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la tête que le commerce est autre chose qu'un refuge pour les << fruits secs »>.

III

A côté des défauts de nos méthodes, il faut signaler l'imperfection de notre outillage commercial. Assurément nous sommes moins riches que nos voisins en mines de houille; mais, comme le remarque très justement M. R.-G. Lévy, « ici comme ailleurs, ce ne sont pas les conditions matérielles qui nous condamnent à un état d'infériorité, mais le manque d'initiative de nos industriels. Au lieu de se contenter d'installations plus ou moins réduites et d'attendre le développement de la consommation indigène et étrangère, les Allemands se sont outillés de façon à exploiter, dans la mesure la plus large possible, les richesses minières et houillères reconnues sur leur territoire ». Que n'en faisons-nous autant? Tels de nos gisements, celui de la Sioule par exemple, n'est inexploité que parce qu'il n'est pas longé sur tout son parcours par une voie ferrée. Que dire de nos pierres d'Auvergne, dont la taille se fait en Allemagne, et qui reviennent ensuite à Clermont, grevées de frais considérables?

Nos chemins de fer, rayonnant tous autour de Paris, ne sont pas, au degré où il le faudrait, des instruments d'exportation. Ils auraient surtout besoin d'être doublés par des voies navigables qui, loin de leur faire concurrence, leur apporteraient des marchandises. Plus d'un vieux Clermontois se souvient d'avoir vu, il y a une trentaine d'années, l'Allier porter, en octobre, depuis le Saut-du-Loup, des bateaux chargés de pommes qui descendaient jusqu'en Anjou. Que reste-t-il de ce mouvement? Il pourrait reprendre un jour, si l'on ouvrait enfin, le long de la Loire, cette belle voie navigable qui serait le plus court chemin de l'Europe centrale à l'Atlantique. Non seulement nos fruits se vendraient dans les pays à cidre, mais nos confiseries iraient, à peu de frais, s'embarquer à Nantes pour l'Amérique; et, sur le marché de cette ville, les houilles de Brassac feraient concurrence aux houilles anglaises. Et quand donc fera-t-on enfin ce canal de Marseille au Rhône, tant de fois promis, tant de fois ajourné, et qu'on nous promet de nouveau?

Pour notre marine marchande, son infériorité est devenue presque proverbiale. Autrefois nous venions immédiatement après l'Angleterre. Aujourd'hui nous sommes dépassés non seulement par l'Allemagne et les Etats-Unis, mais même, si l'on tient compte des voiliers, par la Norvège! Nos propres produits ne sont pas exclusivement transportés par des vaisseaux français; dans le

mouvement de nos ports, notre pavillon ne compte que pour un tiers. Nous avons vu qu'une ligne allemande a un port d'attache à Cherbourg; de même, Marseille est maintenant le port d'attache de la grande ligne anglaise Peninsular et Oriental, et les produits du Japon arrivent dans ce port sur des vapeurs japonais. Lorsqu'on a conclu, en 1897, une convention nouvelle avec la compagnie transatlantique, c'est que l'on craignait de voir tout le trafic des Etats-Unis passer par les ports concurrents d'Europe ». En Amazonie, où nos caoutchoutiers ont de si gros intérêts, il n'y a pas de ligne française: deux lignes anglaises et une ligne allemande mènent à Para; une ligne allemande remonte le fleuve jusqu'à Manaos. San-Francisco, Panama ne voient plus notre pavillon. La seule compagnie française qui desservait les Etats sud-américains du Pacifique a disparu en 1893, et nos propres négociants sont obligés de s'adresser à trois lignes anglaises ou à deux allemandes.

Cette insuffisance des moyens de communication a des résultats apparents plus décourageants encore que la réalité. Par exemple, nos transactions avec le Canada s'élèvent à près de 40 millions par an; mais, par suite de l'absence d'une ligne directe régulière le Havre-Montréal, elles ne figurent dans nos statistiques que pour une somme sept fois moindre; et l'on croit ainsi que le commerce franco-canadien n'existe pas.

La responsabilité de l'Etat est lourde dans cette insuffisance de nos moyens de circulation intérieure et extérieure: ce sont nos lois sur la marine marchande qui arrêtent l'initiative de nos armateurs (1). De même, notre politique douanière est en grande partie cause de la stagnation de notre commerce d'exportation. Sans être libre-échangiste ni protectionniste, il faut constater que, depuis 1892, le chiffre de nos ventes a diminué en Suisse, en Hollande, en Belgique, en Roumanie, en Italie, en Grèce, tandis que le chiffre des ventes allemandes dans ces divers pays ne cessait de s'accroître. Nous avons, heureusement, renoncé à la guerre douanière avec la Suisse et, plus récemment, avec l'Italie. Mais, s'il est facile de détourner en un jour les courants commerciaux de leur route, il est plus malaisé de les y ramener. Pendant la période de lutte, nos concurrents ont conquis des positions dont nous ne pourrons les déloger qu'au prix d'un ruda effort.

Cet effort, divers symptômes rassurants permettent d'espérer qu'il sera fait. La grande œuvre accomplie dans la Chine méridio(1) Je ne puis qu'indiquer ici ce point.

nale et centrale par la mission lyonnaise prouve que la Chambre de commerce de Lyon et les Chambres qui s'étaient associées à elles ont compris que ce qui nous manquait le plus, c'était l'information commerciale (1). L'Office du commerce extérieur rendra également de grands services,si du moins on ne le transforme pas en une administration bureaucratique. Le mouvement qui pousse les Universités vers les applications de la science et vers l'étude des questions économiques ne peut manquer d'être fécond. La parole est maintenant aux industriels et aux cominerçants eux-mêmes.

Qu'ils n'oublient pas que la France a besoin d'eux : dans les guerres futures et je ne parle pas seulement ici de la guerre économique la victoire appartiendra sans doute au plus riche, à celui qui pourra le plus longtemps faire le plus de sacritices. Nous nous plaisions à penser autrefois que la France conserverait toujours, sur ses rivales, cette supériorité de la richesse. Mais voici que les Allemands veulent nous battre même sur ce terrain. A l'œuvre donc ! et que nos commerçants se disent qu'en luttant contre la concurrence étrangère, ils ne feront pas que s'enrichir eux-mêmes; ils auront, du même coup, bien mérité de la patrie. HENRI HAUSER.

Sujets de Devoirs

Université de Caen

I

PHILOSOPHIE

La croyance est-elle volontaire ?

HISTOIRE

L'expédition de Sicile (causes de l'intervention des Athéniens; caractères et phases de la lutte; résultats).

La Mandchourie.

GÉOGRAPHIE

(1) Cet exemple a d'ailleurs été aussitôt suivi par plusieurs Chambres allemandes et anglaises.

COMPOSITION FRANÇAISE

Agrégation

A propos de la lettre 51, du 4 novembre 1871, à Mme de Grignan, sur les traités de morale de Nicole, étudier les rapports de Mme de Sévigné et de Port-Royal (les candidats qui n'auront pas le temps de dépouiller toute la correspondance de la marquise, pourront réunir les principaux textes en consultant la table des matières du tome XII de l'édition des Grands Ecrivains).

Licence

Que pensez-vous de ce jugement d'un critique contemporain : « Si j'avais à choisir, parmi les différents fragments de Pascal, un fragment qui pût servir d'épigraphe au livre des Pensées, et qui le résumât tout entier, je prendrais celui-ci : « Il faut savoir douter où il faut, se soumettre où il faut, croire où il faut ? » (BRUNETIÈRE, Etudes critiques, première série.)

COMPOSITION LATINE

Homerica Nexolz (Odyss. x1) Virgilianos Inferos (Æn. vi) comparabilis.

VERSION LATINE

Verrines, Divinatio,les §§ XVIII et XIX « Hic tu, si............», à : << ..... interponere.

THEME LATIN

La Bruyère, Des Grands. Quelle est l'incurable maladie de Théophile..... »

THÈME GREC

Pascal, Pensées, XI. Depuis : « En voyant l'aveuglement », jusqu'à : « quelques marques de soi ».

GRAMMAIRE ET PHILOLOGIE

Agrégation

1° Etudier, au point de vue grammatical, la strophe ' de la seconde Olympique.

2o Du redoublement dans la langue grecque.

3° Sophocle, Ajax. Faire sur les vers 21-35 les remarques de syntaxe qui paraîtront nécessaires.

4o Scander les vers de Sophocle indiqués ci-dessus.

5o Plaute, Trinummus. Etudier, au point de vue grammatical, les vers 128-145.

6o Des diverses constructions de l'ablatif absolu.

70 Tite Live, livre xxi, chapitre 30. Faire passer du style indirect au style direct le discours d'Annibal.

8° Indiquer la quantité de la terminaison des mots Delos, Agamemno, Nestor, chaos, aer, Theseus, Idoneus, Achilles, Thetis, aux divers cas où ces mots se trouvent employés.

ALLEMAND
Version

Agrégation. — Die metamorphose der Pflanzen (Goethe, Gott und Welt).

: Licence et Certificat.

--

« Aus meinem Leben, 1. vII. Habe ich durch diese cursorischen Bemerkungen », jusqu'à :

frühere Neigung ».

Thème.

α Meine

A grégation. Licence et Certificat. Rousseau. Confessions, livre I. La tyrannie de mon maître », jusqu'à la fin du paragraphe.

Dissertation

Quelle est l'importance de Luther dans l'histoire de la prose allemande (en allemand ou en français)?

ANGLAIS

Thème. Chateaubriand, Essai sur la Littérature anglaise. Les deux premiers paragraphes du morceau intitulé: « Shakespeare, l'un des cinq ou six génies dominateurs ».

Dissertation anglaise. - Agrégation. -The English Conjugation in Phaucr. Instances to be taken from the first part of the Canon's Yeomans Tale.

Licence. The character of Becky Sharp'in Vanity Fair.

Version. Swift, Battle of the Books. « Not to disparage myself, said he..... », jusqu'à « So that, in short ».

Dissertation française. - Agrégation et Certificat. Shakespeare, imitateur de Plutarque.

II

PHILOSOPHIE

L'utilitarisme justifie-t-il le dévouement et le sacrifice?

HISTOIRE

Causes de la guerre de Crimée. A qui incombe la responsa

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