuet, un Fénelon, ou tout autre, peuvent faire un exposé complet de la morale, parce que toutes les règles en sont d'une part susceptibles de déductions purement rationnelles, et qu'elles ont été d'autre part consignées dans la révélation Chrétienne et Mosaïque. Les mêmes docteurs peuvent également, et par le même motif, démontrer soit avec la seule raison, soit avec la seule autorité des Écritures, l'existence et les attributs de Dieu. Ceux qui ont supposé que nous ignorions cet emploi des preuves purement rationnelles, en faveur de la religion naturelle en général, ou de quelques-uns de ses dogmes ou de ses règles de morale, nous ont fait une injure gratuite. Nous connaissons, et il est impossible que nous ne sachions pas parfaitement l'espèce de puissance que les Pères et les théologiens accordent à la raison. » Ainsi sur l'existence et les attributs de Dieu, sur la destinée de l'homme et sur la morale, jamais l'esprit humain ne renoncera au désir de savoir ce que peut la raison livrée à ses propres forces; le clergé lui-même n'y a jamais

1. Mémoire sur l'enseignement philosophique, par M. l'archevêque de Paris, 1844, p. 20.

2. Introduction philosophique à l'étude du christianisme, par M. l'archevêque de Paris, 1845, p. 25.

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