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year later to the 55th Foot with the grade of captain; but enfeebled in health and weary of an inactive garrison life he retired from the service (22nd April, 1827). He had already published anonymously in 1822 his first volume of poetry containing Héléna and other poems, followed in 1823 by the Trappiste, also without the author's name, and in 1824 by Eloa ou la sœur des Anges, "mystère," to which for the first time M. de Vigny attached his name, and which he republished in 1826 with Moïse (inscribed to Victor Hugo) and Dolorida. Although containing great beauties (M. Sainte-Beuve calls Eloa and Dolorida "des chefs-d'œuvre"), all those poems were indifferently received, and, but for the success of CinqMars, their author's name would probably have long remained unknown. M. de Vigny, profoundly wounded at the indifference with which his poems had been received, wrote Cinq-Mars "un peu au hasard d'abord,” says M. Sainte-Beuve, and he smiled " avec une gracieuse amertume" on hearing it extravagantly praised. Soon afterwards M. de Vigny left the army, married a wealthy English wife, and turned his ambition towards the stage; he produced (October 24th, 1829) a French adaptation of Shakespeare's Othello, followed (June 25th, 1831) by the Maréchale d'Ancre; he also translated Macbeth, and obtained at last an unqualified success with his Chatterton (Feby. 12th, 1835). "Il en demeura sur cette victoire unique et s'y reposa comme sur une ère mémorable et solennelle, sur une hégire de laquelle il aimait à dater." (Sainte-Beuve.)

The overthrow of the Bourbon Monarchy in 1830 exercised upon M. de Vigny's mind a great influence, which is seen in Stello and Servitude et grandeur militaires, "noble livre, tout plein de choses fières, fines, maniérées et charmantes, où il sculpta d'un ciseau coquet et qu'il croyait sévère, la statue de l'Honneur, le dernier

dieu qu'il eût aimé à voir debout et respecté au milieu des ruines. Rien de ce qui est histoire n'y est exact, rien n'y est vu naturellement ni simplement rendu; mais malgré tout, la pensée comme l'expression ont, à chaque page, une élévation et un lustre qui attestent un écrivain de prix. Si M. de Vigny altère et fausse l'histoire, ce n'est jamais par frivolité c'est par trop de réflexion. lui fait nuage et lui cache tout." (Sainte-Beuve.)

L'idée

M. de Vigny was elected to the French Academy in 1845, and his reception by M. Molé was the occasion of a mystification too well known to require more than a passing allusion. The other poems of M. de Vigny were published after his death in a volume entitled Les Destinées, which contains, among others, La colère de Samson, a poem equal to his best. Our space does not allow us to give a detailed appreciation of M. de Vigny's life and works (for which we refer our readers to SainteBeuve's exhaustive notices). We can only give the following criticisms on "Cinq-Mars," about which two excellent judges wrote to M. Sainte-Beuve :-"J'ai lu et relu votre 'Étude sur de Vigny;' c'est, profond, délicat et vrai." . . . "Malgré la sévérité de quelques-unes de vos appréciations, je n'ai rien à souhaiter de mieux pour la mémoire de M. de Vigny, si ce n'est que la postérité s'en tienne sur lui à votre jugement, ce que j'espère."

II.

"Pendant que Richelieu, vainqueur des grands et des calvinistes au dedans du royaume, et de la maison d'Autriche au dehors, poursuivait tout ensemble, dans cette triple voie de l'organisation intérieure, de la religion et de la politique, les plans tour à tour conçus et ébauchés par Louis XI contre la féodalité, par François Ier contre la réforme, et par Henri IV contre la postérité de Charles-Quint, Louis XIII. indolent et

mélancolique, renfermé dans ses maisons de plaisance, cherchait à tromper son ennui par des jeux puérils; son goût le plus prononcé était d'élever et de dresser des oiseaux. Comme toutes les âmes faibles et tristes, il avait le continuel besoin d'un confident. Isolé par Richelieu des objets les plus légitimes de son affection, privé de sa mère, qui errait dans l'exil, et de son épouse, avec laquelle il fut brouillé toute sa vie, il contait mystérieuse. ment ses peines à quelque favori en titre, qu'il ne conservait, pourtant, que sous le bon plaisir du cardinal. On l'avait vu quelquefois, malgré sa timidité un peu gauche, accorder sa confiance à des dames de la cour telles que mesdemoiselles de Hautefort et de La Fayette; ces intimités n'étonnaient pas dans un prince chaste et dévot, car on savait que la sagesse du roi égalait quasi celle des dames les plus modestes. Pourtant la franchise courageuse de mademoiselle de La Fayette donna à Richelieu quelque crainte d'un rapprochement entre le roi et la reine; et, après la retraite de cette noble fille, il resolut, pour plus de sûreté, de remplir la place vacante par une créature de son choix. Il jeta donc les yeux sur le jeune d'Effiat Cinq-Mars, plein de grâces et d'éclat, fait pour toucher l'oisiveté du monarque. Cinq-Mars manqua à sa mission; favori officiel, il voulut bientôt. l'être pour son propre compte. Déjà grand écuyer, il aspirait à devenir connétable, duc et pair, et Richelieu s'y refusa. Cinq-Mars, pour perdre le ministre, se laissa persuader par le duc de Bouillon de traiter avec l'Espagne, qui lui fournirait au besoin une armée. Richelieu était à Tarascon et le roi à Narbonne, tous deux malades de la maladie dont bientôt après ils moururent. Au moment d'agir, Cinq-Mars fut arrêté; une copie du traité, livrée au cardinal et montrée par celuici au roi, avait arraché l'ordre. De Thou, fils de l'historien, ami de Cinq-Mars, fut saisi avec lui pour n'avoir

pas révélé le traité, que d'ailleurs il avait désapprouvé. [Selon la remarque de M. Avenel, "il y a dans l'affaire de Cinq-Mars deux choses fort distinctes: une intrigue et un crime; une intrigue pour faire perdre au cardinal la confiance du roi, un crime dont le but était d'ouvrir la France aux ennemis. De Thou a-t-il été l'entremetteur du crime ou de l'intrigue? Là est toute la question."] Richelieu mourant remonta le Rhône, traînant les deux prisonniers dans un bateau remorqué par le sien, et les fit exécuter à Lyon, en passant. La France entière regretta Cinq-Mars; sa jeunesse, sa bonne mine, son ambition si naturelle à cet âge et dans cette position, l'amour caché qu'on lui supposait pour une grande princesse (Marie de Gonzague), et qui conviait son cœur à de vastes desseins, tout répandait sur lui un charme que relevait encore l'atrocité du vieux prêtre moribond. Quant au roi, il tira sa montre vers l'heure de l'exécution, et dit nonchalamment à ses courtisans: "Je crois que cher ami fait à présent une vilaine mine."

Certes, il y a bien là matière à un roman historique ; ou plutôt il est tout fait dans les Mémoires de ce tempslà, et il ne s'agit que de l'en extraire. M. de Vigny aurait pu réussir sans doute; le choix de l'événement est heureux; les documents sont nombreux, faciles, et il montre assez qu'il les connaît parfaitement; enfin son talent n'est pas vulgaire : qu'a-t-il donc fait pour gâter tant d'avantages? Quand Scott, duquel M. de Vigny était évidemment préoccupé, s'amuse à faire grimacer ses figures, il ne prend guère cette liberté qu'avec des êtres fantastiques. Quoique le père Joseph et le juge Laubardemont ne soient pas fort à respecter, encore n'est-il pas permis, ce nous semble, d'en agir avec eux aussi lestement que fait notre auteur. Le Père Joseph, qui écoute toujours caché derrière les portes, les tapis

series, et jusque dans le confessionnal, joue ici en sandales le rôle des petits nains du romancier écossais. Laubardemont qui revient partout, et qui semble poursuivre Cinq-Mars, depuis que celui-ci l'a frappé au front d'un crucifix ardent dans l'affaire de Loudun, est un héros ignoble de mélodrame; son fils devenu brigand et contrebandier, sa nièce religieuse devenue folle, cette scène entre tous les trois, la nuit, au milieu des Pyrénées, tout ce luxe de conceptions bizarres fait tort à la vérité. Que de tels hommes soient des monstres, à la bonne heure, mais qu'ils ne soient pas des cari

catures....

Mais ces défauts relèvent d'un autre plus général : M. de Vigny est resté au point de vue actuel, et n'a écrit qu'avec des souvenirs. Il a fait essentiellement une œuvre de mémoire qu'il a revêtue de formes dramatiques à l'aide de son imagination. Comme il n'a regardé que de loin, il n'a aperçu que les points saillants, qui se sont pour lui rapprochés et confondus; il rattache, par exemple, l'affaire de Loudun à celle de Cinq-Mars. Les personnages aussi lui ont paru plus voisins qu'ils ne l'ont réellement été, et, par de légers anachronismes, il est venu à bout de les grouper sans vraisemblance. Son roman entier est calculé comme une partie d'échecs.... En jugeant M. de Vigny avec cette franchise sévère que nous paraît mériter son talent, nous ne prétendons pas méconnaître la profusion d'esprit qu'il a répandue dans son ouvrage: plus d'une fois sans doute il a réussi, quand l'esprit avec la mémoire suffisait. . . . . Plus d'une fois il a été véritablement poète, quoique peut-être hors de propos, et ce défaut-là n'est pas si commun aujourd'hui qu'il faille tant s'en irriter. Je voudrais pouvoir citer le début du vingt-troisième chapitre, qui est d'un charme infini. Par malheur, le langage résiste souvent à la pensée et se plie avec peine à l'inspiration:

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