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CHEZ LEFEVRE, LIBRAIRE,

RUE DE L'ÉPERON, No 6.

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7764

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HALI, aux musiciens. Chut. N'avancez pas davantage, et deme urez dans cet endroit jusqu'à ce que je vous appelle.

SCÈNE II.

HALI.

Il fait noir comme dans un four. Le ciel s'est habillé ce soir en Scaramouche', et je ne vois pas une étoile qui montre le bout de son nez. Sotte condition que celle d'un esclave, de ne vivre jamais pour soi, et d'être toujours tout entier aux passions d'un maître, de n'être réglé que par ses humeurs, et de se voir réduit à faire ses propres affaires de tous les soucis qu'il peut prendre ! Le mien me fait ici épouser ses inquiétudes; et, parcequ'il est amoureux, il faut que nuit et jour je n'aie aucun repos. Mais voici des flambeaux, et, sans doute, c'est lui.

• Scaramouche étoit un personnage houffon de l'ancien théâtre italien, qui étoit habillé de noir de la tête aux pieds, et dont le masque même étoit rayé de noir au front · aux joues, et au menton. (A.)

SCÈNE III.

ADRASTE, DEUX LAQUAIS, portant chacun un flambeau, HALI.

ADRASTE. Est-ce toi, Hali?

HALI. Et qui pourroit-ce être que moi? A ces heures de nuit, hors vous et moi, monsieur, je ne crois pas que personne s'avise de courir maintenant les rues.

ADRASTE. Aussi ne crois-je pas qu'on puisse voir personne qui sente dans son cœur la peine que je sens. Car enfin, ce n'est rien d'avoir à combattre l'indifférence ou les rigueurs d'une beauté qu'on aime; on a toujours au moins le plaisir de la plainte, et la liberté des soupirs; mais ne pouvoir trouver aucune occasion de parler à ce qu'on adore, ne pouvoir savoir d'une belle si l'amour qu'inspirent ses yeux est pour lui plaire ou lui déplaire, c'est la plus fâcheuse, à mon gré, de toutes les inquiétudes, et c'est où me réduit l'incommode jaloux qui veille avec tant de souci sur ma charmante grecque, et ne fait pas un pas sans la traîner à ses côtés.

HALI. Mais il est, en amour, plusieurs façons de se parler; et il me semble, à moi, que vos yeux et les siens, depuis près de deux mois, se sont dit bien des choses.

ADRASTE. Il est vrai qu'elle et moi souvent nous nous sommes parlé des yeux; mais comment reconnoître que, chacun de notre côté, nous ayons, comme il faut, expliqué ce langage? Et que sais-je, après tout, si elle entend bien tout ce que mes regards lui disent, et si les siens me disent ce que je crois parfois entendre?

HALI. Il faut chercher quelque moyen de se parler d'autre manière.

ADRASTE. As-tu là tes musiciens?

HALI. Oui.

ADRASTE. Fais-les approcher. (Seul.) Je veux jusques au jour les faire ici chanter, et voir si leur musique n'obligera point cette belle à paroître à quelque fenêtre.

SCÈNE IV.

ADRASTE, HALI, MUSICIENS.

HALI. Les voici. Que chanteront-ils?

ADRASTE. Ce qu'ils jugeront de meilleur.

HALI. Il faut qu'ils chantent un trio qu'ils me chantèrent l'autre

jour.

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