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DE L'ÉQUITATION.

Croyant, par une longue pratique, avoir acquis quelque connaissance de l'équitation, nous voulons montrer à nos jeunes amis comment ils pourront se rendre habiles dans cet exercice. Il y a déjà sur le même sujet un écrit de Simon', celui qui a consacré, au Temple de Cérès Élensinienne, à Athènes, le cheval de bronze sur la base duquel il a fait représenter ses propres actions. Quant à nous, s'il se trouve qu'il ait dit quelque chose en quoi nous soyons de son avis, nous ne laisserons pas pour cela d'en parler; mais ce seront, au contraire, ces mêmes observations que nous transmettrons à nos amis avec le plus de confiance, les voyant d'accord avec celles d'un homme de l'art; puis nous tâcherons d'y ajouter ce qu'il a omis.

* Ge Simou avait écrit un livre intitulé, selou Suidas, Hipposcopique, comme qui dirait, le parfait Maréchal, Pollux nous en a conservé quelques fragmens, qu'il a le plus souvent tronqués et altérés, faute d'entendre la matière. Il paraît d'ailleurs que Simon était fort ignorant, et s'exprimait assez mal; comparable en ce point à M. de la Broue, un de uos vieux auteurs d'équitation, qui, de son propre aveu, savait à peine lire dans ses Heures.

. Et d'abord nous marquerons ce qu'il faut savoir pour éviter, autant qu'il se peut, d'être trompé en achetant un cheval. Du poulain encore à dompter, c'est le corps seul qu'on examine, l'ame ne se peut guère connaître que du cheval qu'on a monté; or, dans le corps ce sont d'abord les jambes qu'il faut considérer; car, de même qu'une maison ne pourrait servir à rien, si, les parties supérieures étant belles et bonnes, elle manquait par les fondemens, un cheval de guerre ne serait non plus bon à rien, si tout en lui était louable, hors les jambes, ce seul défaut rendant inutiles toutes les bonnes qualités qu'il pourrait avoir d'ailleurs. On jugera du pied, premièrement par l'ongle, qui vaut bien mieux épais que mince. Il faut voir ensuite si le sabot est élevé ou bas, devant et derrière, ou tout-à-fait plat; car le sabot élevé tient éloigné du sol ce qu'on appelle la fourchette; mais lorsqu'il est bas, le cheval marche également, sur la partie solide et sur la plus molle du pied, comme il arrive aux hommes qui ont le genou cagneux. Simon dit qu'on connait au bruit la bonté du pied d'un cheva!, et il a raison; car le sabot creux résonne sur le sol comme une cymbale '.

' Puisque nous avons commencé par le pied. nous remonterons de là aux autres parties du

Leurs chevaux n'étaient point ferrés.

corps. Les as situés entre la corne et le boulet', ne doivent pas étre tout droits, comme aux chèvres (car les jambes ainsi construites fatiguent le cavalier par une réaction trop dure, et sont sujettes à se gorger): ces os ne doivent pas non plus plier trop bas, d'où il arriverait qu'en marchant dans les pierres et les mottes de terre, le boulet ou perdrait son poil', on même se blesserait.

Il faut que les os des jambes soient gros (car ce sont les colonnes du corps), mais non chargés de veines ni de chairs: autrement, en courant dans un terrain raboteux, ces parties s'engorgent par l'amas du sang, il s'y forme des varices, la jambe se gonfle, et la peau, se dilatant, se sépare de l'os; souvent même, par une suite de ce relâchement, la cheville se déboîte, et le cheval demeure estropié'.

Si le poulain en marchant fléchit mollement

Il y avait un mot grec pour dire le paturon sans doute Xénophon l'ignorait, car on ne saurait supposer que par délicatesse il ait évité de s'en servir, ayant employé d'autres termes de maréchallerie, tels que le boulet, la fourchette, les crochets, etc.

2 Au temps de Xénophon, ce que nous appelons faire le poil n'était point d'usage; on ménageait, au contraire, le fanon, qui dans les pays chauds croît peu, et loin de rien ôter à la beauté du pied, sert plutôt à dessiner agréablement l'ergot.

3 Absyrthe, dans la collection des auteurs d'hippiatrique : « Pour « exercer le poulain, il faut un terrain non trop meuble, ni où les pieds = enfoncent trop, surtout dans la première jeunesse; car aisément il ar« rive que les chevilles des jambes (je traduis à la lettre) se déplacent, - et ainsi les paturons portent à terre, et après cet accident le cheval reste « estropie. »

les genoux, on en peut conclure qu'au manége il aura les mouvemens souples et moëlleux; car dans tous les poulains cette souplesse des genoux augmente avec l'âge, et la flexibilité dans les articulations est estimée avec raison, le cheval doué de cette qualité étant moins sujet à broncher et moins fatigant qu'un cheval dur.

Le bras, s'il est gros, annonce, comme dans l'homnie, plus de vigueur et de grace.

La largeur de la poitrine, nécessaire également pour la force et la beauté, fera d'ailleurs que les jambes, bien séparées l'une de l'autre, ne se croiseront point dans leur mouvement.

A partir de la poitrine, que le col ne tombe pas en avant, comme au sanglier, mais qu'il s'élève, comme dans le coq, droit au toupet, et qu'il soit échancré profondément en dessous, à l'endroit de l'inflexion.

Que la tête, sèche, ait peu de ganache; de la sorte l'encolure couvrira le cavalier, et le cheval verra devant lui où il pose le pied: outre qu'un cheval portant ainsi sa tête, rarement forcera la main, quelque fougueux qu'il paraisse; car ce n'est pas en ramenant, mais au contraire en tendant le cou, qu'il cherche à forcer la main.

Examinez les barres pour savoir si elles sont tendres, dures ou inégales : le poulain dont les barres sont inégalement sensibles, aura d'ordinaire la bouche fausse.

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