Page images
PDF
EPUB

APPENDIX.

PROSODIE DES LANGUES.

Nous ne terminerons pas cet ouvrage sans dire quelques mots de la prosodie des langues, sujet également du ressort de la grammaire générale.

On sait que la prosodie est l'art d'adapter au mécanisme du discours diverses formes qui représentent les diverses modulations que prend la parole pour exprimer les différens sens de la pensée caractérisés par les divers mouvemens du sentiment. Son étymologie est pos, ad; et wồn, cantus, comme qui dirait won pos hoyov, chant adapté au discours.

La prosodie, dont les lois rendent la prononciation (qui énonce ou articule les mots) plus ou moins parfaite, a, comme les autres arts, ses moyens ou caractères, ses principes ou règles, sa fin ou effet.

Les moyens ou caractères de la prosodie sont les signes qu'elle emploie pour figurer les modulations de la parole dans la prononciation. Ils ont pour objets l'expression, l'accent, la quantité, la ponctuation.

Les caractères d'expression se divisent, 1o en caractères de combinaison qui comprennent l'apostrophe, pour élider une voyelle, comme dans l'amitié, et le tiret, qui unit deux mots, comme dans avant-coureur; 2o en caractères de division ou développement d'une syllabe en deux, comme terraï pour terræ, ce qui est la diérèse; et hair, ambiguë, ce qui est le tréma; 3o en caractères de prononciation, qui sont la cédille, façade, façon ; et l'esprit grec, doux, comme dans ¿yw; ou rude, comme dans pulμos.

Les caractères d'accent comprennent l'accent aigu,

l'accent grave et l'accent circonflexe, employés dans le grec, le français et plusieurs autres langues.

Les caractères de quantité sont surtout usités dans le grec et le latin; ils existent aussi dans beaucoup de langues vivantes, entre autres dans l'Italien, l'Espagnol et l'Anglais, sous le nom particulier d'accent tonique. Nous avons eu occasion d'en parler.

Les caractères de la ponctuation, comme on l'a vu dans un chapitre du premier volume, ont pour objet une phrase complète ou les élémens de la phrase. Ces caractères ou signes de convention peuvent exprimer l'affirmation, l'interrogation, l'admiration, ou distinguer les divers membres d'une phrase.

Les principe de la prosodie sont la quantité, le mécanisme de la versification, l'accent et la ponctuation. La quantité est la durée du son dans chaque syllabe de mot; cette quantité est particulièrement marquée d'une manière sensible dans le grec et le latin; elle est ou naturelle ou artificielle, brève ou longue ou douteuse. Le mécanisme tient à la composition du vers conformément aux règles établies pour chaque langue. Le grec, le latin et l'allemand ont le pied et le mètre; l'italien et le français, la syllabe et la rime. L'anglais et l'italien peuvent avoir de plus le vers blanc ou sans rime obligée.

Le vers est la combinaison d'un certain nombre de pieds ou de syllabes, déterminé par les lois de la langue dans laquelle il est écrit. Le vers métrique est la combinaison de plusieurs pieds arrangés selon ces lois; le vers rimé est la combinaison d'un certain nombre de syllabes dont la dernière a une consonnance correspondante à celle de la syllabe finale d'un autre vers.

En combinant les pieds dans un vers, on fait attention à l'élision et à la césure. L'élision est la contraction ou suppression d'une voyelle d'un mot, et la césure marque le repos, après un certain nombre de pieds ou de syllabes, ce qui en français établit l'hémistiche ou moitié de vers.

En considérant le vers dans les pieds dont il est formé,

on distingue le rhythme et le mètre. Le rhythme est un espace terminé selon certaines lois; et le mètre ou mesure, est aussi un espace terminé, mais dont chaque partie est remplie selon certaines lois.

Le vers métrique est la réunion d'un certain nombre de pieds arrangés comme nous l'avons dit tout à l'heure, selon certaines lois. Ajoutons que ces pieds sont des spondées, dactyles, anapestes, trochées, etc.; ainsi que nous l'avons expliqué ailleurs, et que lire un vers composé de cette manière, en distinguant les pieds dont il est composé, c'est marquer les pieds par lesquels il marche; c'est le scander, mot tiré du latin scandere, monter; enfin c'est en marquer, indiquer la mesure, metiri, le mesurer. Exemple :

Tāntā mōlis ĕrāl rōmānām cōnděrě gēntém.

Le vers rimé, dans sa combinaison d'un certain nombre de syllabes fixées par la nature du sujet de la pensée, a, comme nous l'avons dit, une consonnance finale correspondante à une autre identique. Exemple :

Quelque sujet qu'on traite, ou plaisant ou sublime,
Que toujours le bon sens s'accorde avec la rime.

Ce que les Latins nommaient pied (pes), les Grecs le nommaient mètre (mesure), et nous l'appelons syllabe.

En considérant le vers dans la qualité et la quantité des sons, dans la coupe des phrases, on remarque le nombre, la cadence et la mélodie, mots que nous avons définis au chapitre des effets prosodiques.

A l'égard de l'accent prosodique, nous dirons qu'il se forme des diverses inflexions d'élévation ou d'abaissement que prend le ton de la voix en exprimant chaque syllabe de mot relativement à celles qui précédent ou qui suivent. Tel est l'accent des Grecs, des Latins, des Italiens, et même celui du français avec quelque modification.

Il y a aussi l'accent oratoire, l'accent musical, l'accent provincial, l'accent national, sujets que nous ne pouvons ici qu'indiquer en passant.

Pour ce qui est de la fin ou effet de la prosodie, cette fin ou cet effet est l'unité qui résulte de l'accord des principes prosodiques, versification, quantité, accent et ponctuation, par les lois de proportion, gradation et subordination selon lesquelles ils sont constitués, Les effets prosodiques sont la mélodie, le nombre et la cadence.

Nous ne pousserons pas plus loin ces remarques sommaires et rapides sur la prosodie; mais nous espérons bien es compléter un jour.

FIN DU SECOND ET DERNIER Volume.

« PreviousContinue »