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DU COMMANDEMENT

DE LA CAVALERIE,

ET DE L'ÉQUITATION;

DEUX LIVRES DE XÉNOPHON,

TRADUITS PAR UN OFFICIER D'ARTILLERIE A CHEVAL.

A MONSIEUR

DE SAINTE-CROIX.

Je vous présente ici, Monsieur, un travail dont vous avez approuvé l'idée. Je souhaite qu'il se trouve dans l'exécution quelque chose qui vous satisfasse et qui vous paraisse mériter l'attention des gens instruits. En traduisant, pour vous l'offrir, ce que Xénophon a écrit sur la cavalerie, j'ai suivi d'abord le dessein que j'eus toujours de vous plaire, et j'ai cru faire en même temps une chose agréable à tous ceux qui s'occupent ou s'amusent de ces antiquités.

Vous n'aviez pas besoin sans doute qu'on vous traduisit Xénophon; mais vous aviez besoin d'un texte plus correct que celui des livres imprimés, et c'est là vraiment le présent que je vous ai destiné. J'ai vu et comparé moi-même la plupart des manuscrits de France et d'Italie, où ayant trouvé beaucoup de vieilles leçons inconnues aux premiers éditeurs de Xénophon, j'ai remis à leur

place dans le texte celles qui s'y sont pu ajuster exactement, sans aucune correction moderne, laissant aux critiques l'examen de toutes les autres, ou douteuses ou corrompues, que j'ai placées au bas des pages, et je pense ainsi vous donner ce texte aussi entier que nous saurions l'avoir aujourd'hui, c'est-à-dire fort mutilé, comme tous les monumens antiques, mais non refait, ni restauré, ou retouché le moins du monde, tel en un mot que nous l'ont transmis les siècles passés.

Ma traduction toutefois pourra être utile à ceux même qui liront ces livres en grec; car il y a dans de tels écrits beaucoup de choses qu'un soldat peut expliquer aux savans, J'ai cherché à la rendre exacte. J'aurais voulu qu'on y trouvât tout ce qui est dans Xénophon, et non moins le sens de ses paroles que le sentiment, s'il faut ainsi dire. Ne pouvant atteindre ce but, qui serait au vrai la perfection d'un pareil travail, j'en ai approché du moins autant qu'il était en moi, et même plus heureusement que je ne l'eusse imaginé en quelques endroits, où vous ne trouverez guère à dire qu'une certaine naïveté propre à cet auteur, charmante et d'un prix infini, mais difficile à conserver dans quelque version que ce soit. Sur ce point ceux qui l'ont voulu imiter en sa langue mêine, selon moi, y ont mal réussi. Je n'avais garde d'y prétendre; mais imputant à

bonne fortune tout ce que j'ai pu rencontrer dans notre français d'expressions qui représentaient assez bien le grec de mon auteur, partout

je me suis aperçu que le trait simple et gra

cieux du pinceau de Xénophon ne se laissait point copier, j'y ai renoncé d'abord et me suis borné à rendre de mon mieux, non sa phrase, mais sa pensée.

J'aurais fort grossi mes remarques, si sur chaque passage j'eusse voulu noter toutes les erreurs des critiques et des interprètes. Car il n'y a pas une ligne de ces deux traités qui ne se trouve quelque part mal écrite ou mal expliquée. Mais on instruit bien peu, ce me semble, le lecteur, en lui apprenant qu'un homme s'est trompé. Ces fautes que j'ai connues, sans les marquer, m'ont obligé de donner en beaucoup d'endroits les preuves, autrement superflues, de mon interprétation. C'est ce qui a produit les notes sur le texte. Celles qui accompagnent la version sont le fruit de quelques observations que le hasard m'a mis à portée de faire. Vous trouverez dans tout cela peu de lecture, nulle érudition, mais vous n'en serez pas surpris, et vous n'attendez moi de ces recherches qui demandent du temps et des livres.

pas

de

Quant à l'utilité réelle de ces ouvrages de Xénophon relativement à l'art dont ils traitent, je ne sais ce que vous en penserez. Bien des gens

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