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qu'elle déguise la fausseté sous l'emportement. Les aristocrates parlent et agissent avec tyrannies l'homme révolutionnaire est intraitable aux mé chans, mais il est sensible, il est si jaloux de fa gloire de la patrie et de la liberté, qu'il ne fait rien inconsidérément; il court dans les com bats il poursuit les coupables et défend l'inno cence devant les tribunaux. Il dit la vérité, afin qu'elle instruise et non pas qu'elle cutrage. Il sait que, pour que la révolution s'affermisse il faut être aussi bon aujourd'hui qu'on étoit méchant autrefois. La probité n'est pas une finesse de l'esprit, mais une qualité du cœur bien entendue. Marat étoit doux dans son ménage, ( il vivoit avec une prostituée aussi hideuse de figure qu'atroce le e cœur) il n'épouvantoit, que les traîtres, Jean Jacques Rousseau étoit révolutionnaire, er n'étoit pas insolent; d'où je conclus qu'un révolutionnaire est un héros de bon sens et de

par

probité ».

Et après cette belle conclusion, SaintJust fit décréter, entre autres choses, que tous les prévenus de conspiration seroient traduits, de tous les points de la républi que, au tribunal révolutionnaire de Paris; que les comités de salut public et, de sûreté générale rechercheroient prompte. ment les complices des conjurés, et les feroient traduire au tribunal révolutionnaire

sans délai. Il fut enjoint à tous les tribu

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naux civils et à toutes les administrations, de terminer dans, trois mois compter de la promulgation du présent décret, les affaires pendantes, à peine de. destitution, et à l'avenir toutes les affaires privées, dans le même délai, sous la même peine. Il fut enjoint aux nobles, non encore reclus, et aux étrangers de quitter Paris, de ne point approcher de cette ville ni des places fortes, de les vuider sous trois jours, sous peine de mort; et l'on prononça la peine de déportation à la Guyanne, contre ceux qui vivroient sans

travailler.

En ordonnant que tous les prévenus de conspiration seroient envoyés des départe mens à Paris, pour y être jugés par le tribunal révolutionnaire, les comités avoient pour but d'empêcher que quelques détenus ne leur échappassent; car, encore bien que la mort planât sur tous les points de la république, et particulièrement dans toutes les villes où il y avoit des représentans en mission, il est vrai de dire qu'il existoir quelques communes où les tribunaux cri

minels ne jugeoient pas aussi révolution* nairement qu'à Paris, et sauvoient la vie à quelques victimes; et en les faisant conduire à Paris pour être ju par Fouquier, il étoit certain qu'elles n'échappe roient pas à la mort.

Cette loi barbare ne laissoit effective ment plus d'espoir aux détenus. Ceur des départemens se voyoient déjà condamnés en arrivant à Paris. Comment d'ailleurs auroient-ils pu conserver quelqu'espérance? Couthon, le vil complaisant de Robespierre, annonçoit lui même à la tribune, que les innocens qui se trouvoient parmi les incarcérés étoient en si petit nombre, que d'après les renseignemens donnés par la commission populaire en activité, ils se trouvoient seulement dans la proportion d'un à quatrevingt; en sorte que si, tant dans Paris que dans les départemens, il se trouvoit encore quatre-vingt mille suspects ou incarcérés, il falloit en égorger soixante-dixneuf mille.

Plus on abattoit de têtes, plus les tyrans se mettoient dans la nécessité d'en abattre l'extermination de la Vendée,

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les mitraillades de Lyon, les noyades et fusillades de Nantes, tout cela dépeuploit le sol de la France au gré de leurs desirs, mais les effets étoient encore trop lents; la guillotine, quoiqu'elle abattît soixante têtes dans soixante minutes, n'étoit point encore un instrument assez expéditif. On vouloit multiplier et accélérer encore da❤ vantage ces asssasinats, mais il falloit des ménagemens ; le sang qui ruisseloit de l'échafaud, empestoit l'air, le murmure étoit sur les lèvres de quelques gens du peuple' qui commençoient à s'appercevoir que Fouquier et son tribunal tuoient les gens sans les entendre. Cependant les dignes membres des comités de gouvernement, qui ne se décourageoient pas pour si peu, envoyèrent chercher Fouquier pour savoir si, au lieu de condamner à mort soixante individus par jour, il ne pourroit pas en faire périr cent cinquante, ou au moins par fournée.

cent

Il faut dire à la louange de ce misérable Fouquier, que cette proposition le ré volta; il se mit dans une fureur étrange, il accusa les membres des comités d'être des

monstres qui avoient l'impudeur de le char ger de l'odieux de tous leurs assassinats et sortit du lieu où ils étoient, en leur déclarant qu'il n'en condamneroit pas à mort plus de soixante par jour. Fouquier aveua même depuis, lors de son procès, qu'en sortant de ces comités où l'on venoit de lui faire une pareille proposition, son bon sens sa raison l'abandonnèrent; qu'en traversant le pont royal, il lui sembloit

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que la Seine ne rouloit que du sang et des cadavres, que ses cheveux se hérissèrent et qu'il croyoit voir sortir de chaque pávé sur lequel il marchoit, les spectres mutilés de tous ceux qu'il avoit égorgés.

Justice du ciel, tu te fais donc sentir aux scélérats! Ah! cette certitude est la seule consolation de l'homme de bien, puisque tu ne peux exister contre le crime, sans exister aussi pour la vertu.

Parmi les nombreuses victimes frappées par le tribunal de Fouquier, et dont nous ne pouvons donner les noms à cause de leur multiplicité, il en est une pourtant sur laquelle nous ne pouvons nous dispenser de dire quelque chose. Nous parlons de la

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