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mier cri

de désespoir commençant à s'échapper, étoit un signe de rébellion, une preuve d'insurrection 1 contre les scélérats. qui gouvernoient, et du moment que l'on osoit, les comités de gouvernement durent se sentir perdus..

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Que l'on pèse attentivement cette monstrueuse nomenclature de coupables, que l'on examine combien de corollaires s'échappoient des points cardinaux établis par cette horrible loi, et l'on sera convaincu que la faulx de la mort planoit indistincte ment sur toutes les têtes. Parmi les nom breuses victimes que frappoient journelle ment les assassins patentés aux gages de Fouquier Tinville, il s'en trouvoit, parfois, une ou deux (rari nantes in gurgite vasto) qui échappoient, comme par miracle, au carnage commandé par ce tribunal révolutionnaire; eh bien, d'après cette loi, ce tribunal peut juguler à son aise, mais il ne lui reste pas la faculté de mettre un seul individu en liberté, il faut que cet individu, en sortant d'être ac quitté par des bourreaux, retombe dans les serres du comité de salut public. Il faut que

chacun dénonce, ou s'expose à être dénoncé soi-même. Plus de conseils à un accusé, plus de faits matériels pour établir un corps de délit, c'est sur la figure que vous portez, qu'on doit vous juger,et le défenseur que l'on vous donne pour vous protéger, c'est l'assas sin qu'on a payé pour vous poignarder: c'est bien le cas de dire, la France divisée alors en deux classes, n'offroit plus que des assassins d'une part, et que des cadavres de l'autre.

Gouthon avoit à peine lu le dernier árticle de cette loi, que Ruamps s'écria que si elle passoit sans être discutée, il ne . resteroit plus aux députés qu'à se brûler la cervelle. Sur cette exclamation hardie, un des membres du comité de salut public l'astucieux et insolent Barrère, étonné de cette résistance imprévue, demande avec hauteur si l'ajournement réclamé par Ruamps, est un ajournement indéfini. Non, s'écrie Lecointre de Versailles, nous re demandons que deux jours». Robespierre étouffant de rage et pressentant les suites que pouvoit avoir une pareille liberté de parler qu'osoient s'arroger les députés, monte à la tribune, et quittant son air

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mielleux, s'éctie : « Que bien que la liberté de demander un ajournement soit incon testable, quoiqu'on le couvre de motifs spécieux peut-être, cependant cette demande compromet évidemment le salut de la patrie; il ajoute : que l'on examine cette loi, au premier aspect on verra qu'elle ne renferme aucune disposition qui ne fût adoptée d'avance par tous les amis de la liberté qu'il n'y a pas un article qui ne soit fondé sur la justice et la raison. Citoyens, continue-t-il, en adressant la parole aux députés, on veut vous diviser on veut vous épouvanter; eh bien ! qu'on sache donc que c'est nous qui avons défendu une partie de cette assemblée ( le reste de la Gironde) contre les poignards que quelques hommes animés d'un faux zèle (quelques Montagnards) vouloient aiguiser contre vous. Nous nous exposons aux assassins particuliers, pour poursuivre les assassins publics. Nous voulons bien mourir, mais nous voulons que la patrie et la convention soient sauvées ».

Il n'y avoit rien de plus perfide que ce discours; Robespierre armoit le Marais ou

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le reste de la Gironde çontre la Montagne, il vouloit les diviser pour les écrâser ensuite d'un seul coup; quelle terreur ces pa roles funestes ne durent-elles pas jeter de nouveau dans la convention? Bourdon de l'Oise, qui étoit contre la nouvelle loi, ne se tient pas pour battu, il insiste pour l'ajournement. Robespierre de son côté, insiste pour qu'elle soit admise sur-lechamp, et pour appuyer sa prétention, il dit que, depuis long-tems, la convention ne discute plus les loix, parce qu'elle n'est plus asservie à l'empire des factions, que d'ailleurs, celle présentée par Couthon, n'est ni plus compliquée, ni plus obscure que celles que le comité de salut public a antérieurement proposées pour le salut de la patrie. Robespierre l'emporte, la loi passe à l'unanimité,

Bien que Robespierre et son comité, eussent triomphé ce jour-là, la lutte n'étoit pas définitivement terminée, et le len demain on revient sur ce qui s'étoit passé la veille. Bourdon de l'Oise. Malgré l'aigreur qui s'est mêlée hier à la discussion qui a eu lieu au sujet du décret salutaire

(qu'on juge par ce mot, de l'effroi qu'ins piroient les tyrans, et quels détours il falloit employer pour les combattre) que nous avous rendu relativement au tribunal révolutionnaire, il faut en revenir aux principes. Je demande, qu'en explication du dixième article, nous déclarions formellement que ni les comités, ni les représen tans en mission, ni l'accusateur public, ne puissent traduire un député au tribunal révolutionnaire, sans un décret préalable. Merlin de Douai. Je demande la ques tion préalable, mais avec un considérant ainsi conçu: « La convention nationale sur la proposition d'un membre, tendante à ce qu'il soit décrété que par le décret d'hier, concernant le tribunal révolution. naire, elle n'a pas entendu déroger aux loix qui défendent de traduire au tribunal révolutionnaire aucun représentant du peu ple, sans qu'au préalable il ait été rendu un décret d'accusation contre lui; considérant que le droit exclusif de la représentation nationale de décréter ses membres d'accusation, et de les faire mettre en ju

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