Page images
PDF
EPUB

ce qui s'y passoit. C'est ici le cas de remarquer que, si Robespierre, qui par goût, ou pour l'exécution de ses desseins, faisoit verser tant de sang, a été accusé dans un tems, d'avoir lui seul dressé les listes de proscription, et commandé à Fouquier tous les massacres du tribunal révolutionnaire, cette accusation n'est pas entière-. ment conforme à la vérité; car il est bon de dire, que, pendant le mois qu'il cessa d'aller au comité de salut public, ce co mité fit mettre en jugement et exécuter plus de citoyens, dans cet intervalle, qu'on en avoit mis à mort dans les deux mois précédens.

Cependant, Robespierre, après cette rupture ouverte avec ses collègues du comité de salut public, n'en conservoit pas moins une portion majeure de l'autorité que s'étoit arrogée ce comité, et faisant passer, soit par lui-même ou par les siens, des projets de décret à la convention ne daignoit pas les communiquer aux autres membres des comités de gouvernement; entouré de ses créatures, il travailloit à

mettre à exécution les maximes suivantes, qu'après sa mort l'on trouva chez lui écrites de sa main.

[ocr errors]
[ocr errors]

Il faut une volonté une. Les dangers intérieurs viennent des bourgeois. POUR VAINCRE LES BOURGEOIS, il faut rallier le peuple. Il faut que les SANS CULOTTES soient payés et restent dans les villes. Il faut leur procurer des armes LES COLÉRER et que l'insurrection s'étende de proche en proche sur le même plan. Il faut pros crire les écrivains comme les plus dangereux ennemis de la patrie; punir surtout LES DÉPUTÉS et les administrations coupables. Si les députés sont renvoyés chez eux la république est perdue. ́ils continueront d'égarer leurs départemens. D'après ces lignes, tracées de la main du tyran, il ne reste plus de doute sur le projet qu'il avoit d'anéantir tous les riches pour consolider sa puissance, en faisant passer une partie de leur fortune dans les mains de ceux qui n'en avoient pas ; cette mutation des propriétés étoit un des ressorts les plus puissans de son pouvoir, puisqu'il attachoit à son char tous ceux qui n'avoient rien et qu'il promettoit d'enrichir il ne reste plus de doutes sur le projet qu'il avoit de faire périr tous les députés; ce projet étoit aussi hardi de sa

1

il

part qu'il étoit horrible ; il étoit d'autant plus hardi, que, pour le mettre à fin," vouloit se passer des autres membres des comités de gouvernement qu'il lui étoit important d'écraser eux-mêmes. Timide dans ses entreprises, il avoit balancé entre un nouveau 31 mai, ou un massacre en masse, Il avoit voulu d'abord se servir de la société des Jacobins pour faire décimer de nouveau la convention en insinuant à cette société d'aller à l'assemblée demander la tête de quatre ou cinq députés, qu'il appeloit des scélérats (1); mais reve

(1) Par les quatre ou cinq scélérats de la convention qu'il vouloit faire assassiner, Robespierre n'auroit-il pas entendu parler des députés suivans, sur lesquels on trouva des notes écrites de sa main après le 9 thermidor. Voici ces notes.

Dubois-Crancé est dans le cas de la loi du 27 germinal qui bannit de Paris ceux qui ont fait valoir de faux titres pour usurper la noblesse, La preuve en est écrite dans Denizard. Cette circonstance n'a pas empêché qu'il ne restât en mission où il a usurpé toute la plénitude des pouvoirs nationaux ; il ne vouloit pas prendré Lyon d'où il a laissé échapper Précy et ses complices

nant à son idée première, il trouva plus opportun de frapper d'un seul coup la

Il ne figura jamais dans les deux assemblées, que comme partisan de d'Orléans, avec qui il étoit étroitement lié.

Delmas est un ci-devant noble , intrigant taré. Il étoit coalisé avec la Gironde et intimement lié avec Lacroix. Ce ne peut être que par un revirement d'intrigue qu'il a paru se déclarer pour la Montagne dans l'affaire de Marat, dont il avoit été le persécuteur. Il s'est depuis intimement coalisé avec Danton; c'est lui qui, au tems de l'accusation portée contre ce dernier et ses complices, lutta scandaleusement contre le comité de salut public.

Thuriot ne fut jamais qu'un partisan de d'Or léans. Son silence depuis la chûte de Danton et depuis son expulsion des jacobins, contraste avec son bavardage éternel avant cette époque. Il se borne à intriguer sourdement. C'est lui qui le premier fit une tentative pour arrêter le mouvement révolutionnaire, en prêchant l'indulgence sous le nom de morale, lorsqu'on porta les premiers coups à l'aristocratie. Il cabala d'une manière visible pour armer la convention nationale contre le comité de salut public, lorsque ce comité fit le rapport contre Danton, Chabot et autres.

Bourdon de l'Oise s'est couvert de crimes

ན་

généralité de la représentation nationale; et déjà de vastes souterrains, des catacom

dans la Vendée, où il s'est donné le plaisir dans ses orgies avec le traître Tunk, de tuer des volontaires, de sa main; il joint la perfidie à la fureur. Il a fait la motion de ne plus payer d'impôts directs, celle de dessécher les étangs, dans un moment où l'on manquoit de viandes, pour nous enlever la ressource du poisson. Il a déclamé dernièrement contre le décret sur le tribunal revolutionnaire. Il a été le plus fougueux défenseur du systême de l'athéïsme. Il n'a cessé de faire du décret qui proclame l'existence de l'Etre suprême, un moyen de susciter dans la Montagne des ennemis au gouvernement, et il a réussi. Le jour de la fête à l'Etre-suprême, en présence du peuple, il s'est permis sur ce sujet les plus grossiers sarcasmes et les déclamations les plus indécentes. Il faisoit remarquer avec méchanceté, aux membres de la convention, les marques d'intérêt que le public donnoit au président ( à lui Kobespierre) pour tirer contre lui des inductions atroces dans le sens des ennemis de la république. Il y a une lettre de Bourdon-de-l'Oise, déposée à la police et par lui écrite à un contre révolutionnaire, dans laquelle il dit les détenus seront bienque tôt mis en liberté et qu'on mettra à leur place. ceux qui les ont fait incarcérer. Ce Bourdon

« PreviousContinue »