Jugez par ce discours quel malheur nous menace. Voilà ce qui le trouble, et qui me fait pleurer; Voilà ce que je crains; et voilà les alarmes D'où viennent ses soupirs, et d'où naissent mes larmes. PHILISTE. Ce n'est pas là, Dorante, agir en cavalier. Sur ma parole encor vous êtes prisonnier; DORANTE. Allons, je suis tout prêt d'y laisser une vie PHILISTE. Un ami tel que vous n'en mérite point d'autre : Vous prenez pour mépris son trop de déférence, CORNEILLE T. III. 31 Si pour lui votre foi sert aux juges d'otage, Ou si mon mauvais sort vous rend inexorable, Je ne demande plus quel secret a pu faire Et l'amour de la sœur et l'amitié du frère : Ce qu'il a fait pour vous est digne de vos soins. Vous lui devez beaucoup, vous ne rendez pas moins : D'un plus haut sentiment la vertu n'est capable, Et puisque ce duel vous avait fait coupable, On nomme une prison le nœud de l'hyménée; L'amour même a des fers dont l'âme est enchaînée; Vous les rompiez pour moi; je n'y puis consentir : Rentrez dans la prison dont vous vouliez sortir. DORANTE. Ami, c'est là le but qu'avait votre colère? PHILISTE. Ami, je fais bien moins que vous ne vouliez faire. Comme à lui je vous dois et la vie et l'honneur. MÉLISSE. Vous m'avez fait trembler pour croître mon bonheur. PHILISTE, à Mélisse. J'ai voulu voir vos pleurs pour mieux voir votre flamme, Et la crainte a trahi les secrets de votre âme. Mais quittons désormais des compliments si vains. (A Cléandre.) Votre secret, monsieur, est sùr entre mes mains; CLITON, seul. Ceux qui sont las debout se peuvent aller seoir, FIN DE LA SUITE DU MENTEUR. |