Furent d'un juste encens dans la Grèce honorées; Ne vous flétrissez point par un vice si bas. Mais quoi ! dans la disette une muse affamée Il est vrai: mais enfin cette affreuse disgrace Et que craindre en ce siècle, où toujours les beaux arts D'un astre favorable éprouvent les regards; Où d'un prince éclairé la sage prévoyance Fait par-tout au mérite ignorer l'indigence? Muses, dictez sa gloire à tous vos nourrissons: Son nom vaut mieux pour eux que toutes vos leçons. Que Corneille, pour lui rallumant son audace, Soit encor le Corneille et du Cid et d'Horace; Que Racine, enfantant des miracles nouveaux, De ses héros sur lui forme tous les tableaux; Que de son nom, chanté par la bouche des belles, Benserade en tous lieux amuse les ruelles ; Que Segrais dans l'églogue en charme les forêts; Que pour lui l'épigramme aiguise tous ses traits. Mais quel heureux auteur, dans une autre Énéide, Aux bords du Rhin tremblant conduira cet Alcide? Quelle savante lyre au bruit de ses exploits Fera marcher encor les rochers et les bois; Chantera le Batave, éperdu dans l'orage, Soi-même se noyant pour sortir du naufrage; Dira les bataillons sous Mastricht enterrés, Dans ces affreux assauts du soleil éclairés? Mais tandis que je parle, une gloire nouvelle Vers ce vainqueur rapide aux Alpes vous appelle.. Déja Dole et Salins (1) sous le joug ont ployé; Besançon fume encor sous son roc foudroyé. Où sont ces grands guerriers dont les fatales ligues Devoient à ce torrent opposer tant de digues? Est-ce encore en fuyant qu'ils pensent l'arrêter, (1) Places de la Franche-Comté, prises en plein hiver. Fiers du honteux honneur d'avoir su l'éviter? Pour moi, qui, jusqu'ici nourri dans la satire, Vous me verrez pourtant, dans ce champ glorieux, Et des auteurs grossiers j'attaque les défauts; FIN DU TOME PREMIER. |