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vaux, on tomba dans un excès opposé, on souffrit qu'il s'en érigeât mille, et l'on n'en eut pas un bon.

Sous le rapport des pièces patriotiques, nous convenons que dans un gouverne ment qui naît à la liberté, il est peu de véhicule aussi puissant que celui que procure la représentation d'un ouvrage ou l'amour de la patrie et les sentimens qu'il fait naître sont exprimés avec chaleur ; l'étincelle électrique se communique à tous les spectateurs, l'enthousiasme éclate et produit une fermentation dont le levain. précieux reste dans l'ame de celui qui a été témoin de l'action et de l'effervessence qu'elle a produite; dans un gouver nement libre, et qui est enfin assis sur des bases solides, il est encore bon d'entietenir le peuple de ses droits, de maintenir sa haine contre les tyrans et ceux qui voudroient attenter à sa liberté, mais il

ne

faut pas pour cela, comme sous le règne

de la terreur, bannir de la scène tous les, chefs-d'œuvre dramatiques, parce qu'il y est question de rois, et encourager les plus dégoûtantes rapsodies, parce qu'il y est

question de liberté et de fraternité: il y a en tout un juste milieu, et les arts ainsi que les belles-lettres, exigent pour leur développement, une liberté à laquelle on ne peut porter la plus légère atteinte, sans nuire essentiellement à leurs progrès.

tous

Au moyen de ce que la république étoit décrétée et substituée à la monarchie, il étoit bon de ne pas laisser subsister les anciennes dénominations qui pouvoient rappeler la royauté; effectivement, on avoit banni toutes les anciennes qualifications féodales, et chaque jour on faisoit disparoître avec la plus grande activité, les signes, tous les noms qui pouvoient avoir quelques rapports à l'ancien régime; les armoiries, les fleurs-de-lys furent enlevées de tous les édifices, de tous les lieux où elles pouvoient encore se trouver; on fut jusqu'à déclarer suspects, et à incarcérer comme teis, des citoyens qui, sans mauvaise intention, avoient oublié de faire disparoître ces marques proscrites, parce qu'elles se trouvoient quelquefois dans des endroits écartés ou des recoins de leurs maisons qu'ils n'avoient pas apere

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gus. Comme les plaques de cheminées étoient presque toutes ornées d'un écusson portant les armes de France, tous les citoyens furent obligés de les faire retourper on supprima aussi les dénominations de villes, bourgs et villages, auxquelles on substitua le nom de commune.

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Parmi des réformes ridicules en ce genre on en fit aussi d'utiles ou de plus sérieuses: en attendant que l'on réformât les poids et mesures que l'on mît de l'uniformité entr'elles; en attendant que l'on changeât les monnoies et particulièrement leur effigie, et que l'on substituât le systême décimal au systême duodénaire on réforma l'ancien calendrier, et on le remplaça par un autre, dont la division des mois en décades, s'allioit d'avance avec le calcul décimal qu'on se proposoit dèslors d'établir. Voici les articles fondamen taux du décret rendu à ce sujet. « L'ère des Français compte de la fondation de la république, qui a eu lieu le 22 septembre 1794 de l'ère vulgaire, jour où le soleil est arrivé à l'équinoxe vrai d'automne, en entrant dans le signe de la Balance, à

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heures 18 minutes 30 secondes du ma tin, po

D

, pour l'Observatoire de Paris. L'ère vulgaire est abolie pour les usages civils.

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Le commencement de chaque année est fixé à minuit commençant le jour où tombe l'équinoxe vrai d'automne ? pour l'Observatoire de Paris. La première année de la république française a commencé à minuit, le 22 septembre 1792, et a fini à minuit, séparant le 21 du 22 septembre 1793. Le décret qui fixoit le commencement de la seconde année républicaine est rapporté tous les actes datés de l'an second de la république, dans le courant du 1. janvier au 22 septembre 1793 exclusivement, doivent être regardés comme appartenant à l'an 1. de la république.

L'ancien calendrier avoit quelque chose de ridicule en soi, d'inconvenant, et particulièrement pour des chrétiens, en ce que la dénomination des mois dérivoit des dieux du paganisme; il étoit ridicule aussi que les mois de septembre, octobre, novembre et décembre, qui, par leur qualification, par le mécanisme de leurs noms

sembloient devoir être les 7, 8

.

,9 et 1omes. mois de l'année, n'en fussent que les neuvième, dixième, onzième et douzième. La dénomination des jours de la semaine étoit également pour le tems passé un mélange de profane et de sacré ; elle rappeloit indistinctement et Mars et Vénus et le jour, du sabat et le jour destiné à sanctifier le christ. Mais ce que l'ancien calendrier offroit sans doute de plus risible aux yeux des penseurs, et de plus affreux pour les nouveaux réformateurs, c'étoit cette légende interminable de saints, de tous les âges, de tous les tems, de tous les lieux, de tout sexe dont les noms se trouvoient impitoyablement accolés à chaque jour de l'année. Tous ces héros chrétiens, dont les promesses étoient aussi fabuleuses et moins riantes que celles des demi-dieux de l'antiquité, ne faisoient plus depuis long-tems qu'exciter le rire de la pitié, et à l'exception de quelques-uns qui méritoient plus la qualification de grands hommes que celle de saints, les autres n'étoient guère connus que par leur dé mence, leur frénésie ou les contes risibles

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