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dame, répondit-il, portano il maschio. II vouloit dire, Elles portent un masque. La Ducheffe ne manqua pas de rire de l'equivoque.

་ M. le Doyen de Sens difoit que la plupart des tombes des Ecclefiaftiques, font des monumens éternels de leur réprobation. Par exemple à Sens, un nommé Martre qui y eft nommé Archidiacre de Tierache à Laon, Curé de S. André des Arcs à Paris, Chanoine de Sens & Bayeux, &c.

Les pauvres ouvrages que ceux de Cyrano de Bergerac ! Il avoit étudié au College de Beauvais du tems du Principal Granger*. On dit qu'il étoit encoreen Rhétorique, quand il fit fon Pedant joué fur ce Principal. Il y a quelque peu d'endroits paflables en cette Piéce, mais tout le refte eft bien plat. Je crois que quand il fit fon Voyage de la Lune, il en avoit déja le premier quartier dans la tête. Il eft mort fou. La premiere marque qu'il donna au public de fa folie, fut d'aller à la Mefle à la Mercy à midi en haut-de chaufles & bonnet de nuit, fans pourpoint. Il n'avoit pas le fou

* C'est celui dont Gui Patin a dir, lettre 34. du tom. 4. qu'après avoir été Principal de Beauvais il époufa en 1637. pour la décharge de fa confcience fa fervante, en aiant déja eu des enfans.

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quand il tomba dans une grande maladie; & fans M. de Sainte-Marthe qui eut la charité de lui faire fournir toutes fes néceffitez, il auroit été obligé d'aller à l'Hôtel Dieu. Il eft mort à l'Hô tel d'Arpajon, où le Duc de ce nom, lui avoit donné retraite. La plûpart des faits contenus dans cet article font faux. Bergerac abandonné dans fa maladie par le Duc d'Arpajon, n'y reçut du fecours que par le Grand Prevôt de Brefle nommé Regnault des Bois-clairs qui le garda quatorze mois chez lui, d'où s'étant fait porter à la campagne, il y mourut cinq jours après, l'an 1655 à l'âge de 35. ans, en la mai fon de fon coufin de Cyrano. Il faut voir la Préface du Sr le Bret imprimée au devant de l'Etat & Empire de la Lune. Les particularitez de la vie & de la mort de Cyrano de Bergerac y font rapportées plus exactement qu'ici. Son ca. ractere eft agréablement peint par Guéret dans fa Guerre des Auteurs. Balzac y eft introduit qui lui reproche fes pointes, fes ordures, les impiétez dont fon Agrippine eft pleine. Séjan traite de dans cette chimére l'immortalité de l'ame. Si Te- tragédia rentius lui dit,

Refpecte, & crains des Dieux l'effroiable

tonnerre, ¡

Ce fcélerat lui répond,

Il ne tombe jamais en hyver fur la terre: J'ai neuf mois pour le moins à me moquer des Dieux,

Enfuite je ferai ma paix avec les Cieux. Pensée néanmoins que nos Poëtes ont depuis trouvé moien de rectifier,& d'emploier avec fuccès à la louange du Roi. Ainfi à l'occafion de la conquête de la Franche-Comté au mois de Février 1668, Jacques Moifant de Brieux Poëte Latin a dit, quoique d'une maniere un peu embarraffée :

Sequanicas hyeme in media Rex fulminat arces. Audiri latè fragor, & cerni undique flamma.

Scilicet hybernos per menfes fulmina ceffant ! Has leges, Natura, tuas, cui frigida bello Dextera,torpentum fervet gens cætera Regum.

Mais un Poëte François plus habile de beaucoup, fçut en 1672. mettre bien autrement cette même penfée en œu. vre dans ce bel endroit de fa grande Oce pour le Roi.

Du grand Monarque des Cieux

Le tonnerre furieux

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Mais LOUIS en tout tems fait ouir fon

tonnerre,

Et fait lancer la foudre au plus fort des hyvers.

Cyrano de Bergerac en qualité d'efprit fort fe donnoit de grandes libertez de fentimens & de paroles. Cela le mettoit en mauvaise réputation, enforte que. des badeaux, un jour qu'on jouoit l'Agrippine, avertis qu'il y avoit des endroits dangereux, après les avoir tous ouis fans émotion; enfin lorfque Sejan réfolu à faire périr Tibére, qu'il regardoit déja comme fa victime, vint à dire à la fin de la 4e Scéne du 4e Acte

Frapons, voila l'hoftie,

ne manquerent pas de s'écrier: Ah le méchant, ah l'athée ! comme il parle du faint Sacrement! Quoiqu'au refte généralement on méprife fort fes ouvrages, fur tout fes lettres, leur ftyle cependant a dans fon extravagance je ne fais quoi d'original qui divertit. La Comedie du Pédant joué a des endroits merveilleux. Moliére grand & habile picoreur s'en eft approprié quelques-uns. L'avanture de la galére Turque dans les Fourberies de Scapin, & le récit que Zerbinette y fait à Tome II.

B

Géronte, en font empruntez. Les Pier rots, les Lucas qu'il a mis ailleurs fur le théatre, font autant de copies du Mathieu Gareau. Les Etats & Empires de la Lune & du Soleil ont auffi de l'invention & du génie. C'eft ce que Defpréaux, fin connoiffeur, a bien fenti lorfque dans fon Art Poétique, chant 4. il a

dit

J'aime mieux Bergerac & fa burlesque au̟. dace,

Que ces vers où Motin fe morfond, & nous glace.

ici

Sur quoi je remarquerai en paffant que Motin, comme bien des gens l'ont cru ne défigne pas & le croient encore 2 Cotin, mais eft le veritable Motin ami de Régnier, ce que je tiens de M. Def. préaux lui-même, qui m'a témoigné avoir voulu fe vanger par là de l'ennui que la lecture de quelques vers de ce froid Poëte, inferez dans des recueils, lui avoit caufé.

Un Italien portoit quelque chofe fous fon manteau, un François lui dit : Qu'avez-vous - là? Un poignard, dit PItalien. Le François trouvant que c'étoit une bouteille, but tout le vin ? & en lui rendant la bouteille : Tenez, lui

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