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demandera qu'à Blois, et là, je suis assez connu depuis mon aventure pour qu'on me laisse aller cette fois. Si le courrier ne peut me prendre, je partirai par la diligence.

A 10 heures et demie.

Je ne puis partir aujourd'hui quoiqu'il y ait une place au courrier; on me chicane sur mon passeport; je croyais pouvoir partir sans cela, ou du moins en me servant du vieux; mais il en faut un neuf. Je suis allé au bureau, île du Palais, où on en donne. Ils me renvoient à un commissaire de police qui demande des répondans. C'est le diable! j'enrage. Mais que veux-tu ?

La vente de notre coupe de bois doit se faire samedi chez Bidaut. Je n'y serai pas, comme tu vois..

[Courier, resté seul en Touraine, s'occupa plus de ses affaires que de littérature, et, pour toute distraction, il écrivait à sa femme. Parmi les détails qu'il lui donne, se trouve dans la lettre du 26 au 27 janvier 1846 l'histoire du curé et du mort de Luynes, et puis les défenses d'aller au cabaret le dimanche; premières petites persécutions mentionnées dans la pétition aux chambres. Il revint à Paris, et là oublia Luynes et les autorités pour se remettre et continua la traduction de l'Ane.

à son grec,

Enfin, à la suite d'un second voyage, cette même année 1846, la lettre du 7 novembre contient le récit de l'infáme affaire, ainsi

la qualifie Courier, qui, excitant si vivement son indignation et son horreur pour l'arbitraire, le jeta dans l'opposition. Sa carrière politique fut alors décidée par le succès inattendu de la pétition qu'il écrivit à son retour vraiment ab irato, et pénétré d'une seule pensée, la délivrance des malheureux, victimes de ces persécutions. Tous ceux mentionnés dans la pétition, et d'autres encore, étaient en prison, et avec la presque certitude de mourir sur l'échafaud. Aubert fut relâché; un nommé Milon, menuisier, et René Supplice, qui depuis a été garde des bois de M. Courier à Luynes, au lieu d'être fusillés, ce à quoi tous deux s'attendaient, furent condamnés seulement, le premier à six années de détention à Fontevrault, le second à six mois, et par là tous deux ruinés. Milon en est devenu fou. ]

A MADAME COURIER.

Tours, le 29 janvier 1816.

J'ai passé hier la soirée chez madame de la Beraudière. Il y avait une douzaine de femmes et quelques hommes, la plupart jeunes gens dont je serais le père. Cela ne m'a pas empêché de faire beaucoup de folies avec eux. Deux tables de boston et un colin-maillard dans leur salon que tu connais, outre M. Raymond et une petite fille de son âge; tu peux t'imaginer comme on était à l'aise. Colin-maillard l'a emporté. Le boston a été culbuté, deux carreaux cassés dans le vacarme. M. d'Autichamp en était, sans uniforme et sans

IMPRIMERIE DE H. FOURNIER.

QUE DE SEINE, N° 14.

DE

P.-L. COURIER.

NOUVELLE ÉDITION,

AUGMENTÉE D'UN GRAND NOMBRE DE MORCEAUX INÉDITS,

PRÉCÉDÉE

D'UN ESSAI SUR LA VIE ET LES ÉCRITS DE L'AUTEUR,

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