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d'abord sur la valeur réelle du mot, sur son sens étymologique; puis de faire connaître, par une définition claire et précise, la science qu'il désigne. De cette manière on évitera les équivoques, et l'on s'épargnera une foule de discussions et de querelles.

Ces premières difficultés étant éclaircies, il nous reste à dire comment on peut diviser la philosophie proprement dite, celle qui est l'objet de l'enseignement classique, et quels sont les fondements sur lesquels elle repose.

La philosophie, telle qu'elle est enseignée dans les lycées et autres établissements publics, peut être divisée en trois parties, la logique, la métaphysique et la morale'.

Quant aux vérités fondamentales sur lesquelles elle

1 Remarquons toutefois que la philosophie proprement dite est susceptible de plusieurs divisions, selon les différents points de vue sous lesquels on la considère. En effet, comme toute science a un objet dont elle s'occupe, et qu'en l'étudiant elle se propose un but; que ce but peut n'être pas toujours le même, et que, pour l'atteindre, elle peut suivre différentes routes, il en résulte que pour diviser la philosophie proprement dite, celle qu'on enseigne dans les colléges, on peut avoir égard, soit aux objets dont elle s'occupe, soit au but qu'elle se propose.

Les objets dont s'occupe la philosophie sont Dieu et l'homme; ainsi, sous ce premier point de vue, on peut encore diviser la philosophie en trois parties: la Théodicée, ou Traité de Dieu et de ses attributs; la Psychologie et logique, ou Traité de l'âme et de ses facultés; et la Morale, ou Traité des devoirs de l'homme.

Quant au but qu'elle se propose, il peut être double. En effet, ou l'on se borne à rechercher quelle est la nature et quelles sont les facultés de l'homme, quelles sont les perfections de Dieu; ou bien de la connaissance de Dieu et de l'homme on peut déduire des préceptes qui nous gouvernent dans la vie. D'où l'on voit que, considérée sous ce second point de vue, la philosophie pourrait encore être divisée en philosophie spéculative et en philosophie pratique.

repose, ce sont certaines propositions générales et évidentes que personne ne conteste.

Ces propositions ont reçu le nom de principes ou axiomes. Il y a des principes ou axiomes en logique, en métaphysique et en morale.

Les principes sur lesquels repose la logique, sont : 1° Que deux choses sont égales entre elles, lorsqu'elles sont égales à une seule et même troisième;

2o Que deux choses, dont l'une est égale à une troisième, et dont l'autre ne lui est pas égale, sont inégales entre elles.

Ceux qui servent de base à la métaphysique, sont : 1° Qu'il n'est pas d'effet sans cause;

2o Qu'il faut être avant d'agir, etc.

Et ceux sur lesquels la morale s'appuie, sont : 1° Qu'il ne faut pas faire à autrui ce que nous ne voudrions pas qui nous fût fait;

Quod ab alio oderis fieri tibi, vide ne tu aliquando alteri facias. Tobie, ch. iv, v. 16.

2o Qu'il faut faire à autrui ce que nous voudrions que l'on fit pour nous.

Omnia ergo quæcumque vultis ut faciant vobis homines, et vos facite : hoc est enim lex et prophetae. Saint Matthieu, ch. vii, v. 12.

De ces deux axiomes qui servent de fondement à la morale, le premier renferme tous les devoirs de justice, le second tous les devoirs d'humanité.

Ceci posé, on voit que demander s'il y a une philosophie, si la philosophie existe, c'est demander si les principes que nous venons d'énoncer sont vrais; s'il

est vrai, par exemple, que deux choses sont égales entre elles, lorsqu'elles sont égales à une seule et même troisième, etc.

Or, comme on ne peut pas plus douter de la vérité de ces principes, qu'on ne peut douter s'il fait jour en plein midi, il s'ensuit qu'on ne peut nullement mettre en doute l'existence de la philosophie.

Telles sont les explications préliminaires qu'il nous a paru indispensable de connaître, avant de nous attacher spécialement à l'étude de la logique.

DÉFINITION ET DIVISION DE LA LOGIQUE.

La logique est une science pratique qui fait connaître les facultés de l'entendement et qui apprend à les diriger'.

La logique est véritablement une science, puisque de principes certains elle déduit des conséquences

vraies.

D'un autre côté, ce n'est pas sans raison qu'on lui donne le nom de science pratique car, comme elle a pour but de diriger les opérations de l'esprit, et que, dans le fait, elle nous apprend à faire de nos facultés intellectuelles le meilleur emploi possible, on peut dire qu'étant d'un usage habituel et familier,

On voit par cette définition que sous le nom de logique, nous comprenons la psychologie, c'est-à-dire l'étude des divers états passifs et actifs de l'âme, et la logique proprement dite.

Le mot logique vient du grec λóyos, qui signifie discours, parole, rapport, calcul.

2 Le mot esprit est quelquefois employé comme synonyme du mot entendement.

elle est véritablement une science pratique, c'est-àdire une science qui ne s'arrête pas à la simple spéculation, mais qui agit.

Les auteurs de la Logique de Port-Royal, et Condillac, ont défini la logique l'art de penser.

Si penser, dans son acception la plus générale, signifie produire des actes intellectuels, exercer son entendement, et qu'ainsi l'art de penser ne soit vraiment que l'art de diriger les opérations de l'esprit, comme nous le croyons, nous faisons remarquer sur cette définition qu'elle n'est point exacte, ou plutôt qu'elle est incomplète; car la logique ne se borne pas à diriger les opérations de l'esprit, elle apprend, de plus, à les connaître, et, comme nous allons le dire à l'instant même, la logique est la science de l'entendement tout entier; elle a un double but, elle fait connaître les opérations de l'esprit, et de plus elle apprend à les diriger.

D'autres, et c'est le plus grand nombre, ont dit : La logique est l'art de raisonner. Cette définition est encore plus incomplète que la précédente. En effet, nous ne nions pas que le raisonnement ne soit certainement une des opérations les plus importantes de l'entendement; mais il n'en est pas la seule. En effet, loin de se borner à l'étude, à la science, à l'art du raisonnement, la logique embrasse la connaissance entière de l'entendement humain.

Elle le considère non-seulement en lui-même, c'està-dire dans les facultés qui le constituent, dans les opérations par lesquelles il agit; mais elle le consi

dère aussi dans ses effets, c'est-à-dire dans les idées et connaissances de toute sorte qui sont les résultats ou produits de son action.

Tel est aussi le double point de vue sous lequel nous allons nous en occuper.

Notre traité de logique se divise donc naturellement en deux parties: la première, qui a pour objet l'entendement considéré en lui-même, comprend, avec la théorie de la sensibilité, l'analyse et la description de toutes les facultés intellectuelles et morales;

La seconde, qui a pour objet l'entendement considéré dans ses effets, comprend tous les produits de ces facultés, tout ce qui résulte de leur action, savoir, les idées et connaissances de toute sorte, absolues, relatives, déduites, acquises, soit par un premier ou un double acte de l'esprit, soit par une multiplicité d'actes.

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