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Dans le morceau suivant, l'élève mettra une croix sous les verbes à l'infinitif présent et un trait sous les verbes au présent de l'indicatif. Il les rangera ensuite en deux colonnes et mettra en regard des premiers le participe passé et la 1re personne du passé défini, en regard des seconds les 3 personnes de l'impératif.

Le vrai courage

J'aime les gens de cœur et ne puis souffrir les lâches; mais je veux que la valeur se montre dans les occasions légitimes, et qu'on ne se hâte pas d'en faire hors de propos une vaine parade, comme si on avait peur de ne pas la retrouver au besoin. Tel fait un effort et se présente une fois pour avoir droit de se cacher le reste de sa vie. Le vrai courage a plus de constance et moins d'empressement; il est toujours ce qu'il doit être; il ne faut ni l'exciter ni le retenir; l'homme de bien le porte partout avec lui, au combat contre l'ennemi, dans un cercle en faveur des absents et de la vérité, dans son lit contre les attaques de la douleur et de la mort. La force de l'âme qui l'inspire est d'usage dans tous les temps; elle met toujours la vertu au-dessus des événements, et ne consiste pas à se battre, mais à ne rien craindre. Telle est, mon ami, la Sorte de courage que j'ai souvent louée, et que j'aime à retrouver en vous. Tout le reste n'est qu'étourderie, extravagance, férocité; c'est une lâcheté de s'y soumettre; et je ne méprise pas moins celui qui cherche un péril inutile que celui qui fuit un danger qu'il doit affronter.

J.-J. ROUSSEAU.

REMARQUES SUR LES DIVERSES ESPÈCES DE VERBES

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Dans la fable suivante, l'élève s'appliquera à distinguer les verbes actifs, passifs, neutres, réfléchis, impersonnels, en les marquant d'un des chiffres 1, 2, 3, 4, 5, selon qu'ils seront de telle ou telle espèce.

Il les rangera ensuite en colonne et en fera l'analyse avec l'indication des divers compléments.

Le pigeon puni de son inquiétude

A). Deux pigeons vivaient ensemble dans un colombier avec une paix profonde. Ils fendaient l'air de leurs ailes, qui paraissaient

On met toujours un accent circonflexe aux deux premières personnes du pluriel sur la voyelle qui précède la terminaison.

4o Au présent de l'impératif, mêmes terminaisons qu'à la première personne du singulier et qu'aux deux premières personnes du pluriel du présent de l'indicatif : il y a donc au singulier la terminaison e pour la 1re conjugaison (1): Aime, chante; et la terminaison s pour les trois autres : Finis, reçois, prends, romps.

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Les verbes avoir, être, aller, savoir, ontsà l'impératif les formes irrégulières aie, sois, va, sache.

Rem. La prononciation exige uns à la 2 personne du singulier de l'impératif devanty ou le pronom en. Ex.: Tu dois réciter cette leçon avant midi, songes-y bien. - Ces fraises sont mûres, cueilles-en.

Les irrégularités dans les terminaisons des verbes sont moins nombreuses que celles qui tiennent aux modifications du radical. Ces dernières se présentent surtout dans les verbes auxiliaires avoir et être, ainsi que dans les verbes aller, venir, mourir, voir, savoir, faire, prendre, boire, qui sont d'un usage fréquent (§ 130-135.

REMARQUES SUR LES DIVERSES ESPÈCES DE VERBES

Conjugaison des verbes passifs

117. Tout verbe passif correspond à un verbe actif. On le conjugue au moyen du verbe être suivi du participe passé du verbe actif. Il suffira donc de donner, pour le verbe être servi, la première personne de chaque temps, et de faire remarquer que le participe passé s'accorde en genre et en nombre avec le sujet, puisqu'il en est l'attribut.

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(1) Plus quelques verbes de la 2a offrir, ouvrir, cueillir; - offre, ouvre,

zueille.

immobiles par leur rapidité. Ils se jouaient en volant l'un auprès de l'autre, se fuyant et se poursuivant tour à tour; puis ils allaient chercher du grain dans l'aire du fermier ou dans les prairies voisines. Aussitôt ils allaient se désaltérer dans l'onde pure d'un ruisseau qui coulait au travers de ces prés fleuris; de là ils revenaient voir leurs pénates (1) dans le colombier blanchi et plein de petits trous: ils y passaient le temps dans une douce société avec leurs fidèles compagnes. Leurs cœurs étaient tendres; le plumage de leurs cous était changeant et peint d'un plus grand nombre de couleurs que l'inconstante Iris (2). On entendait le doux murmure de ces heureux pigeons, et leur vie était délicieuse. L'un d'eux, se dégoûtant des plaisirs d'une vie paisible, se laissa séduire par une folle ambition et livra son esprit aux projets de la politique. Le voilà qui abandonne son ancien ami : il part, il va du côté du Levant. Il passe au-dessus de la mer Méditerranée, et vogue avec ses ailes dans les airs, comme un navire avec ses voiles dans les ondes de Thétis (3). Il arrive à Alexandrie; de là il continue son chemin, traversant les terres jusqu'à Alep.

:

B) En y arrivant, il salue les autres pigeons de la contrée, qui servent de courriers réglés, et il envie leur bonheur. Aussitôt il se répand parmi eux un bruit, qu'il est venu un étranger de leur nation, qui a traversé des pays immenses. Il est mis au rang des courriers il porte toutes les semaines les lettres d'un bacha (4) attachées à son pied, et il fait vingt-huit lieues en moins d'une journée. Il est orgueilleux de porter les secrets de l'État, et il a pitié de son ancien compagnon, qui vit sans gloire dans les trous de son colombier. Mais un jour, comme il portait des lettres d'un bacha soupçonné d'infidélité par le Grand-Seigneur (5), on voulut découvrir par les lettres de ce bacha s'il n'avait point quelque intelligence secrète avec les officiers du roi de Perse: une flèche tirée perce le pauvre pigeon, qui, d'une aile traînante, se soutient encore un peu pendant que son sang coule. Enfin il tombe, et les ténèbres de la mort couvrent déjà ses yeux: pendant qu'on lui ôte ses lettres pour les lire, il expire plein de douleur, condamnant sa vaine ambition et regrettant le doux repos de son colombier, où il pouvait vivre en sûreté avec son ami.

(1) Les dieux du foyer domestique.

de L'arc-en-ciel.

Nom poétique de la mer.

FÉNELON.

ha, ou plus souvent pacha, est le nom du gouverneur d'une province A). Deuottoman.

paix profone de Constantinople.

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118. Quand on veut mettre un verbe actif au passif, on prend pour sujet du passif le complément direct de l'actif, et l'on donne au passif pour complément indirect le sujet de l'actif précédé d'une des prépositions de ou par. Cette phrase: Clovis vainquit les Allemands à Tolbiac, devient au passif : Les Allemands furent vaincus à Tolbiac par Clovis.

Le verbe actif qui a pour sujet on n'a pas de complément indirect quand il passe au passif. On vendra cette maison dimanche. · Cette maison sera vendue dimanche.

Conjugaison des verbes neutres

119. La conjugaison des verbes neutres qui prennent l'auxiliaire avoir, comme marcher, parler, grandir, jouir, ne diffère en rien de celle des verbes actifs.

Pour ceux qui prennent être, comme aller, arriver, tomber, mourir, partir, devenir, naître, il n'y a de différence qu'aux temps composés. Les temps de l'auxiliaire

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L'élève traduira au passif les phrases ci-après :

Un grand malheur menace cette famille.

Les rayons du soleil éclairaient le sommet des montagnes.
Les descendants de Japhet peuplèrent l'Europe.

La reine d'Angleterre a dissous le parlement.

L'ennemi avait enlevé deux canons; nos soldats les lui reprirent. On reconnaîtra bientôt cette erreur.

Votre présence encouragerait nos élèves.

Je désire qu'on te nomme à ce nouvel emploi.

Il faudrait qu'on enseignât la gymnastique à ces enfants.
Lorsqu'on eut lu, cette proclamation, la foule évacua la place.
Les festons pendants ornaient les colonnes du temple.
Les historiens ont raconté diversement la mort de Cyrus.
Louis XIV conquit la Franche-Comté en six semaines.
On construira deux chemins de fer dans ce département.
On rebâtira bientôt ces palais incendiés.

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Dans le morceau suivant, l'élève recherchera les verbes neutres et il les conjuguera ensuite aux divers temps composés en changeant de temps pour chaque verbe.

Audace de Charles XII, roi de Suède

Charles XII se mit à la tête de sa cavalerie, et marcha vers Grodno, au milieu des glaces, au mois de janvier 1708. Il avait déjà passé le Niémen, à deux lieues de la ville; et le czar ne savait encore rien de sa démarche. A la première nouvelle que les Suédois arrivent, le czar sort par la porte du nord, et Charles entre par celle qui est au midi. Le roi n'avait avec lui que six cents gardes; le reste n'avait pu le suivre. Le czar fuyait avec plus de deux mille hommes, dans l'opinion que toute une armée entrait dans Grodno. Il apprend, le jour même, par un transfuge polonais, qu'il n'a quitté la place qu'à six cents hommes, et que le gros de l'armée ennemie était encore éloigné de plus de cinq lieues. Il ne perd point de temps; il détache quinze cents chevaux de sa troupe à l'entrée de la nuit pour aller surprendre le roi de Suède dans la ville. Les quinze cents Moscovites arrivèrent à la faveur de l'obcurité jusqu'à la première garde suédoise, sans être reconnus. Trente hommes composaient cette garde; ils soutinrent seuls un demi-quart d'heure l'effort des quinze cents hommes. Le roi, qui

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