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et pour les autres, je les ai fait lire par quelques uns de mes amis; mais je n'en ai pas employé u seul passage sans l'avoir lu moi-même dans le livr cité, et sans avoir examiné la matière sur laquell il est avancé, et sans avoir lu ce qui précède et c qui suit, pour ne point hasarder de citer une ob jection pour une réponse; ce qui auroit été repro chable et injuste.

LXXIX.

La machine arithmétique fait des effets qui ap prochent plus de la pensée que tout ce que font les animaux ; mais elle ne fait rien qui puisse faire dire qu'elle a de la volonté comme les animaux.

LXXX.

J

Certains auteurs, parlant de leurs ouvrages, disent Mon livre, mon commentaire, mon histoire, etc. Ils sentent leurs bourgeois qui ont pignon sur rue, et toujours un chez moi à la bouche. Ils feroient mieux de dire: Notre livre, notre commentaire, notre histoire, etc., vu que d'ordi naire il y a plus en cela du bien d'autrui du leur.,

LXXXI.

que

La piété chrétienne anéantit le moi humain, e la civilité humaine le cache et le supprime.

LXXXII.

Si j'avois le cœur aussi pauvre que l'esprit, j serois bienheureux; car je suis merveilleusement

persuadé que la pauvreté est un grand moyen pour faire son salut.

LXXXIII.

J'ai remarqué une chose, que, quelque pauvre qu'on soit, on laisse toujours quelque chose en

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J'aime la pauvreté, parce que Jésus-CHRIST l'a aimée. J'aime les biens, parce qu'ils donnent moyen d'en assister les misérables. Je garde la fidélité à tout le monde. Je ne rends pas le mal à ceux qui m'en font; mais je leur souhaite une condition pareille à la mienne, où l'on ne reçoit pas le mal, ni le bien de la plupart des hommes. J'essaie d'être toujours véritable, sincère et fidèle à tous les hommes. J'ai une tendresse de cœur pour ceux que Dieu m'a unis plus étroitement. Soit que je sois seul, ou à la vue des hommes, j'ai en toutes mes actions la vue de Dieu qui doit les juger, et à qui je les ai toutes consacrées. Voilà quels sont mes sentiments; et je bénis tous les jours de ma vie mon Rédempteur, qui les a mis en moi, et qui, d'un homme plein de foiblesse, de misère, de concupiscence, d'orgueil et d'ambition, a fait un homme exempt de tous ces maux par la force de la grâce à laquelle tout en est dû, n'ayant de moi que la misère et d'horreur.

LXXXV.

La maladie est l'état naturel des Chrétiens,

parce qu'on est par-là, comme on devroit toujours être, dans la souffrance des maux, dans la privation de tous les biens et de tous les plaisirs des sens, exempt de toutes les passions qui travaillent pendant tout le cours de la vie, sans ambition, sans avarice, dans l'attente continuelle de la mort,

N'est-ce pas ainsi que les Chrétiens devroient passer la vie? Et n'est-ce pas un grand bonheur quand on se trouve par nécessité dans l'état où l'on est obligé d'être, et qu'on n'a autre chose à faire qu'à se soumettre humblement et paisiblement? C'est pourquoi je ne demande autre chose que de prier Dieu qu'il me fasse cette grâce.

LXXXVI.

C'est une chose étrange que les hommes aient voulu comprendre les principes des choses, et ar river jusqu'à connoître tout! Car il est sans doute qu'on ne peut former ce dessein sans une présomption ou sans une capacité infinie comme la

nature.

LXXXVII.

La nature a des perfections, pour montrer qu'elle est l'image de Dieu; et des défauts, pour montrer qu'elle n'en est que l'image.

LXXXVIII,

de

Les hommes sont si nécessairement fous, que ce seroit être fou par un autre tour de folie e que ne pas être fou.

LXXXIX.

Otez la probabilité, on ne peut plus plaire au monde mettez la probabilité, on ne peut plus lui déplaire.

XC.

L'ardeur des saints à rechercher et pratiquer le bien étoit inutile, si la probabilité est sûre

XCI.

Pour faire d'un homme un saint, il faut que ce soit la grâce; et qui en doute ne sait ce que c'est qu'un saint et qu'un homme.

XCII.

On aime la sûreté. On aime que le pape soit infaillible en la foi, et que les docteurs graves le soient dans leurs moeurs, afin d'avoir son assu

rance,

XCIII.

Il ne faut pas juger de ce qu'est le pape par quelques paroles des Pères, comme disoient les Grecs dans un concile (règle importante!), mais par les actions de l'Eglise et des Pères, et par les canons.

XCIV.

Le pape est le premier. Quel autre est connu de tous? Quel autre est reconnu de tous ayant pouvoir d'influer par tout le corps, parce qu'il tient la maîtresse branche qui influe partout?

A

XCV.

Il y a hérésie à expliquer toujours omnes de tous, et hérésie à ne pas l'expliquer quelquefois de tous. Bibite ex hoc omnes : les huguenots, hérétiques, en l'expliquant de tous. In quo omnes peccaverunt : les huguenots, hérétiques, en exceptant les enfants des fidèles. Il faut donc suivre les Pères et la tradition pour savoir quand, puisqu'il y a hérésie à craindre de part et d'autre.

XCVI.

Le moindre mouvement importe à toute la nature; la mer entière change pour une pierre. Ainsi dans la grâce la moindre action importe pour ses suites à tout. Donc tout est important.

XCVII.

Tous les hommes se haïssent naturellement. On s'est servi comme on a pu de la concupiscence pour la faire servir au bien public. Mais ce n'est que feinte, et une fausse image de la charité; réellement ce n'est que haine. Ce vilain fonds de l'homme, figmentum malum, n'est que couvert; il n'est pas ôté.

XCVIII.

Si l'on veut dire que l'homme est trop peu pour mériter la communication avec Dieu, il faut être bien grand pour en juger.

XCIX.

Il est indigne de Dieu de se joindre à l'homme

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