229. II. Quand les deux termes du sujet sont de la 3 personne et reliés par les conjonctions ou, ni, on met le verbe au pluriel si l'action peut s'attribuer également aux deux sujets. Ex.: Le bonheur ou la témérité ont pu faire des héros. Ni l'été ni l'air du Midi ne m'ont rendu mes forces. On le met au singulier si l'un des sujets exclut l'autre. Ex.: Ou ton sang ou le mien lavera cette injure. VOLTAIRE. Ni Pierre ni Paul ne sera nommé à cet emploi. 230. III. Autrefois le verbe qui avait pour sujet l'un et l'autre, ni l'un ni l'autre, se mettait indifféremment au singulier ou au pluriel. Ex.: L'un et l'autre excès choque. MOLIÈRE. L'un et l'autre à mon sens ont le cerveau troublé. Aujourd'hui l'usage du pluriel a prévalu. BOILEAU. 231. IV. Quand les parties du sujet sont unies par les conjonctions comme, de même que, ainsi que, etc., ou par la préposition avec, le verbe se met au singulier s'il y a seulement comparaison ou rapprochement. Ex.: L'histoire, ainsi que la physique, n'a commencé à se débrouiller que vers la fin du seizième siècle. VOLTAIRE. C'est Phalante, avec ses Lacédémoniens, qui a fondé ce nouveau royaume. FENELON. La seconde partie du sujet appartient alors à une proposition elliptique. Le verbe se met au pluriel quand il y a coopération, union dans l'action. Ex.: Le jaguar ainsi que le couguar habitent dans les contrées les plus chaudes de l'Amérique septentrionale. BUFFON. Le singe avec le léopard LA FONTAINE, Simplicité des premiers Romains Tite-Live a raison de dire qu'il n'y eut jamais de peuple où la frugalité, où l'épargne, où la pauvreté, aient été plus longtemps en honneur. Les sénateurs les plus illustres, à n'en regarder que l'extérieur, différaient peu des paysans et n'avaient d'éclat ni de majesté qu'en public et dans le sénat. Du reste, on les trouvait occupés du Jabourage et des autres soins de la vie rustique, quand on les allait quérir pour commander les armées. Ces exemples sont fréquents dans l'histoire romaine: Curius et Fabricius, ces grands capitaines qui vainquirent Pyrrhus, un roi si riche, n'avaient que de la vaisselle de terre; et le premier, à qui les Samnites en offraient d'or et d'argent, répondit que son plaisir n'était point d'en avoir, mais de commander à qui en avait. Cette modération durait encore pendant les guerres puniques. Dans la première, on voit Régulus, général des armées romaines, demander son congé au sénat pour aller cultiver sa métairie, abandonnée pendant son absence. Après la ruine de Carthage, on voit encore de grands exemples de la première simplicité. Æmilius Paulus, qui augmenta le trésor public par le riche trésor des rois de Macédoine, vivait selon les règles de l'ancienne frugalité, et mourut pauvre. Mummius, en ruinant Corinthe, ne profita que pour le public des richesses de cette ville opulente et voluptueuse. Ainsi les richesses étaient méprisées la modération et l'innocence des généraux romains faisaient l'admiration des peuples vaincus. BOSSUET. 131 Dans le morceau suivant, l'élève expliquera tout ce qui concerne l'accord des mots en italiques. Il soulignera les mots qui sont mis en apposition, enfin il mettra ce discours en prose. Iphigénie à Agamemnon (1) Mon père, Cessez de vous troubler, vous n'êtes point trahi ; (1) Un oracle exige le sacrifice d'Iphigénie; Agamemnon n'ose résister à l'ordre des dieux et aux vœux des Grecs partant pour Truie. LE VERBE APRÈS UN COLLECTIF 232. Le verbe qui a pour sujet un collectif s'accorde avec ce collectif lorsque l'idée se porte sur l'ensemble des êtres ou des objets. Ex.: Une troupe d'assassins entra dans la chambre de Coligny. VOLTAIRE. Une nuée de traits obscurcit l'air et couvrit tous les combattants. FENELON. Il s'accorde avec le complément du collectif quand l'idée se porte sur les êtres ou les objets. Ex.: Un petit nombre de justes opèrent leur salut avec crainte. MASSILLON. Une troupe de nymphes couronnées de fleurs nageaient derrière le char d'Amphitrite. FENELON. 233. Les adverbes de quantité combien, peu, beaucoup, etc., sont considérés comme des collectifs partitifs et le verbe s'accorde avec le complément exprimé ou sous-entendu. Ex.: Assez de gens méprisent le bien, mais peu savent le donner. LA ROCHEFOUCAULD. Tant de fortune et d'ambition réveillèrent l'Europe assoupie. VOLTAIRE. 234. Après plus d'un, le verbe se met au singulier à moins qu'il n'exprime une idée de réciprocité. Plus d'un héros, épris des fruits de mon étude, Vient quelquefois chez moi goûter la solitude. BOILEAU. A Paris, on voit plus d'un fripon qui se dupent l'un l'autre. MARMONTEL. REMARQUES SUR L'ACCORD DU VERBE 235. Le verbe être, précédé du pronom démonstratif ce, s'accorde généralement avec l'attribut quand cet Et, respectant le coup par vous-même ordonné, Tous les noms des pays que vous allez dompter; RACINE. Iphigénie, acte IV. Sur ce modèle, l'élève composera le discours qu'adressa à son père la fille de Jephté, quand elle apprit le vœu imprudent qu'il avait fait au Seigneur. 132 L'élève recherchera le sujet de tous les verbes en italiques, mais pour les infinitifs, il indiquera seulement la fonction. Il analysera ensuite les verbes passifs qui se trouvent dans les quatre dernières phrases. L'éducation civique des Romains Qui peut mettre dans l'esprit des peuples la gloire, la patience dans les travaux, la grandeur de la nation, et l'amour de la patrie peut se vanter d'avoir trouvé la constitution d'État la plus propre à produire de grands hommes. C'est sans doute les grands hommes qui font la force d'un empire. La nature ne manque pas de faire naître dans tous les pays des esprits et des courages élevés, mais il faut lui aider à les former. Ce qui les forme, ce qui les achève, ce sont des sentiments forts et de nobles impressions qui se répandent dans tous les esprits, et passent insensiblement de l'un à l'autre. attribut est un substantif pluriel ou un pronom de la 3a personne du pluriel (1). Ex.: Ce sont là les défauts que les hommes mêlent souvent à la piété ; mais ce ne sont pas ceux de la piété même. MASSILLON. 236. Le verbe dont le sujet est le pronom qui prend la personne et le nombre de l'antécédent. Ex.: C'est moi qui vous le dis, qui suis votre grand'mère. LA FONTAINE. Mais il peut y avoir doute sur le véritable antécédent de qui, lorsqu'avant lui se trouve un substantif attribut. Le verbe s'accorde avec le pronom personnel si l'attribut n'est pas le mot qui frappe le plus la pensée. Ex.: Sire, dit Racine, nous sommes deux bourgeois qui n'avons que des habits de ville. M. DE SÉVIGNÉ. Au contraire, le verbe s'accorde avec l'attribut si la pensée en fait le mot essentiel. Ex.: Tu étais le seul qui pût me dédommager de l'absence de Rica. MONTESQUIEU. 237. L'emploi de la forme impersonnelle permet de rejeter après le verbe un sujet de la troisième personne du pluriel et de laisser le verbe au singulier. Ex.: Il se passa quatre cent trente ans avant que Dieu donnât à son peuple la terre qu'il lui avait promise. BOSSUET. Cette construction s'emploie surtout quand le sujet est un infinitif suivi de compléments, ou une proposition entière. Ex.: Il vaut bien mieux prévenir le mal que d'être réduit à le punir. FÉNELON. Il n'est pas possible que de si grands maux soient sans remède. BOSSUET. (1) Cette règle n'est pas absolue: elle est subordonnée à l'euphonie aussi bien qu'au sens de la phrase. Ainsi l'on trouve dans Racine : Ce n'est pas les Troyens, c'est Hector qu'on poursuit. et dans Fénelon : C'est donc les dieux et non la mer qu'il faut craindre. |