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entrepris de répandre les poésies homériques. Après la conquête macédonienne, la poésie grecque languit. Il s'établit à Alexandrie une école célèbre qui ne produisit que des académiciens et des savans. On faisait de la poésie comme on écrivait un mémoire sur un monument antique; on jouait avec les difficultés, on s'essayait à faire des vers sur des sujets ingrats, à peu près comme notre Delille et sa froide école. Mais la vie n'était plus là; le siècle offrait cependant quelques inspirations suaves et vraies. Les idylles de Théocrite respirent une passion ardente, un sentiment exquis de la nature.

Arrêtons-nous un moment pour nous rendre compte de ce qu'a fait la Grèce dans cette voie laborieuse ou a marché l'humanité. Et d'abord, rappelons encore une fois les divers élémens de toute époque historique : la religion, l'art, l'état, les sciences physiques d'où l'industrie découle, et la philosophie.

Comme nous l'avons déjà dit plusieurs fois, la religion, le culte de Dieu, n'a pas été l'affaire de la Grèce, qui a surtout développé dans le monde les choses de la terre. Tous les grands hommes de cette contrée, depuis Homère jusqu'à Aristote, ont été les ennemis de ces dieux qui faisaient honte à la raison.

Dans l'art, la Grèce se montre le pays le plus essentiellement créateur; nous ne craignons pas

de dire qu'aucun autre ne l'a égalé sur la terre. D'abord Dieu donna à ce peuple la plus magnifique langue poétique qui ait jamais été entendue, un sentiment vif et profond de l'harmonie, un enthousiasme étrange pour la beauté sous toutes ses formes. De là les innombrables chefs-d'œuvre de la poésie, de la sculpture et de l'architecture qui frappent encore d'admiration après tant de siècles! La Grèce a inspiré les peuples pendant deux mille ans; ils ont vécu de sa pensée et de ses arts. Elle a jeté sur le monde ces flots d'harmonie qui consolent et soutiennent, sa splendeur a enveloppé l'univers, et depuis la Rome d'Auguste jusqu'à la France de Louis XIV, on a cherché à imiter ses glorieux enfans. Nous suivrons avec soin dans le cours de ce livre la marche de la poésie grecque à travers la civilisation chrétienne', nous la verrons s'infiltrer dans la pensée des peuples, et quoiqu'elle semble sommeiller aujourd'hui, sa tracé est encore visible dans la plupart des chants contemporains.

Si nous demandons ce que la Grèce a fait pour l'industrie, la magnificence de ses villes nous répondra; pour les sciences naturelles, elle nous citera les noms d'Aristote et d'Hippocrate.

Dans ce qui concerne l'état, elle a tout rêvé et tout appliqué, depuis le despotisme jusqu'à la démocratie la plus large. Mais c'est peut-être dans la philosophie que son mouvement a été le plus em

porté, sa lutte la plus rude. Jamais la liberté d'intelligence n'a produit plus de combats ardens; mais, quels qu'aient été ses écarts, rappelons la gloire si grande d'avoir produit Socrate et Platon, d'avoir entrevu les sublimes merveilles que le Christ est venu apporter à la terre.

Quand le Macédonien parut, la pensée grecque était accomplie. Alexandre la prit sur les boucliers de ses légions et la promena dans l'univers.

Homère.

Quegli è Omero, poeta sovrano.
DANTE, Inferno, chant IV.

Celui-ci est Homère, le poète souverain.
DANTE, l'Enfer, ch. IV.

Le sujet de l'Iliade est simple et clair. Pâris, prince troyen, alla à Sparte; il devint amoureux d'Hélène, femme de Ménélas, et l'enleva. La famille des Atrides, qui gouvernait la Grèce alors, assembla les Grecs et les guida vers Troie pour venger cette injure. De là ce premier grand duel des peuples grecs contre l'Asie, du nouveau monde contre l'ancien.

La peste ravage le camp des Grecs. C'est Chrysès, prêtre d'Apollon, qui a obtenu cette vengeance des dieux, parce qu'Agamemnon n'a pas voulu lui rendre sa fille. Achille déclare dans l'assemblée

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