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Il est dit que les Juifs, faute de cet amour, seroient réprouvés pour leurs crimes, et les païens élus en leur place. Je me cacherai d'eux dans la vue de leurs derniers crimes; car c'est une nation méchante et infidèle. (Deut. 32, 20, 21.) Ils m'ont provoqué à courroux par les choses qui ne sont point des dieux; et je les provoquerai à jalousie par un peuple qui n'est pas mon peuple, et par une nation sans science et sans intelligence. (Is. 65.)

Que les biens temporels sont faux, et que le vrai bien est d'être uni à Dieu. (Ps. 72.)

Que leurs fêtes déplaisent à Dieu. (Amos. 5, 21.) Que les sacrifices des Juifs déplaisent à Dieu, et non-seulement des méchants Juifs, mais qu'il ne se plaît pas même en ceux des bons, comme il paroit par le psaume 49, où, avant que d'adresser son discours aux méchants par ces paroles, Pecca. tori autem dixit Deus, il dit qu'il ne veut point des sacrifices des bêtes, ni de leur sang. Is. 66, Jérém. 6, 20.)

Que les sacrifices des païens seront reçus de Dieu; et que Dieu retirera sa volonté des sacrifices des Juifs. (Malach. 1, 11.}

Que Dieu fera une nouvelle alliance par le Messie, et que l'ancienne sera rejetée. (Jérém. 31, 31.)

Que les anciennes choses seront oubliées. (Is. 43, 18, 19.)

Qu'on ne se souviendra plus de l'arche. (Jérém. 3, 16.)

Que le temple seroit rejeté. (Jérém. 7, 12, 13, 14.)

Que les sacrifices seroient rejetés, et d'autres sacrifices purs établis. (Malach. 1, 10, 11.)

Que l'ordre de la sacrificature d'Aaron sera réprouvé, et celle de Melchisedech introduite par le Messie. (Ps. 109.)

Que cette sacrificature seroit éternelle. (Ibid. ) Que Jérusalem seroit réprouvée, et un nouveau nom donné. (Is. 65.)

Que ce dernier nom seroit meilleur que celui des Juifs, et éternel. (Is. 56, 5.)

Que les Juifs devoient être sans prophètes, sans rois, sans princes, sans sacrifices, sans autel. (Osée, 3,

4.)

Que les Juifs subsisteroient toujours néanmoins en peuple. (Jérém. 31, 36.)

ARTICLE XV.

ON NE CONNOÎT DIEU UTILEMENT QUE PAR JÉSUS-CHRIST.

I.

La plupart de ceux qui entreprennent de prouver la divinité aux impies commencent d'ordinaire par les ouvrages de la nature, et ils réussissent rarement. Je n'attaque pas la solidité de ces preuves consacrées par l'Ecriture sainte elles sont conformes à la raison; mais souvent elles ne sont pas assez conformes et assez proportionnées à la disposition de l'esprit de ceux pour qui elles sont destinées.

Car il faut remarquer qu'on n'adresse pas ce discours à ceux qui ont la foi vive dans le cœur, et qui voient incontinent que tout ce qui est n'est autre chose que l'ouvrage du Dieu qu'ils adorent. C'est à eux que toute la nature parle pour son auteur, et que les cieux annoncent la gloire de Dicu. Mais pour ceux en qui cette lumière est éteinte, et dans lesquels on a dessein de la faire revivre; ces personnes destituées de foi et de charité, qui ne trouvent que ténèbres et obscurité dans toute la nature, il semble que ce ne soit pas le moyen de les ramener, que de ne leur donner pour preuves de ce grand et important sujet que le cours de la lune ou des planètes, ou des raisonnements communs, et contre lesquels ils se sont continuellement roidis. L'endurcissement de leur esprit les a rendus sourds à cette voix de la nature, qui a retenti continuellement à leurs oreilles ; et l'expérience fait voir que, bien loin qu'on les emporte par ce moyen, rien n'est plus capable au contraire de les rebuter, et de leur ôter l'espérance de trouver la vérité, que de prétendre l'es en convaincre seulement par ces sortes de raisonnements, et de leur dire qu'ils doivent y voir la vérité à décou

vert.

Ce n'est pas de cette sorte que l'Ecriture, qui connoît mieux que nous les choses qui sont de Dieu, en parle. Elle nous dit bien que la beauté des créatures fait connoître celui qui en est lauteur; mais elle ne nous dit pas qu'elles fassent cet

effet dans tout le monde. Elle nous avertit, au contraire, que, quand elles le font, ce n'est pas par elles-mêmes, mais par la lumière que Dieu répand en même temps dans l'esprit de ceux à qui il se découvre par ce moyen : Quod notum est Dei, manifestum est in illis; Deus enim illis manifestavit. (Rom. 1, 19.) Elle nous dit généralement que Dieu est un Dieu caché: Verè tu es Deus absconditus (Is. 45, 15); et que depuis la corruption de la nature, il a laissé les hommes dans un aveuglement dont ils ne peuvent sortir que par JésusCHRIST, hors duquel toute communication`avec Dieu nous est ôtée : Nemo novit patrem nisi filius, et cui voluerit filius revelare. (Matth. 11, 27.)

C'est encore ce que l'Ecriture nous marque, lorsqu'elle nous dit, en tant d'endroits, que ceux qui cherchent Dieu le trouvent; car on ne parle point ainsi d'une lumière claire et évidente : on ne la cherche point; elle se découvre et se fait voir d'elle-même.

II.

Les preuves de Dieu métaphysiques sont si éloignées du raisonnement des hommes, et si impliquées, qu'elles frappent peu; et quand cela serviroit à quelques-uns, ce ne seroit que pendant l'instant qu'ils voient cette démonstration; mais, une heure après, ils craignent de s'être trompés. Quod curiositate cognoverint, superbiá amiserunt.

D'ailleurs ces sortes de preuves ne peuvent

nous conduire qu'à une connoissance spéculative de Dieu; et ne le connoître que de cette sorte, c'est ne pas le connoître.

La Divinité des Chrétiens ne consiste pas en un Dieu simplement auteur des vérités géométriques et de l'ordre des éléments; c'est la part des païens. Elle ne consiste pas simplement en un Dieu qui exerce sa Providence sur la vie et sur les biens des hommes, pour donner une heureuse suite d'années à ceux qui l'adorent; c'est le partage des Juifs. Mais le Dieu d'Abraham et de Jacob, le Dieu des Chrétiens, est un Dieu d'amour et de consolation : c'est un Dieu qui remplit l'âme et le cœur qu'il possède : c'est un Dieu qui leur fait sentir intérieurement leur misère et sa miséricorde infinie; qui s'unit au fond de leur âme; qui la remplit d'humilité, de joie, de confiance, d'amour; qui les rend incapables d'autre fin que de lui-même.

Le Dieu des Chrétiens est un Dieu qui fait sentir à l'âme qu'il est son unique bien; que tout son repos est en lui, et qu'elle n'aura de joie qu'à l'aimer; et qui lui fait en même temps abhorrer les obstacles qui la retiennent et l'empêchent de l'aimer de toutes ses forces. L'amour-propre et la concupiscence qui l'arrêtent lui sont insupportables. Ce Dieu lui fait sentir qu'elle a ce fonds d'amour-propre, et que lui seul peut l'en guérir.

Voilà ce que c'est que de connoître Dieu en Chrétien. Mais pour le connoître de cette manière, il faut connoître en même temps sa mi

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