A M. CORNEILLE SUR SA COMÉDIE LE MENTEUR Eh bien, ce bean Menteur, cette piece famense, N'y avoir plus d'honneur qu'à mentir vaillamment. A moins que d'en mentir, je n'en pouvais rien dire. La plus haute pensée au bas de sa valeur Devenait injustice et injure à l'auteur. Qu'importe donc qu'on mente, ou que d'un faible éloge A toi et ton Menteur faussement on déroge? Qu'importe que les dieux se trouvent irrités De mensonges ou bien de fausses vérités? CONSTANTER. ACTE PREMIER SCÈNE I DORANTE, CLITON. DORANTE A la fin j'ai quitté la robe pour l'épée : CLITON. Ne craiguez rien pour vous: Vous ferez en une heure ici mille jaloux. Ce visage et ce port n'ont point l'air de l'école, Et jamais comme vous on ne peignit Barthole: Je prévois du malheur pour beaucoup de maris. Mais que vous semble encor maintenant de Paris? DORANTE. J'en trouve l'air bien doux, et cette loi bien rude Dis-moi comme en ce lieu l'on gouverne les dames. CLITON. C'est là le plus beau soin qui vienne aux belles âmes, Disent les beaux-esprits. Mais, sans faire le fin, Vous avez l'appétit ouvert de bon matin! DORANTE. Ne t'effarouche point: je ne cherche, à vrai dire, Où l'on puisse en douceur couler quelque moment. CLITON. J'entends; vous n'êtes pas un homme de débauche, Ou vous n'en êtes pas à votre apprentissage: Vos lois ne réglaient pas si bien tous vos desseins, Que vous eussiez toujours un portefeuille aux mains. DORANTE. A ne rien déguiser, Cliton, je te confesse |