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De plus doux chants font retentir ces lieux ;
Mais feulement pour voir et pour entendre
La belle Iffé qui pour lui fut fi tendre,
Et qui le fit le plus heureux des Dieux.

LXXIV.

PARODIE DE LA SARABANDE D'ISSÉ.

A la même.

CHARMANTE Iffé, vous nous faites entendre,
Dans ces beaux lieux, les fons les plus flatteurs;
Ils vont droit à nos cœurs.

Leibnitz n'a point de monade plus tendre,
Newton n'a point d'xx plus enchanteurs ;
A vos attraits on les eût vus fe rendre ;
Vous tourneriez la tête à nos docteurs :
Bernoulli dans vos bras,

Calculant vos appas,
Eût brifé fon compas.

LX X V.

SONNET

A M. le comte Algarotti, vénitien.

ON a.vantė vos murs bâtis fur l'onde;
Et votre ouvrage eft plus durable qu'eux.
Venise et lui femblent faits pour les Dieux;
Mais le dernier fera plus cher au monde.

Qu'admirons-nous de ce Dieu merveilleux
Qui, dans fa course éternelle et féconde,
Embraffe tout et traverse à nos yeux
Des vaftes airs la campagne profonde ?

L'invoquons-nous pour avoir fur les mers
Bâti ces murs que la honte a couverts,
Cet Ilion caché dans la pouffière?

Ainfi que vous il eft le Dieu des vers;
Ainfi que vous il répand la lumière.
Voilà l'objet des vœux de l'univers.

Contes, Satires, &c.

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LXXVI.

A MADAME LA MARQUISE D'USSÉ.

L'ART dit un jour à la Nature:

Vous n'égalez jamais les œuvres de ma main ;
Vous agiffez fans choix, vous créez fans dessein;
Que feriez-vous fans ma parure ?

Un teint flétri par vous s'embellit par mon fard,
C'est moi qui d'une prude arrange la fageffe;
Des coquettes beautés je conduis la finesse,
Et mène fous mon étendard

Et les beaux efprits et les belles.

J'ai feul dicté fans vous les vers de Fontenelles
Et les fables du fieur Houdart.

Ainfi, belle d'Uffé, l'Art fe croyait le maître,
Et le monde à fon char paraissait s'attacher;
Mais la Nature vous fit naître ;

Et l'Art confus s'alla cacher.

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LXXVII.

A MADAME DU CHATELET,

Qui dînait avec l'auteur dans un collége, et qui avait foupé la veille avec lui dans une hôtellerie.

M'EST-IL permis, fans être facrilége,

De révéler votre fecret?

Vénus vint, fous vos traits, fouper au cabaret,
Et Minerve aujourd'hui vient dîner au collège.

LXXVIII.

A UN BAVAR D.

Il faudrait penfer pour écrire :

Il vaut encor mieux effacer.

Les auteurs quelquefois ont écrit fans penfer,
Comme on parle souvent fans avoir rien à dire.

LXXIX.

IMPROMPTU

Ecrit fur la feuille du fuiffe de M. le duc de la Vallière, à qui l'auteur allait demander la romance de Gabrielle de Vergy.

ENVOYEZ-MOI par charité
Cette romance qui fait plaire,

Et que je donnerais par pure vanité,
Si j'avais eu le bonheur de la faire.

L X X X.

A M. DE CORLON,

Qui était avec l'auteur à Monjeu, chez M. le duc de Guife, alors malade.

E

Je fais ce que je dois et n'en fais jamais rien.
Au lieu d'aller tâter le pouls de fon Alteffe,
J'abandonne fon lit fans dormir dans le mien.
Je renonce aux dîners, au piquet, à la meffe,
Très-mauvais courtifan, bien plus mauvais chrétien,
Libertin dans l'efprit, et rempli de paresse.

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