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Monsieur, j'ai l'honneur de vous annoncer que votre Ouvrage intitulé: LOGIQUE CLASSIQUE d'après les principes de philosophie de M. Laromiguière, a été l'objet d'une délibération du Conseil royal, en date du 15 novembre dernier, et qu'il en est résulté une décision du même jour, d'après laquelle cet ouvrage pourra être admis dans les bibliothèques des colléges. Vous êtes libre de faire connaître aux chefs de ces établissements le témoignage de satisfaction que vous donne en cette circonstance l'Université. Dans le cas néanmoins où il vous paraîtrait plus avantageux que

la décision dont il s'agit fût directement notifiée aux recteurs par l'autorité supérieure de l'instruction publique, vous auriez à déposer au ministère (1er bureau de la 1re division) autant d'exemplaires de votre ouvrage que l'Université compte d'académies (26). Je vous prie de me faire connaître vos intentions à cet égard.

Recevez, Monsieur, l'assurance de ma parfaite considération.

Le Ministre de l'instruction publique,

Signé DE VATIMesnil.

M. J. FERRÉOL PERRARD, avocat à la Cour royale de Paris.

LOGIQUE CLASSIQUE.

NOTIONS PRÉLIMINAIRES.

Pour procéder avec méthode dans l'étude que nous commençons, quelques notions préliminaires, en guise de prolégomènes, nous paraissent indispensables. Ces notions, qui doivent assurer notre marche et la rendre plus facile, en l'éclairant d'une vive lumière, ont pour objet deux questions principales, les définitions et les principes, ou vérités premières.

Les définitions et les vérités premières, tels sont donc les deux premiers points sur lesquels nous allons tout d'abord fixer notre attention. Nous dirons ensuite ce que signifie le mot philosophie, et comment cette science peut être définie.

Pour nous faire de la définition une idée aussi nette que possible, n'oublions pas ce qui d'ailleurs nous a été enseigné dans l'étude de la grammaire, savoir que toute proposition est un jugement exprimé par des mots, et que dans chaque proposition il y a trois choses à remarquer, le sujet, l'attribut et le verbe.

Le sujet est la chose à laquelle on pense. Ainsi dans

cette proposition, l'âme est immortelle, le mot âme est ce qu'on appelle le sujet.

L'attribut est ce qui est affirmé ou nié du sujet, ou, si l'on veut, c'est la qualité que nous apercevons comme liée au sujet. Dans la proposition précédente, le mot immortelle est l'attribut.

On appelle verbe le mot qui sert à exprimer la liaison du sujet avec l'attribut, ou, si l'on veut, le mot dont le principal usage est de signifier l'affirmation, c'est-à-dire de marquer que la proposition où ce mot est employé est la proposition d'un homme qui nonseulement conçoit les choses, mais qui, de plus, en juge et les affirme.

Sans le verbe, le discours serait mort et inintelligible; c'est le verbe qui lui donne la vie.

Ceci étant bien compris, on peut remarquer que si le plus souvent, dans une proposition, l'attribut exprime telle ou telle qualité du sujet auquel il se rapporte, il n'est pas rare aussi de rencontrer des propositions dans lesquelles l'attribut offre à l'esprit les mêmes idées que le sujet, bien que cet attribut soit exprimé en d'autres termes. Eh bien, ce sont les propositions qui présentent ce caractère particulier, c'està-dire dans lesquelles l'attribut et le sujet sont identiques, que l'on désigne sous le nom de définitions. De sorte qu'une définition est une proposition dans laquelle l'attribut présente les mêmes idées que le sujet, mais en d'autres termes. Quand je dis : La philosophie est la science de la sagesse fondée sur la connaissance de Dieu et de l'homme, l'attribut de cette proposition

présente le même sens que le sujet, de manière que je puis prendre indifféremment l'attribut pour le sujet, et réciproquement le sujet pour l'attribut.

:

Si je dis Un globe est un corps rond, cette proposition est également une définition, parce que l'attribut corps rond présente la même idée que le sujet globe.

Toute définition est une proposition, mais toute proposition n'est pas une définition; car il y a cette différence entre une simple proposition et une définition, que, dans la proposition, l'attribut est une qualité, une partie du sujet, tandis que dans la définition il est le sujet lui-même, exprimé en d'autres termes.

Quand je dis : Le sucre est doux, je forme une proposition qui n'est pas une définition, parce que dans cette proposition l'idée de l'attribut n'est pas la même que celle du sujet : l'idée de sucre comprend plusieurs idées partielles, tandis que l'idée de doux est une idée simple, une idée unique. Mais si je dis, Un triangle est une surface terminée par trois angles, je forme une proposition qui est une véritable définition, parce que dans cette proposition l'idée de l'attribut, surface terminée par trois lignes, est la même que celle du sujet, triangle.

Il y a donc une différence très-remarquable entre une simple proposition et une proposition qui définit. Dans la simple proposition on a deux idées distinctes; ainsi dans cette proposition: Le sucre est doux, on a l'idée de sucre et celle de doux; dans la proposition qui définit on n'a pas deux idées, on n'en a qu'une

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