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2o Quand il s'agit d'une incidente annonçant une citation.

<< Tremble, m'a-t-elle dít, fille digne de moi;

Le cruel Dieu des Juifs l'emporte aussi sur toi. »

RACINE.

3o Quand la proposition commence par certains adverbes aussi, du moins, encore, peut-être, toujours, en vain, etc.

Peut-être vous dirai-je cela quelque jour.

En vain lui demandâmes-nous son appui, il resta indifférent. 174. Les pronoms personnels sont surtout attributs après les expressions c'est, c'était, etc.; ils prennent alors les formes moi, toi, lui, eux, au lieu de je, tu, il, ils.

C'est moi qui vous le dis, qui suis votre grand'mère.
LA FONTAINE.

C'étaient eux qui vous trompaient.

175. Les pronoms personnels employés comme compléments directs, ou comme compléments indirects sans préposition, se placent généralement avant le verbe :

Si ces livres vous plaisent, nous vous les prêterons.

Ils se placent après quand le verbe est à l'impératif sans négation:

Ces livres sont intéressants, envoyez-les-moi.

Le pronom en se place toujours auprès du verbe bien qu'il dépende quelquefois d'un autre mot.

Maîtres de l'univers, les Romains s'en attribuèrent tous les tréMONTESQUIEU.

sors.

Il mourut. Mille bruits en courent à ma honte. Mille bruits de cela (de ce qu'il mourut).

176. REMARQUE:

RACINE.

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qui sont sans rapport nécessaire avec le sens de la proposition: ce

sont des termes explétifs ou surabondants.

Afin qu'il fût plus frais et de meilleur débit,

On lui lia les pieds, on vous le suspendit;

Puis cet homme et son fils le portent comme un lustre.

Prenez-moi le bon parti.

LA FONTAINE.

BOILEAU.

LE VERBE

Exercices

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Dans le morceau ci-après, l'élève relèvera tous les verbes et les rangera en deux colonnes : l'une pour les verbes exprimant l'action, l'autre pour les verbes exprimant l'état. Le verbe substantif étre n'entrera pas dans ces colonnes, et l'élève fera l'analyse logique des propositions où il figure.

Jugement sur Franklin

Franklin eut tout à la fois le génie et la vertu, le bonheur et la gloire. Sa vie, constamment heureuse, est la plus belle justification des lois de la Providence. Il ne fut pas seulement grand, il fut bon; il ne fut pas seulement juste, il fut aimable. Sans cesse utile aux autres, d'une sérénité inaltérable, enjoué, gracieux, il attirait par les charmes de son caractère, et captivait par les agréments de son esprit. Personne ne contait mieux que lui, Quoique parfaitement naturel, il donnait toujours à sa pensée une forme ingénieuse, et à sa phrase un tour saisissant. Il parlait comme la sagesse antique, à laquelle s'ajoutait la délicatesse moderne. Jamais morose, ni impatient, ni emporté, il appelait la mauvaise humeur la malpropreté de l'âme, et disait que la vraie politesse envers les hommes doit être la bienveillance. Son adage favori était que la noblesse est dans la vertu. Cette noblesse, qu'il aida les autres à acquérir par ses livres, il la montra lui-même dans sa conduite. Il s'enrichit avec honnêteté, il se servit de sa richesse avec bienfaisance, il négocia avec droiture, il travailla avec dévouement à la liberté de son pays et aux progrès du genre humain, MIGNET,

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Dans la description ci-après, l'élève cherchera les verbes qui ont des sujets multiples et donnera la raison de leur accord.

Les pyramides d'Égypte

La main du temps et plus encore celle des hommes, qui ont ravagé tous les monuments de l'antiquité, n'ont rien pu jusqu'ici contre les pyramides. La solidité de leur construction et l'énormité de leur masse les ont garanties de toute atteinte, et semblent leur assurer une durée éternelle. Les voyageurs en parlent tous avec enthousiasme, el cet enthousiasme n'est point exagéré.

LE VERBE

Théorie

177. Le verbe est le terme essentiel du discours, celui sans lequel il n'y a pas de proposition. Sa fonction est d'affirmer l'action ou l'état des personnes ou des choses. Turenne meurt, la fortune chancelle, le couraye des troupes est abattu par la douleur.

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178. Le verbe être, qui exprime proprement l'existence, Je pense, donc je suis, est devenu un terme abstrait pour unir le sujet à l'attribut: La terre est ronde. Colbert fut un grand ministre. On l'appelle verbe substantif.

Tous les autres verbes exprimant une acțion ou un état sont appelés verbes attributifs.

Toute action suppose nécessairement l'existence d'un être qui agit: ainsi s'explique le procédé par lequel l'analyse décompose les verbes attributifs en un temps du verbe être et un attribut.

DU SUJET

179. Le sujet du verbe est la personne ou la chose dont on affirme une action ou un état. Il se place généralement avant le verbe, mais il peut en certains cas être placé après.

Dieu tient le cœur des rois entre ses mains puissantes.
Devant nous s'ouvrait une longue et profonde vallee.

180. Le verbe s'accorde en nombre et en personne avec son sujet, quelle qu'en soit la place. S'il a plusieurs sujets au singulier, il se met au pluriel, et si les sujets sont de différentes personnes, il prend la personne qui a la priorité :

La mouche et la fourmi contestaient de leur prix.

L'on commence à voir ces montagnes factices dix lieues avant d'y arriver. Elles semblent s'éloignér à mesure qu'on s'en approche; on en est encore à une lieue, et déjà elles dominent tellement sur la tête qu'on croit être à leur pied; enfin, on y touche et rien ne peut exprimer la variété des sensations qu'on éprouve; la hauteur de leur sommet, la rapidité de leur pente, l'ampleur de leur surface, le poids de leur assiette, la mémoire des temps qu'elles rappellent, le calcul du travail qu'elles ont coûté, l'idée que ces immenses rochers sont l'ouvrage de l'homme, si petit et si faible, qui rampe à leur pied, tout saisit à la fois le cœur et l'esprit d'étonnement, de terreur, d'humiliation, d'admiration, de respect. VOLNEY.

Le maître pourra demander la description de quelque monument qui aurait attiré l'attention de l'élève. Il montrera comment l'expression des sentiments qu'excitent en nous les œuvres de l'art peut alors donner de l'intérêt à la description.

100

Dans le tableau ci-après, l'élève recherchera les propositions où il y a inversion du sujet : il fera ensuite l'analyse grammaticale du verbe et l'analyse logique de la proposition.

Paris et ses écoles au XIIIe siècle

Dans la Cité, vers la pointe occidentale de l'île, s'élevait le palais souvent habité par nos rois, théâtre de leur puissance et surtout de ce pouvoir judiciaire qui y règne encore en leur nom. Un jardin royal, comme on pouvait l'avoir en ce siècle, un lieu planté d'arbres entre le palais et le terre-plein où Henri IV a sa statue, s'ouvrait en certains jours, comme promenade publique, au peuple, à l'école, au clergé et à ce peu de nobles hommes qui se trouvaient à Paris. En face du palais, l'église de Notre-Dame rappelait à tous la puissance de la religion qui l'avait élevée et qui de là protégeait, en les gouvernant, les quinze églises qui environnaient la métropole comme des gardes rangés autour de leur reine. Là, à l'ombre de ces églises et de la cathédrale, dans de sombres cloîtres, en de vastes salles, sur le gazon des préaux, circulait cette tribu consacrée, qui semblait vivre pour la foi et la science, et qui souvent ne s'animait que de la double passion du pouvoir ou de la dispute. A côté des prêtres, et sous leur surveillance parfois inquiète, souvent impuissante, s'agitait dans le monde des études sacrées et profanes, cette population de clercs à tous les degrés, de toutes les vocations, de toutes les origines, de toutes les contrées, qu'attirait la célébrité européenne de l'école de Paris. CH. DE REMUSAT.

Les tiens et toi pouvez vaquer,
Sans nulle crainte, à vos affaires.

DES COMPLÉMENTS

LA FONTAINE.

181. Les verbes, dans certains cas, expriment l'état ou l'action d'une manière absolue et n'ont pas besoin de compléments, comme dans ce vers de Corneille :

Je vois, je sais, je crois, je suis désabusée.

Mais le plus souvent l'idée exprimée par le verbe est complétée par divers mots qui s'y rattachent directement ou à l'aide de prépositions, et qui se nomment compléments.

182. On distingue trois sortes de compléments: 1° le complément direct; 2° le complément indirect; 3° le complément circonstanciel. Ils se trouvent réunis dans

ces vers:

Autrefois le rat de ville

Invitale rat des champs, |

| D'une façon fort civile, |

A des reliefs d'ortolans. |

LA FONTAINe.

183. Le complément direct se joint au verbe sans terme intermédiaire pour indiquer la personne ou la chose qui est l'objet de l'action faite par le sujet : Le rat de ville invita le rat des champs.

184. Le complément indirect s'unit au verbe par une préposition pour exprimer une idée nécessaire au sens : Le rat de ville invita le rat des champs à des reliefs d'ortolans.

On donne aussi aux compléments le nom de régimes parce que ces mots sont dans la dépendance du verbe.

185. Le complément circonstanciel modifie seulement l'idée du verbe en y ajoutant quelques détails accessoires Le rat de ville invita le rat des champs à des reliefs d'ortolans, d'une façon fort civile.

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