Page images
PDF
EPUB

CXCVI.

COUPLETS

A M. DE LA MARCH Е,

Premier préfident du parlement de Bourgogne, qui avait fait des vers pour fa fille.

PLUS d'un amant fur fa lyre a formé
Les tendres fons qui charment les amantes ;
Un père a fait des chansons plus touchantes :
Pourquoi cela? c'eft qu'il a mieux aimé.

Je fuis bien loin de blafphémer l'Amour:
L'eft un grand dieu, je le fers, et je jure
De le fervir jufqu'à mon dernier jour;
Mais il faut bien qu'il cède à la nature.

[blocks in formation]

CROYEZ-MOI je renonce à toutes les chimères

Qui m'ont pu féduire autrefois.

Les faveurs du public, et les faveurs des rois

Aujourd'hui ne me touchent guères.

Le fantôme brillant de l'immortalité

Ne fe présente plus à ma vue éblouie.
Je jouis du préfent, j'achève en paix ma vie
Dans le fein de la liberté :

Je l'adorai toujours et lui fus infidelle
J'ai bien réparé mon erreur ;
Je ne connais le vrai bonheur
Que du jour que je vis pour elle.

CXCVIII.

A M. LE PRESIDENT DE FLEURIEU,

Qui reprochait à l'auteur de n'avoir pas répondu à l'une de fes lettres, et d'avoir écrit à son fils, M. de la Tourette.

EGALEMENT à tous je m'intéreffe;

Je vois par-tout les vertus, les talens.
Que l'on écrive au père, à la mère, aux enfans,
C'est au mérite qu'est l'adreffe.

[merged small][ocr errors]

CXCIX,

AU LANDGRAVE DE HESSE,

Au nom d'une dame à qui ce prince avait donné une boîte ornée de fon portrait.

J'AI baifé ce portrait charmant :
Je vous l'avoûrai fans mystère;
Mes filles en ont fait autant,
Mais c'eft un fecret qu'il faut taire :
Une fille dit rarement

Ce qu'elle fit, ou voulut faire.
Vous trouverez bon qu'une mère
Vous parle un peu plus hardiment ;
Et vous verrez qu'également

En tous les temps vous favez plaire.

C C.

A M. L'ABBÉ DE LILLE.

Vous n'êtes point favant en us :

D'un français vous avez la grâce :
Vos vers font de Virgilius,
Et vos épîtres font d'Horace.

CCI.

A M. LE COMTE DE SCHOUVALOF,

Qui avait adreffé une épître à l'auteur.

PUISQU'IL faut croire quelque chofe,
J'avoûrai qu'en lifant vos féduifans écrits,
Je crois à la métempfycofe.

Orphée aux bords du Tanais,

Expira dans votre pays.

Près du lac de Genève il vient fe faire entendre ;

En vous il renaît aujourd'hui ;

Et vous ne devez pas attendre

Que les femmes jamais vous battent comme lui.

CCII.

A M. LE CHANCELIER DE MAUPEOU.

Je veux bien croire à ces prodiges
Que la fable vient nous conter,
A fes héros, à leurs preftiges,
Qu'on ne ceffe de nous citer:

Je veux bien croire à ce fier Diomède
Qui ravit le Palladium ;

Aux généreux travaux de l'amant d'Andromède,
A tous ces fous qui bloquaient Ilium :
De tels contes pourtant ne font crus de personne.
Mais que Maupeou tout feul du dédale des lois
Ait fu retirer la couronne,

Qu'il l'ait feul rapportée au palais de nos rois :
Voilà ce que je fais, voilà ce qui m'étonne.
J'avoue avec l'antiquité,

Que fes héros font admirables,

Mais par malheur ce font des fables,
Et c'eft ici la vérité.

[merged small][merged small][ocr errors]

Officier ruffe, qui avait fervi contre les Turcs, fur un préfent que lui avait fait l'impératrice de Ruffie.

REÇOIS de cette amazone
Le noble prix de tes combats;
C'eft Vénus qui te le donne
Sous la figure de Pallas.

« PreviousContinue »