Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

Telles furent les propositions de ces Jacobins, qui furent aussi-tôt transformées en loix sur la motion de Robespierre appuyée par Barrère.

[ocr errors]

J

cc La

Le président du tribunal eut lui-même. l'impudence de soutenir la députation des Jacobins par une lettre, dans laquelle il marquoit à la convention, que les accusés. vouloient éterniser leur procès, en faisant chacun une plaidoirie générale : France entière, disoit ce monstre,, dans son abominable épître, la France entière accuse ceux dont nous instruisons le procès, les preuves de leurs crimes sont évidentes, chacun a dans son ame la a convic. tion qu'ils sont coupables: le tribunal pourtant ne peut rien faire, il faut qu'il suive la loi ; c'est à la convention à faire disparoître toutes les formalités qui entravent sa marche ».

Les vœux de ce tribunal de tigres furent exaucés par le décret rendu sur la députation des Jacobins dont nous venons de et en condamnaut sans forme de procès les accusés qui étoient devant eux, ils se hâtèrent de se débarrasser

rendre comptes

de

l'image importune que leur offroient dés victimes luttant avec les armes victorieuses de la raison, contre des bourreaux implacables qui vouloient les égorger à quelque prix que ce fût.

cet

A peine le décret qui autorisoit le juri à cesser l'instruction du procès dès qu'il se croiroit suffisamment instruit, fut-il renda, que le juré Antonelle, membre de exécrable tribunal, demanda que ce tribunal déclarât qu'il étoit suffisamment instruit. En vain les accusés réclamèrent contre cette formalité horrible; en vain ils représentèrent qu'on n'avoit entendu aucuns témoins à décharge, que plusieurs d'entre eux n'avoient pas même été nommés dans l'instruction du procès, qu'on ne pouvoit les condamner sans les entendre: ces cris furent inutiles, l'arrêt de mort fut prononcé.

Valazé, l'un d'eux, se poignarda aussitôt dans la salle et tomba mort aux pieds de ses collègues. Brissot, Vergniaud, Gensonné, Lasource, Fonfrède, Sillery, Ducos, Carra, Duperret, Gardien, Duprar, Faucher, Beauvais, Duchatel, Mainvielle, Lacaze, Lehardi, Boileau, Antiboul et

B

[ocr errors]

Vigée furent conduits le lendemain à l'és chafaud: les autres coaccusés, se doutant du sort qui les attendoit, s'étoient sonstraits au supplice par la fuite, Le féroce Fouquier, voulant tourmenter ses victimes jusqu'au dernier instant de leur existence fit ordonner que le cadavre de Valazé seroit conduit, traîné au lieu du supplice dans la même charrette que les condamnés, pour être enseveli avec eux.

[ocr errors]

Si ces malheureux eurent, dans le court intervalle de l'instruction de leur procès la foiblesse de vouloir échapper à la mort par des réponses qui ne furent pas toujours dignes d'eux, leur jugement fut à peine prononcé qu'ils reprirent toute leur énergie et leur courage: le cri de vive la répu blique fut unanime dans leur bouche, leurs. derniers vœux furent pour le bonheur de leur patrie; ils passèrent la nuit à philoso pher et le lendemain marchèrent à l'écha faud avec l'héroïsme qui naît d'une cons cience sans reproche et cette fierté qu'ins pire l'amour de son pays à un martye de la liberté.

D'Orléans, transféré de Marseille à Paris,

[ocr errors]

et auquel on avoit rendu commun l'acte d'accusation dressé contre Vergniaud et consorts, subir la peine de mort peu de tems après. Son procès s'instruisit sans bruit; aucuns de ceux qui avoient jadis secondé ses vues ne se soucièrent de remuer pour prendre sa défense; ils furent flattés au contraire que la procédure et l'instruction du procès fussent de courte durée, afin d'ensevelir dans l'oubli les preuves de leur complicité. D'Orléans fut à peine arrivé à" la Conciergerie, qu'il parut au tribunal ré volutionnaire et fut de-la au supplice. Il vit bien qu'il étoit sacrifié par ceux qui jadis avoient été ses prôneurs ; il dédaigna de les compromettre par des aveux qui autoient pu les écraser, s'ils eussent été faits publiquement, et mourut avec plus de courage et de fermeté qu'on ne devoit en attendre d'un homme qui jusqu'alors avoit sali son existence par des bassesses et des lâchetés. Le peuple l'insulta généralement dans le trajet qu'il fit de la Conciergerie à la place de la Révolution; chacun le vit périr avec satisfaction, parce qu'on le regardoit comme une des causes principales B &

Pas

des horreurs qui avoient existé et qui existoient encore, et qu'on ne lui pardonnoit. d'avoir, à la convention, voté la mort de Louis XVI son parent. Une justice à rendre à la convention et qui doit trouver ici sa place, c'est qu'au moment où d'Orleans vota la mort de Louis, il partit de la majorité de l' l'assemblée et de la totalité des tribunes, un bruit unanime, un bourdonnement sourd qui dénotoit l'indignation qu'inspiroit une conduite aussi affreuse.

Peu de tems après cette exécution, celle. de la femme de l'ancien ministre Roland eut lieu, elle mourut en héroïne. GireyDuprey, collaborateur de Brissot et jeune homme d'une grande espérance, transféré de Bordeaux à Paris, fut immolé quelques jours après; rien n'égala sa tranquillité, sa grandeur d'ame en allant au supplice. Rabaut-Saint-Étienne monta ensuite sur l'échafaud: déclaré traitre à la patrie,

hors la loi, il s'étoit retiré chez des amis généreux où il fut découvert par la trahison d'un ouvrier qui avoit aidé à fabriquer l'asyle dans lequel il étoit caché. Rabaut étoit un homme du plus grand mérite, un

« PreviousContinue »