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trouver mauvais quelques vers qui lui étoient échap

pés.

Boileau étoit sincèrement religieux, comme presque tous les hommes célèbres de son temps; mais sa piété n'étoit ni rigoriste ni minutieuse. Étranger aux tristes querelles qui divisoient alors l'église, il n'avoit égard qu'aux vertus et aux talents. Admirateur des illustres solitaires de Port-Royal, il estimoit les bons écrivains de la société de Jésus ; il vécut en paix avec les uns et avec les autres, et il compta des amis dans les deux partis.

Il posséda toutes les qualités de l'honnête homme; il fut serviable et compatissant, ami dévoué autant qu'ennemi généreux : beaucoup de bonnes actions honorèrent sa vie. Cet homme, si caustique dans ses écrits, étoit doux et candide dans la société; il n'y avoit, disoit-il lui-même, ni griffes, ni ongles; il y portoit même un esprit aimable, une humeur facile et enjouée.

Il s'étoit exprimé avec trop de liberté sur les poëtes ridicules qui abondoient de son temps à l'académie françoise pour espérer d'en être jamais, et il s'étoit abstenu de toute démarche à ce sujet ; mais Louis XIV voulut qu'on l'y admît, et l'ordre fut exécuté. Il fut aussi de l'académie des inscriptions et belles lettres.

Sa santé fut presque toujours chancelante. En vieillissant, sa vue s'affoiblit beaucoup, et il perdit presque entièrement l'usage de l'ouïe. Retiré du monde, il jouissoit de lui-même dans sa petite maison d'Au

teuil, où quelques anciens amis venoient le visiter. Il eut le tort de la vendre, et il s'en repentit: ce fut un des plus vifs chagrins de sa vieillesse. Il mourut d'une hydropisie de poitrine, le 13 mars 1711, âgé de près de soixante-quinze ans.

AVERTISSEMENT.

Dans l'édition des OEuvres de Boileau publiée après sa mort en 1713, l'éditeur a inséré, à la suite de la préface de 1701, un catalogue des OEuvres de Boileau, après lequel on lit le passage suivant:

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« Voilà, au vrai, dit M. Despréaux dans un écrit que l'on a trouvé après sa mort, tous les ouvrages que j'ai faits : car pour tous les << autres ouvrages qu'on m'attribue, et qu'on s'opiniâtre de mettre « dans les éditions étrangères, il n'y a que des ridicules qui m'en puissent soupçonner l'auteur. Dans ce rang on doit mettre une « satire très fade contre les frais des enterrements; une encore plus plate contre le mariage, qui commence par ce vers:

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On me veut marier; et je n'en ferai rien;

« celle contre les jésuites, et quantité d'autres aussi impertinen«tes. J'avoue pourtant que, dans la parodie des vers du Cid, «< faite sur la perruque de Chapelain, qu'on m'attribue encore, il << y a quelques traits qui nous échappèrent à M. Racine et à moi, « dans un repas que nous fîmes chez Furetière, auteur du Dic«<tionnaire, mais dont nous n'écrivîmes jamais rien ni l'un ni <«<l'autre de sorte que c'est Furetière qui est proprement le vrai « et l'unique auteur de cette parodie, comme il ne s'en cachoit << pas lui-même. »

Il sembleroit, d'après ce passage, que les OEuvres de Boileau se réduisent aux pièces indiquées dans ce catalogue. Mais cette liste est loin d'être complète, et l'on peut supposer qu'elle n'a pas été dressée par Boileau lui-même, qui n'auroit pas oublié d'y insérer plusieurs opuscules dont il est le véritable auteur, et qu'il a suffisamment avoués ailleurs, puisqu'on les trouve dans les différentes éditions publiées sous ses yeux d'après sa propre révision.

La table que nous plaçons ici offre dans un ordre chronologique, autant que nous avons pu nous en assurer, tous les ouvrages reconnus pour être de Boileau, et nous indiquons par une lettrine (a) ceux dont on ignore la véritable date.

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