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LXIV.

EPIGRAM M E.

CERTAIN cafard, jadis jéfuite,
Plat écrivain, depuis deux jours
Ofe glofer fur ma conduite,

Sur mes vers et fur mes amours:
En bon chrétien je lui fais grâce :
Chaque pédant peut critiquer mes vers;
Mais fur l'amour jamais un fils d'Ignace

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AINSI le bal et la tranchée,

Les boulets, le vin et l'amour

Savent occuper tour à tour

Votre vie aux devoirs, aux plaifirs attachée.

Gg &

Vous fuivez de Villars les glorieux travaux,
A de pénibles jours joignant des nuits paffables.
Eh bien, vous ferez donc le fecond des héros,
Et le premier des gens aimables.

LX VI.

LES TROIS BERNARD S.

DANS ce pays trois Bernards font connus:
L'un eft ce faint, ambitieux reclus,
Prêcheur adroit, fabricateur d'oracles;

L'autre Bernard eft l'enfant de Plutus,

Bien plus grand faint, fefant plus grands miracles;
Et le troisième eft l'enfant de Phébus,
Gentil Bernard, dont la mufe féconde
Doit faire encor les délices du monde,
Quand des premiers on ne parlera plus.

LXVII.

Invitation au même.

Au nom du Pinde et de Cythère,

Gentil Bernard, fois averti

Que l'art d'aimer doit samedi

Venir fouper chez l'art de plaire. (*)

(*) Madame la marquife du Châtelet..

LXVIII.

Vers mis au bas d'un portrait de Leibnitz.

Il fut dans l'univers connu par fes ouvrages,
Et dans fon pays même il se fit respecter :
Il éclaira les rois, il inftruifit les fages;
Plus fage qu'eux, il fut douter.

LXIX.

A MADAME DE BASSOMPIERRE,

Abbeffe de Poussai.

AVEC cet air fi gracieux
L'abbeffe de Pouffai me chagrine, me bleffe.
De Montmartre la jeune abbeffe

De mon héros combla les vœux ;

Mais celle de Pouffai l'eût rendu malheureux.
Je ne faurais fouffrir les beautés fans faiblesse.

LXX.

Vers de M. Linant à M. de Voltaire.

Le nom qu'au prix de ta fanté
T'ont fait tes vers et ton hiftoire,

Crois-moi, n'eft pas trop acheté ::
Tu te portes, en vérité,

Encor trop bien pour tant de gloire.

Réponse.

MAIS vous, Linant, que le ciel a doté
De minois rond, de croupe rebondie,
Et qui plus eft, de cet art enchanté
Par qui l'efprit fe joint à l'harmonie,
Votre Apollon, Dieu de la poëfie,
Eft bien auffi le Dieu de la fanté.

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LXXII.

Vers écrits au bas d'une lettre de madame du Châtelet à madame de Champbonin.

C'EST l'architecte (11) d'Emilie

Qui ce petit mot vous écrit.

Je me fers de fa plume, et non de fon génie ;`
Mais je vous aime, aimable amie :
Ce feul mot vaut beaucoup d'efprit.

LXXIII.

A

M A D A ME

LA MARQUISE DU CHATELET,

Le jour qu'elle a joué à Sceaux le rôle d'Iffé.

ETRE Phébus aujourd'hui je défire,

Non pour régner fur la profe et les vers,
Car à du Maine il remet cet empire ;
Non pour courir autour de l'univers,
Car vivre à Sceaux eft le but où j'aspire ;
Non pour tirer des accords de fa lyre,

(11) On bâtiffait alors le château de Cirey, et M. de Voltaire dirigeait l'ouvrage.

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