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CXIV.

A MADAME DE ***.

Le nouveau Trajan des Lorrains,
Comme roi n'a pas mon hommage;
Vos yeux feraient plus fouverains,
Mais ce n'eft pas ce qui m'engage.
Je crains les belles et les rois :
Ils abusent trop de leurs droits
Ils exigent trop d'esclavage.
Amoureux de ma liberté,

Pourquoi donc me vois-je arrêté

Dans les chaînes qui m'ont fu plaire ?

Votre esprit, votre caractère

Font fur moi ce que n'ont pu

Ni la grandeur, ni la beauté.

faire

Contes, Satires, &c.

Kk

CX V.

A MADAME **

Qui avait adreffé des vers à l'auteur, en lui demandant d'entrer avec fa fille aux fêtes de Verfailles pour le mariage du dauphin.

Il faut au duc d'Ayen montrer vos vers charmans: De notre paradis il fera le faint Pierre ;

Il aura les clefs, et j'espère

Qu'on ouvrira la porte aux beautés de quinze ans.

CX VI.

A MADAME DE POMPADOUR.

LES efprits et les cœurs, et les remparts terribles,
Tout cède à fes efforts, tout fléchit fous fa loi :
Et Berg-Op-Zom et vous, vous êtes invincibles;
Vous n'avez cédé qu'à mon roi :

Il vole dans vos bras, du fein de la victoire ;

Le prix de fes travaux n'eft que dans votre cœur ; Rien ne peut augmenter fa gloire,

Et vous augmentez fon bonheur.

CXVII.

Vers faits en paffant au village de Lawfelt.

RIVAGE teint de fang, ravagé par

Vafte tombeau de nos guerriers,

Bellone,

J'aime mieux les épis dont Cérès te couronne,
Que des moiffons de gloire et de tristes lauriers.
Fallait-il, juftes Dieux! pour un maudit village,
Répandre plus de fang qu'aux bords du Simoïs!
Ah! ce qui paraît grand aux mortels éblouis,
Eft bien petit aux yeux du fage,

CXVIII.

A M. HELVETIUS,

En lui envoyant un exemplaire de Sémiramis.

MORTEL de l'efpèce très-rare

Des folides et beaux efprits,

Je vous offre un tribut qui n'eft pas d'un grand prix; Vous pourriez donner mieux, mais vos charmans écrits Sont le feul de vos biens dont vous foyez avare.

CXIX.

A M.

D'ARNAUD,

Qui lui avait adreffé des vers très-flatteurs.

MON cher enfant, tous les rois font loués,
Lorsque l'on parle à leur personne ;

Mais ces éloges qu'on leur donne

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J'aime peu la louange, et je vous la pardonne ;
Je la chéris en vous puisqu'elle vient du cœur.
Vos vers ne font pas d'up flatteur;

Vous peignez mes devoirs, et me faites connaître
Non pas ce que je fuis, mais ce que je dois être.
Poursuivez et croiffez en grâces, en vertus;
Si vous me louez moins, je vous loûrai bien plus.

CXX.

A MADAME DE POMPADOUR,

Deffinant une tête.

POMPADOUR, ton crayon divin
Devait deffiner ton visage:

Jamais une plus belle main

N'aurait fait un plus bel ouvrage.

CXXI.

A LA ME ME,

Après une maladie.

LACHESIS tournait fon fufeau,

Filant avec plaifir les beaux jours d'Isabelle :
J'aperçus Atropos qui, d'une main cruelle,
Voulait couper le fil, et la mettre au tombeau.
J'en avertis l'Amour; mais il veillait pour elle,
Et du mouvement de fon aile,
Il étourdit la Parque, et brifa fon ciseau.

CXXII.

IMPROMPTU A LA MEME,.

En entrant à fa toilette, le lendemain d'une représentation d'Alzire, au théâtre des petits appartemens, où elle avait joué le rôle d'Alzire.

CETTE Américaine parfaite
Trop de larmes a fait couler.
Ne pourrai-je me confoler,
Et voir Vénus à fa toilette?

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