THELEME eft vive, elle est brillante, Mais elle eft bien impatiente; Son œil est toujours ébloui, Et fon cœur toujours la tourmente. Elle aimait un gros réjoui, D'une humeur toute différente. Sur fon vifage épanoui Eft la férénité touchante; Il écarte à la fois l'ennui, Rien n'eft plus doux que fon fommeil, Par trop de foins le tourmentait : Elle voulait être adorée. En reproches elle éclata: Macare en riant la quitta, Elle courut étourdiment Chercher de contrée en contrée Son infidelle et cher amant, N'en pouvant vivre séparée. Elle va d'abord à la cour. Auriez-vous vu mon cher amour? N'avez-vous point chez vous Macare ? Sourirent à ce nom bizarre. A tout le monde il a fu plaire. Thélème marcha vers la ville. Ceffez de courir à la ronde Ce bon homme eft dans l'autre monde. A ce difcours impertinent Thélème fe mit en colère: Apprenez, dit-elle, mon frère, Que celui qui fait mon tourment Il habite certainement Le monde où le deftin m'a mife, Et je fuis fon feul élément : Si l'on vous fait dire autrement, La belle courut de ce pas Nous l'avons peint fans le connaître. Elle aborda près du palais, Mon amant ne fera jamais Dans cet abominable gîte : Au moins la cour a des attraits, De l'objet qui me rend fi tendre. Dit-il, dans une douce paix, Sans trop chercher, fans trop prétendre. Ma tendreffe avec ma personne, Gardez de jamais demander. Te cacher, et cacher fa vie. (a) On fait aux lecteurs la juftice de croire qu'ils favent que Macare eft le Bonheur, & Thélème le Défir ou la Volonté. |