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le créateur du mot, et l'un des philosophes les plus célèbres de l'antiquité.

Amour de la sagesse, désir de la science, connaissance de la vérité, pratique de la vertu, voilà donc, selon les anciens, et d'après son étymologie grecque, le véritable sens du mot philosophie.

Parmi les modernes, ce mot a reçu tant d'acceptions différentes, qu'il est impossible de savoir d'une

s'instruire par lui-même, abandonna sa patrie, ses parents et ses biens, et parcourut différents pays, l'Égypte, la Chaldée, l'Asie Mineure et l'île de Crète. Les prêtres de l'Égypte l'initièrent à leurs mystères, les mages de la Chaldée lui communiquèrent leur science, et les sages de l'île de Crète leurs lumières.

On sait l'abstinence, le silence, la retraite et la grande pureté de mœurs qu'il exigeait de ses disciples. Il avait senti que l'esprit seul ne peut atteindre la connaissance des choses divines, à moins que le cœur ne soit épuré de ses passions.

Pythagore enseignait qu'il y a un seul Dieu, principe et cause de toutes choses, qui éclaire tout, qui anime tout, de qui tout émane, qui a donné l'être à tout, et qui est la cause du mouvement.

Quant à l'âme, Pythagore pensait qu'en sortant du corps elle se réunit à l'âme du monde; qu'elle n'est pas un Dieu, mais l'ouvrage d'un Dieu éternel, et qu'elle est immortelle à cause de son principe. (Tusc., liv. Ier, et De consol.).

Ce philosophe réforma les mœurs et les gouvernements dans le midi de l'Italie à Héraclée, à Tarente, à Métaponte, et surtout à Crotone, sa demeure ordinaire. Dans ses instructions, il insistait sur la frugalité, mère de toutes les vertus. Il pensait que posséder la continence, c'était être riche et puissant. (Justin.)

On croit qu'il mourut à Métaponte, vers l'an 497 avant Jésus-Christ. Sa maison fut changée en un temple, et on l'honora comme un dieu. Ses disciples regardaient comme un crime de mettre en doute la vérité de ses opinions; et quand on leur en demandait la raison, ils se contentaient de répondre Le Maître l'a dit.

On lui attribue l'ouvrage grec intitulé les Vers dorés, mais il paraît que ce livre n'est pas de lui, bien qu'il renferme une partie de sa doctrine et ses maximes morales. Les Vers dorés sont très-probablement l'œuvre d'un philosophe pythagoricien nommé Lysis, qui fut le précepteur d'Épaminondas, et qui florissait vers l'an 388 avant Jésus-Christ.

manière précise l'idée qu'ils y attachent. Les incertitudes à cet égard sont telles, que, rigoureusement parlant, le mot philosophie signifie tout ce qu'on veut lui faire signifier : c'est le terme de notre langue qui est devenu le plus banal. Dans la bouche de certaines personnes, il n'est sorte d'idées qu'il ne représente : pour elles, c'est une expression magique qui exprime tout, qui peint tout, qui s'adapte à tout, mais qui, prononcée à chaque instant par elles, atteste à chaque instant leur présomption et leur ignorance.

Qu'un homme, par exemple, soit bizarre dans ses manières, singulier dans ses goûts, ridicule dans sa mise, dans son maintien; en un mot, qu'il affecte de mépriser les usages reçus; aux yeux d'un grand nombre de personnes, et des gens du monde surtout, c'est un philosophe.

Qu'il s'efforce d'étouffer les plus beaux sentiments de la nature; qu'il fasse profession de combattre la religion la plus pure; qu'il cherche à saper la société par les fondements; qu'il déchaîne contre elle toutes les passions, par l'introduction du matérialisme; aux yeux de certaines personnes, c'est un philosophe.

Qu'il prêche l'irréligion, et qu'il tâche d'assimiler l'homme à la bête, en ne mettant (comme il désirerait peut-être que cela fût) aucune différence entre leur destinée future, aux yeux de plusieurs personnes encore, c'est un philosophe.

Mais, hâtons-nous de le dire, le mot philosophie, pour avoir été flétri par les applications les plus inconvenantes, pour avoir joui de la plus funeste exten

sion, en représentant, dans le fait, tous les travers de l'esprit, tous les déréglements du cœur, et on peut le dire aussi, tous les délires de l'imagination, n'en continue pas moins d'exprimer dans les écoles tout ce qu'il y a de bon et d'excellent parmi les hommes, l'amour de la sagesse, la connaissance de la vérité et la pratique de la vertu. Car plus on a abusé de ce mot, plus il importe de le rappeler à la pureté de sa signification primitive et de la lui maintenir. Voilà pour la valeur du mot, tâchons maintenant de définir la science que ce mot désigne.

La philosophie a été définie de tant de manières différentes dans les écoles, qu'il n'est pas possible d'en donner une définition unique qui satisfasse toutes les opinions, et qui soit généralement admise par les

savants.

Toutefois, malgré cette impossibilité de contenter tous les esprits, nous ne devons pas cependant nous abstenir de définir la philosophie; nous avons un moyen de répondre d'une manière satisfaisante, c'est de faire connaître les principales définitions qu'on en a données, et de choisir dans le nombre celle qui indiquera le mieux les questions que l'on doit traiter dans un cours de philosophie.

Selon Aristote et les péripatéticiens, ses disciples, la philosophie est la connaissance vraie, certaine et évidente des choses naturelles par leurs causes: vera, certa et evidens cognitio rerum naturalium per causas.

Selon Cicéron, c'est la science des choses divines et humaines, et la connaissance des causes qui les con

tiennent rerum divinarum et humanarum, causarumque, quibus hæ res continentur, scientia. (De officiis, lib. II, cap. 11.)

Aux yeux de la plupart des scolastiques, c'est la science de toutes les choses qu'on peut connaître par les lumières de la raison : scientia rerum naturali lumine cognoscibilium.

Selon Leibniz, c'est la science des raisons suffisantes. Selon Malebranche, c'est la recherche du vrai, l'amour du bien.

Selon Wolf, c'est la science des possibles en tant que possibles. (Dictionn. encyclop.)

Et selon d'autres enfin, c'est une science qui nous montre les effets dans leurs causes, et les causes dans leurs effets, etc.

Si on adoptait l'une ou l'autre de ces définitions, on serait forcé de considérer la philosophie comme la science universelle.

Or, à supposer qu'il eût été possible à un seul homme d'embrasser une si vaste étude dans les premiers temps de la philosophie, quand les sciences, à leur berceau, n'avaient encore, pour ainsi dire, fait aucun progrès; quel homme aujourd'hui oserait se dire philosophe, si, pour mériter ce titre, il était obligé de connaître le ciel et la terre?

A mesure que le domaine de la science s'est agrandi, il a nécessairement fallu le diviser, et les savants ont dû se borner à en cultiver quelques parties.

Tous les objets dont l'esprit humain peut acquérir la connaissance se divisent en deux grandes classes :

ou ils tombent sous nos sens et nous affectent par leurs qualités sensibles, ou bien ils ne peuvent être saisis par aucun de nos sens, et ne se manifestent à nous que par le sentiment et par la pensée.

Les premiers sont les corps; ils forment le monde matériel, les seconds sont les esprits, ils constituent le monde spirituel.

D'après cette observation, qui se présente naturellement à l'esprit, on a d'abord divisé la philosophie ou science universelle, en deux grandes parties; l'une qui traite des corps, et qui a reçu le nom de philosophie physique ou naturelle; l'autre qui traite des esprits, et qui a été appelée philosophie métaphysique.

:

La première embrasse toutes les sciences physiques, et se subdivise en plusieurs branches, savoir la physique proprement dite, la chimie, la mécanique, l'hydrostatique, l'astronomie, la géologie, la botanique, l'histoire naturelle, la médecine, etc.

La seconde, que l'on a nommée philosophie proprement dite, s'est réservé le domaine des esprits; elle fait connaître les êtres immatériels.

On la définit la science de toutes les choses immatérielles qui peuvent être connues par les lumières de la raison.

D'où l'on voit que non-seulement la philosophie peut être définie, mais qu'il est nécessaire de la définir : car, comme on est peu d'accord sur les idées comprises sous ce mot, il est indispensable, si l'on veut être entendu lorsque l'on parle de philosophie, de s'expliquer

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