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IX

Notice sur Saint-Pierremont.

Topographie.

Anciens seigneurs, - Notes de Maurice Le Tellier, Registres paroissiaux. - L'église et la maison de Mabillon. - Le chêne Mabillon.

Le village de Saint-Pierremont est surtout connu dans l'histoire locale parce qu'll fut le berceau de Jean Mabillon; la topographie de ses environs a été décrite par son illustre enfant, avec une précision qui dénote la persistance des souvenirs du pays natal, au tome II (p. 43) des Annales Bénédictines. A cet endroit, Mabillon avait à déterminer, au sujet d'une donation faite à Saint-Remy sous le règne de Dagobert, quelle était la situation d'Authe ( Altrum vicura in Vongensi pago) et celle de Crécy, prieuré aujourd'h i disparu dont Maucroix fut un des titulaires; voici la dǝ3cription qu'il fit de la contrée :

<< Le ruisseau d'Authe prend sa source au village qui s'appello Sommauthe; puis il coule à travers Saint-Pierremont qui est mon pays natal; de là il se jette dans la rivière de la Bar, au-dessus du bourg de Brieulles et près du village d'Authe qui tire de lui son nom à l'endroit où il disparait : « Fluviolus Altrus oritur à vico, qui SummaAltri dicitur, defluitque per Sancti-Petri-montem, mihi natalem, et in amnem Bairum devolvitur supra Briolium opidulum, ad vicum Altrum, cui nomem suum amittendo confert. »

Quant au lieu dit Crécy, Mabillon le voit dans le prieuré de Sainte-Marguerite de Crécy dépendant de l'abbaye de Belval, et situé près de Brières sur un ruisseau qui se jette dans l'Aisne non loin de Vouziers :

« Crisciacus forte is locus est prope vicum Bruyères dictum, ad rivulum, qui in Axonam influit prope Vosarium forte Bebropicus olim appellatus ubi hactenus cella est juris abbatiæ Bella-Vallis ordinis Præmonstratensis, beatæ Margarita sacra, modo unita seminario Remensi. »

Ces détails sont confirmés dans une notice de M. Octave Guelliot (Revue de Champagne et de Brie, juin 1878) sur le prieuré de Crécy.

Les chartes et les pouillés appellent au moyen-âge la patrie de Mabillon : Sancti Petri mons, Sanctus Petrus ad montem, S. Patrimons. Cette localité relevait avant la révolution du bailliage et de l'élection de Sainte-Menehould; elle dépendait au spirituel du diocèse de Reims, au doyenné de Grandpré; sa cure était à la nomination de l'Abbé de Saint-Denis de Reims, qui était également seigneur du lieu pour moitié; en 1777, d'après le Pouillé de Bauny, l'autre moitié de la seigneurie appartenait à M. de Chartogne y résidant; à cette même date, la population était de 101 feux et de 320 communiants, en dehors du secours de SaintLambert d'Oches compris dans les limites de la paroisse. Une autre dépendance de Saint-Pierremont était la terre de Fontenois dont une portion appartenait au xvíra siècle à la famille Lespagnol de Reims, comme le prouvent les baux d. 1688 et de 1691 passés devant Dailler; ces baux sont faits ¡ neuf ans au profit de Jean Mabillon marchand, et de Maître uillaume Gouret notaire royal demeurant à SaintPierrem, moyennant une redevance annuelle de 210 livres et une paire de chapons vifs en plumes. (Archives de Reims.)

L'examen d'anciens titres pourrait révéler beaucoup d'autres particularités sur la seigneurie de Saint-Pierremont, mais les liens qui la rattachaient à l'abbaye rémoise de Saint-Denis sont les plus intéressantes au point de vue historique. Le Cabinet Historique de M. Louis Paris (T. 1, p. 189) mentionne un document précieux conservé à la Bibliothèque Nationale, collection de Champagne, T. 40; c'est la charte d'affranchissement donnée, en Septembre 1283, à la ville de Saint-Pierremont, par Renaux, abbé de Saint-Denis pour le prieuré de Grandpré, et par Baudoin d'Autry, archidiacre de l'église de Châlons. Cette charte, d'après M. Jean Hubert (Geographie des Ardennes, p. 451), avait soumis les habitants de Saint-Pierremont à la fameuse Loi de Beaumont. Il est certain que le prieuré de Saint-Médard de Grandpré, relevant des cha

noines réguliers de Saint-Denis en vertu d'une bulle de Clément VII en 1397, exerça constamment des droits féodaux à Saint-Pierremont et y eut des procureurs fondés. Un de ces derniers fut, en 1549, Thierry Mabillon, dont la parenté est vraisemblable avec le bénédictin; il est cité, aux papiers de Saint-Denis à la Bibliothèque de Reims, comme procureur fondé de Mre Nicol Frizon, docteur en théologie, prieur de Grandpré. Cette circonstance, jointe à la présentation du curé du lieu par l'Abbé de Saint-Denis, expliquerait pourquoi Jean Mabillon prit à Reims des degrés dans les Ecoles de Saint-Denis: il dut avoir dans ce monastère des relations et des protecteurs.

Si l'on veut avoir une notion exacte de la paroisse de Saint-Pierremont au temps de Mabillon, il faut recourir aux Notes de l'archevêque Maurice Le Tellier, conservées aux Archives nationales (Le Tellier, Louvois, reg. C. 10413). Voici les curieuses mentions qu'elles contiennent, intégralement transcrites sur la copie authentique qu'en possède et que m'a libéralement communiquée M. Tourneur, vicaire général (aux pages 101 et 119 du manuscrit) :

I. « Saint-Pierre de Saint-Pierremont, à la présentation de l'abbé de Saint-Denys de Reims, visité le 22 juillet 1673.

D. Roland de Villers, prêtre religieux de l'ordre de Saint-Augustin, âgé de 61 ans. C'est le plus honnête curé que j'ai vu. On le presse d'accepter une abbaye; mais j'espère qu'il la refusera. Je l'ai fait doyen en 1674, c'est le meilleur du diocèse. J'ai visité sa paroisse le 20 juillet 1679.

Le presbytère a bien besoin de réparation; le curé m'a dit qu'il

s'en contente.

Saint Lambert d'Oches son secours.

La couverture de la nef et la tour de Saint-Pierremont ont besoin de réparation à la charge de l'abbé de Saint-Denys.

La nef d'Oches a besoin de réparation à la charge des paroissiens. 500 communiants en tout.

Le calice d'Oches est présentement d'argent ; pauvre en linge, livres et ornements. Le curé y bine.

J'ai ordonné aux habitants de Saint-Pierremont de fermer leur cimetierre.

J'ai ordonné que 90 livres employés par les habitans à la réédification de leur nef seront alloués dans le compte de la Fabrique, cy-devant les habitans.

par

Un ciboire d'argent à leur église de Saint-Pierremont.

J'ai ordonné que des deniers de la fabrique d'Oches on achète 3 napes d'autel et qu'on mette le reste de l'argent de l'église à l'ornement du cœur par ordre du curé.

Que les habitants réparent leur nef et qu'ils ferment leur cimetierre. »

II. 6 octobre 1684. Au Mont-Dieu. - Saint-Pierre de SaintPierremont a pour secours Saint-Lambert d'Oches, à la présentation de l'abbé de Saint-Denys. 250 communiants à la paroisse, 150 au secours. Le curé y bine. D. Jean B. Pierron, prêtre religieux profès, de la réforme de Prémontré, âgé de 36 ans. Il n'a que depuis cinq mois cette cure. Il en a servi deux autres de son ordre dans mon diocèse, où il a très-bien fait son devoir. J'apprends à cette visite de 1684, qu'il est sujet à de grands emportements même contre son père. J'ai prié le p. Bourgeois de le veiller, et de m'advertir s'il ne se corrige pas. En juin 1686 je l'ai obligé à résigner à D. Jean le Chesne, prêtre religieux prémontré. M. le féron l'a examiné et lui a donné son visa. C'est un bon sujet. Il est mort le 19 déc. 1694. En janv. 1695, j'ai fait donner cette cure à D. Richard Augustin de la Haye, prêtre chanoine régulier de la Congrégation de Sainte-Geneviève. C'est un écossois, a été curé de Bernicourt, le p. Sahun m'en a répondu. Je le connais d'ailleurs pour un très-bon sujet. En juillet 1703 est un médiocre sujet; s'il ne se corrige, je l'ôterai. Il est hautain et s'applique à toute autre chose qu'à ses fonctions de curé. Le 11 nov. 1706, il s'est corrigé et s'applique à ses fonctions. Le 11 oct. 1707 néglige fort ses églises.

Les registres paroissiaux de Saint-Pierremont, conservés à la mairie, offrent de l'intérêt malgré leurs lacunes; les plus anciens forment deux petits in-4° couverts en parchemin: l'un commence en 1655, l'autre en 1668, et ils finissent à des dates diverses sans régularité aucune de 1670 à 1675. Les registres réguliers et complets grand in-4°, aujourd'hui parfaitement réunis et cartonnés, ne commencent que pour l'année 1693.

Les actes de la famille de Mabillon ont été transcrits plus haut; il en est d'autres relatifs aux seigneurs de la Tour Saint-Pierremont et à ceux de Fontenoy, pleins d'intérêt pour les familles d'Hézecques, de Chartogne et de Finfe. On y trouve, à la date du 15 Octobre 1693, le baptême de Jean Noé, fils de Salomon Noé et de Charlotte Grandjean de la religion prétendue réformée. Les mentions des curés, qui s'intitulaient prieurs du lieu, sont également fort inté

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