Page images
PDF
EPUB

au calme de l'intérieur; mais, lorsque l'âme est agitée, la face humaine devient un tableau vivant, où les passions sont rendues avec autant de délicatesse que d'énergie, où chaque mouvement de l'âme est exprimé par un trait, chaque action par un caractère, dont l'impression vive et prompte devance la volonté, nous décèle et rend au dehors par des signes pathétiques les images de nos secrètes agitations.

C'est surtout dans les yeux qu'elles se peignent et qu'on peut les reconnaître ; l'œil appartient à l'âme plus qu'aucun autre organe, il semble y toucher et participer à tous ses mouvements, il en exprime les passions les plus vives et les émotions les plus tumultueuses, comme les mouvements les plus doux et les sentiments les plus délicats; il les rend dans toute leur force, dans toute leur pureté, tels qu'ils viennent de naître; il les transmet par des traits rapides qui portent dans une autre âme le feu, l'action, l'image de celles dont ils partent. L'œil reçoit et réfléchit en même temps la lumière de la pensée et la chaleur du sentiment : c'est le sens de l'esprit et la langue de l'intelligence. BUFFON.

L'élève fera l'analyse logique du premier paragraphe.

63

L'élève recherchera, dans la fable suivante, les divers adjectifs indéfinis. Il rendra compte du sens de quelque au singulier et au pluriel, et de tout employé comme adverbe. Il fera ensuite six phrases courtes tirées du texte de la fable et il y présentera les divers emplois de quelque et de tout.

L'âne et la flûte

Les sots sont un peuple nombreux,
Trouvant toutes choses faciles;

Il faut le leur passer, souvent ils sont heureux :
Grand motif de se croire habiles.

Un âne, en broutant ses chardons,

Regardait un pasteur jouant, sous le feuillage,
D'une flûte dont les doux sons

Attiraient et charmaient les bergers du bocage.
Cet âne mécontent disait : « Ce monde est fou!
Les voilà tous bouche béante,

Admirant un grand sot qui sue et se tourmente
A souffler dans un petit trou.

C'est par de tels efforts qu'on parvient à leur plaire,
Tandis que moi... Suffit... Allons-nous-en d'ici,

105. L'adjectif conjonctif s'emploie aussi comme adjectif interrogatif : Quelle est votre patrie? De quels faits s'agit-il? ou comme terme exclamatif avec le sens de combien de: Quelle grâce et quel parfum dans la fleur de l'églantier!

Dans ces deux derniers cas, il a, comme les adjectifs indéfinis, un sens indéterminé.

106. Quel que a un sens tout différent de quelque (en un seul mot), et s'emploie devant un verbe au subjonctif; quel est l'attribut de la proposition et s'accorde avec le sujet, que est une conjonction : Quels que soient votre fortune et votre rang, montrez-vous simple et bon (1).

5° ADJECTIFS INDÉFINIS

107. On range dans cette classe tous les mots qui ne donnent aux noms qu'un sens vague, soit quant à la quantité, soit quant à la qualité.

Ils forment deux catégories :

1° Ceux qui ne s'emploient jamais qu'avec un nom : chaque, certain, maint, même, quelque, quelconque.

2o Ceux qui peuvent s'employer seuls et devenir pronoms: aucun, autre, l'un et l'autre, nul, pas un, plusieurs, tel, tout.

108. Chaque n'a point de pluriel et il se répète avant tous les noms : Chaque année, chaque jour, chaque mornent peut être le dernier de notre vie.

Certain est quelquefois précédé des mots un ou de : Un certain loup, dit La Fontaine; De certaines gens. Le même mot, placé après le nom, devient adjectif qualificatif et prend le sens de sûr, de vrai: Je suis certain de ce fait. La vertu d'un cœur noble est la marque certaine.

(1) Quel suivi de que s'employait autrefois dans le sens où l'on trouve maintenant quelque... que. Molière a dit:

En quel lieu que ce soit, je veux suivre tes pas. La forme qui a prévalu est beaucoup plus lourde.

Car je me sens trop en colère. »

Notre âne, en raisonnant ainsi,

Avance quelques pas, lorsque sous la fougère
Une flûte, laissée en ces champêtres lieux
Par quelque pasteur oublieux,

Se trouve sous ses pieds. Notre âne se redresse,
Sur elle de côté fixe ses deux gros yeux;
Une oreille en avant, lentement il se baisse,
Applique son naseau sur le pauvre instrument :
Il en sort un son agréable.

L'âne se croit un grand talent,

Et, tout joyeux, s'écrie en faisant la culbute :

«Eh! je joue aussi de la flûte. »

FLORIAN.

Il sera facile à l'élève de trouver, dans sa vie d'écolier, quelque fait qui soit analogue au sujet de la fable de Florian. Il en fera l'objet d'un récit,

64

L'élève rendra compte de l'orthographe des mots leur, tout, et même, dans le morceau ci-après. Il fera ensuite l'analyse des adjectifs indéfinis (autres que ces deux derniers) et des substantifs qu'ils déterminent.

Les causes de la chute de Rome

Ce n'est pas la fortune qui domine le monde : on peut le demander aux Romains, qui eurent une suite continuelle de prospérités quand ils se gouvernèrent sur un certain plan, et une suite non interrompue de revers lorsqu'ils se conduisirent sur un autre. Il y a des causes générales, soit morales, soit physiques, qui agissent dans chaque monarchie, l'élèvent, la maintiennent, ou la précipitent; tous les accidents sont soumis à ces causes; et si le hasard d'une bataille, c'est-à-dire une cause particulière a ruiné un Etat, il y avait une cause générale qui faisait que cet État devait périr par une seule bataille. En un mot, l'allure principale entraîne avec elle tous les accidents particuliers.

Les Romains parvinrent à commander à tous les peuples, nonseulement par l'art de la guerre, mais aussi par leur prudence, leur sagesse, leur constance, leur amour pour la gloire et pour la patrie. Lorsque, sous les empereurs, toutes ces vertus s'évanouirent, l'art militaire leur resta, avec lequel, malgré la faiblesse et la tyrannie de leurs princes, ils conservèrent ce qu'ils avaient acquis; mais, lorsque la corruption se mit dans la milice même, ils devinrent la proie de tous les peuples. MONTESQUIEU.

L'élève fera 6 petites phrases dans lesquelles il présentera même adjectif ou adverbe.

109. Aucun et nul ont un sens négatif : aussi le nom qui suit reste au singulier et le verbe est accompagné de la particule ne: Aucun chemin de fleurs ne conduit à la gloire. Nulle peine n'était pour ce crime assez

grande.

Ils ne se mettent au pluriel que devant des noms dont le singulier ne répondrait pas à l'idée qu'on veut représenter: Nulles troupes n'étaient mieux disciplinées. - Ce domestique n'a reçu aucuns gages depuis deux ans.

Nul placé après le nom est un adjectif qualificatif qui signifie sans valeur: Ce testament est nul. Cette délibération a été déclarée nulle.

110. Autre, tel, expriment une comparaison et sont parfois répétés avant chaque terme : Autres temps, autres mœurs. Telle vie, telle mort.

Ces expressions reviennent à celles-ci: Quand les temps sont autres, les mœurs sont autres. - Telle a été la vie, telle sera la mort.

Tel que, en tête du premier membre de la phrase, a pour correspondant tel au commencement du second membre: Tel qu'un lion rugissant s'élance sur les troupeaux, tel Achille se précipite sur les Troyens. C'est alors le second membre qui contient la proposition principale: Achille se précipite sur les Troyens tel qu'un lion, etc. 111. Avec l'un et l'autre le nom qui suit se met au singulier et le verbe au pluriel :

L'un et l'autre consul vous avaient prévenue.

RACINE.

[blocks in formation]

112. Les adjectifs indéfinis même, quelque et tout présentent cette particularité qu'ils sont, selon le sens, adjectifs indéfinis ou adverbes.

113. Ils sont adjectifs indéfinis et variables quand ils accompagnent et modifient un nom :

Même avant le nom exprime la similitude: Nous avons les mêmes goûts; — placé après le nom, il en fortifie

65

EXERCICE DE RÉCAPITULATION

L'élève rendra compte de la nature des déterminatifs placés avant les noms en italiques, ou du sens indéterminé de ces noms.

Jésus-Christ et sa religion

Tout se soutient en Jésus-Christ; ses mœurs répondent à sa morale. Ce divin législateur ne se contente pas de donner aux hommes des préceptes nus et secs d'une morale sublime. Il la pratique luimême, et nous met devant les yeux l'exemple d'une vertu accomplie qui n'a rien et qui ne veut rien sur la terre. Toute sa vie n'est qu'un tissu de souffrances, une adoration perpétuelle, une soumission sans bornes à la volonté divine et un amour infini de l'ordre. Il meurt enfin comme abandonné de Dieu et des hommes, pour montrer que la vertu parfaite, soutenue par le seul amour de la justice, peut demeurer fidèle au milieu des plus terribles peines.

L'établissement d'une telle religion parmi les hommes est le plus grand de tous les miracles. Malgré toute la puissance romaine, malgré les passions, les intérêts, les préjugés de tant de nations, de tant de philosophes, de tant de religions différentes, douze pauvres pêcheurs, sans art, sans éloquence, sans force, répandent partout leur doctrine. Malgré une persécution de tant de siècles, qui semble devoir l'éteindre à tout moment; malgré le martyre perpétuel d'un nombre innombrable de personnes de toutes les conditions, de tous les sexes, de tous les pays, la vérité triomphe enfin de l'erreur, selon les prédictions de l'ancienne et de la nouvelle loi. Qu'on me montre quelque autre religion qui ait ces marques visibles d'une divinité qui la protége! FÉNELON.

66

L'élève cherchera le radical des substantifs ci-après, tirés des exercices 64 et 65, et l'écrira à la suite de chacun d'eux.

Chute, prospérité, bataille, allure, sagesse, constance, faiblesse, corruption. Adoration, soumission, établissement, puissance,

passion, force, doctrine, persécution, prédiction.

11 formera ensuite des substantifs dérivés des suivants :

Morale, précepte, exemple, terre, philosophe, martyre, pays, monarchie, milice, peuple, art, guerre, empereur.

« PreviousContinue »