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ond. MAYER

AVANT-PROPOS

CALIFORNIA

Les Grands Hommes du Rémois et des Ardennes.

Les limites actuelles du diocèse de Reims, dans les Ardennes et la Marne, comprennent cette partie de la Champagne qui eut bien longtemps à Reims son centre d'activité et son foyer intellectuel (1). Aussi, ce territoire semble être une patrie commune pour toutes les intelligences qui sont venues, depuis des siècles, puiser la science dans ses écoles ou son université : si l'on joignait la Biographie Ardennaise à la Biographie Rémoise, on verrait apparaître les liens qui unissent entre eux tous ces grands hommes. Quelques-uns sont devenus les gloires de la France, mais ils sont tous restés l'honneur de

(1) D. Mabillon l'appelle pour ce motif « Campania Remensis la Champagne Rémoise. (Corr. inéd. T. II, p. 300.)

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RO VIMU AIMBOLIAD

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DOM MABILLON.

ce pays dont ils furent les enfants ou les hôtes illustres.

La série des archevêques offre déjà bien des noms célèbres : les uns, bienfaisants et civilisateurs comme saint Remy, Guillaume-aux-Blanches-Mains, Jouvenel des Ursins, Robert de Lenoncourt, Maurice Le Tellier, M. de Talleyrand; les autres, génies puissants comme Hincmar, Gerbert et Charles de Lorraine. Avec eux se rangent parmi les grandes figures de l'histoire, le pape Urbain II, Gaucher de Châtillon, Robert de Sorbon, le chancelier Gerson, Charles de Gonzague, Turenne, Fabert et Colbert. Il faut citer ensuite d'utiles fondateurs comme Callou, Roland et Jean-Baptiste de la Salle; de grandes dames généreuses comme Henriette de Clèves, Claude de Moï et Madame de Magneux; des historiens, des jurisconsultes, des orateurs ou des érudits comme Richer, Flodoard, Marlot, Bergier, Buridan, Etienne Durand, Mabillon, Ruinart, Carpentier, Rainssant, Lallemand, Coffin, Pluche, Longuerue, Copette, Batteux, Billuart, Pouilly, Linguet, l'Ecuy; des artistes comme Libergier, Regnesson, Nanteuil, Colin, Hellart, les Desportes, Robert de Sery les Wilbault, Longueil, Hardouin et Méhul; des célébrités de la science comme le P. Féry, Leseur, de la Caille, de la Grive, Hachette, Clouet, Lapie, Corvisart et Caqué; à cette liste se joindraient les poètes qui formèrent à la Renaissance une pléïade rémoise (1); les gens de robe

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(1) Guillaume de Machault, Christophe de Savigny, Chesneau et Gilmer de Tourteron, Brizard et Renauldin d'Atti

ou d'épée Joyeuse de Grandpré, Brûlart de Sillery, Maupas du Tour, Schulemberg du Montde-Jeux, Messieurs de Mesmes comtes d'Avaux, les marquis d'Asfeld et de la Rozière; et enfin tant d'autres hommes fameux, bienfaiteurs de la contrée.

Cette énumération bien incomplète permet de mesurer la place que doivent occuper au milieu de leurs compatriotes, toutes ces grandes figures du passé dont le souvenir est à lui seul un fécond et continuel enseignement. En effet, n'est-il pas ordonné, aux sociétés comme aux individus, de vénérer les ancêtres à qui elles sont redevables des bienfaits de la civilisation? Reims a rempli ce devoir pour le grand Colbert, Sedan possède la statue de Turenne, Revin celle de Billuart, Givet a rendu hommage à Méhul, et le sentiment public a partout accueilli avec faveur ces manifestations patriotiques. Mais que d'autres gloires attendent encore un témoignage de respect, une marque ineffaçable qui consacre leurs noms aux yeux des populations trop facilement oublieuses! Eudes de Châtillon, que toute la chrétienté révère, eût semblé jusqu'à ces derniers temps oublié au lieu de sa naissance (1); Charles de Gonzague est encore absent de la

gny, Morel de Séchaut, Voulté (ou plutôt Visagé) de Vandy, Brouet de Château-Regnault, Navières de Sedan, Micqueau et Beaussonnet de Reims.

(1) Le projet d'un majestueux monument, qui doit être érigé à Châtillon-sur-Marne, a été dressé par M. Deperthes, architecte rémois. Il glorifiera, en même temps qu’Urbain II, son maître, un chanoine de Reims, saint Bruno, écolâtre de Notre-Dame, et le héros des Croisades, Godefroy de Bouillon.

ville qu'il a fondée, comme Fabert l'est de Sedan qu'il a enrichi; à Nancy on fait revivre Callot, à Reims glorifie-t-on suffisamment Nanteuil? Tandis que Lyon projette une statue à Gerson (1) et que Rouen a érigé celle du Vénérable de la Salle, leur pays natal n'a gravé leurs traits sur aucun monument public. Robert de Sorbon a immortalisé le nom de son village dans l'un des plus fameux édifices de la capitale, et dans son village, pas une pierre n'apprend son nom à ses compatriotes. Une épitaphe marque le tombeau de Mabillon à Saint-Germaindes-Prés, ses œuvres sont consultées chaque jour à l'Académie des Inscriptions et à l'Ecole des Chartes, quand jusqu'ici rien ne retraçait son existence aux enfants de Saint-Pierremont. Pourquoi ne réparerait-on pas cette ingratitude envers toutes ces grandes mémoires, trop longtemps reléguées dans le domaine de l'érudition? De telles vies méritent au contraire d'être popularisées, offertes en exemple pour l'instruction de tous.

Les uns ont été hommes d'Eglise : qu'une plaque retraçant sommairement leurs vertus, en perpétue le culte dans leur paroisse natale. Les autres ont instruit la jeunesse, élucidé nos lois, embelli la cité, soulagé la misère, répandu l'amour des arts que le Collége, le Palais de Justice, l'Hôtel de Ville, l'Hôpital ou le Musée s'honore en offrant, avec le récit de leurs œuvres, un signe public de sa reconnaissance. Ce langage, accessible à toutes les intelligences,

(1) V. Bulletin du Diocèse de Reims, vol. de 1874, p. 116.

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