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CLXXXVIII.

A UNE JEUNE DA ME,

Qui avait chanté dans un repas.

QUE j'ai goûté le plaifir de l'entendre!
Que j'ai fenti le danger de la voir!

Dans tous fes traits l'amour mit fon pouvoir;
Même on m'a dit qu'il lui fit un cœur tendre:
Je fuis venu trop tard pour y prétendre,
Mais affez tôt pour l'aimer fans espoir.

CLXXXIX.

A M. GUENEAU DE MONTBEILLARD.

DANS le féjour d'Euclide, un compagnon d'Horace,
Par des vers délicats, pleins d'efprit et de grâce,
Veut en vain ranimer mes efprits languiffans :
Ma mufe eut quelque feu, l'âge vient la morfondre.
Que votre époufe, et vous, me prêtent leurs talens,
Alors je pourrai vous répondre,

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Tu cherches fur la terre un vrai héros, un fage
Qui méprife les fots et leur faffe du bien,
Qui parle avec efprit, qui pense avec courage:
Va trouver Catherine, et ne cherche plus rien.

CXCI.

A MADAME DE ***

Qui avait fait préfent d'un rofier à l'auteur.

Vous embelliffez la retraite

Où, loin des fots et de leur bruit,

Dans le fein d'une étude abstraite,
De la paix je goûte le fruit.

C'eft

par vos bienfaits qu'il arrive
Que le plus charmant arbriffeau,
Au verger que ma main cultive,
Va prêter un éclat nouveau :
De ce don mon ame eft touchée.

Ainfi dans l'âge heureux d'Aftrée,

La main brillante des talens,
En dépit des traits de l'Envie,
Sur les épines de la vie

Sema les rofes du printemps.

CXCII.

A L'IMPERATRICE DE RUSSIE,

CATHERINE II,

Qui invitait l'auteur à faire un voyage dans fes

Etats.

DIEUX! qui m'ôtez les yeux et les oreilles,
Rendez-les-moi, je pars au même inftant.
Heureux qui voit vos auguftes merveilles,
O Catherine! heureux qui les entend!
Plaire et régner, voilà votre talent;
Mais le premier me plairait davantage.
Par votre efprit vous étonnez le fage,
Qui cefferait de l'être en vous voyant.

CXCIII.

CXCIII.

SUR LA ME ME.

SES bontés font ma gloire, et causent mon regret;
Elle daigne à mes vers accorder fon fuffrage :
Si j'étais né plus tard, elle en ferait l'objet ;
Je réuffirais davantage.

CX CIV.

A MADEMOISELLE CLAIRON.

LES talens, l'efprit, le génie,
Chez Clairon font très-affidus;
Car chacun aime sa patrie.
Chez elle ils fe font tous rendus
Pour célébrer certaine orgie (17)
Dont je fuis encor tout confus.

Les plus beaux momens de ma vie

Sont donc ceux que je n'ai point vus !

(17) L'inauguration de la statue de M. de Voltaire, fête célébrée chez mademoiselle Clairon, en octobre 1772. Cette actrice, habillée en prêtreffe d'Apollon, pofa une cou ronne de laurier fur le bufte de l'auteur de Zaïre, et récita une ode de M. Marmontel en fon honneur.

Contes, Satires, &c.

O o

Vous avez orné mon image

Des lauriers qui croiffent chez vous:
Ma gloire, en dépit des jaloux,
Fut en tous les temps votre ouvrage.

CXCV.

A MADAME

LA MARQUISE DE MONTFERAT,

Affife à table entre un jésuite et un ministre proteftant.

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LES malins qu'Ignace engendra,

Les raisonneurs de janfénistes,

Et leurs coufins les calviniftes

Se difputent à qui l'aura.

Les Grâces, dont elle eft l'ouvrage,

Ont dit: Elle eft notre partage,
C'eft à nous qu'elle reftera.

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