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XVIII.

***,

A MADAME E DE ***

En lui envoyant la Henriade.

1724.

MES vers auront donc l'avantage
D'attirer vos regards heureux;
Ne pourrai-je jamais attirer vos beaux yeux
Sur l'auteur comme fur l'ouvrage ?

XIX.

A MADAME DE ***.

OUI, Philis, la coquetterie

Eft faite pour vos agrémens.
Croyez-moi, la galanterie,

Malgré tous les grands fentimens,
Eft fœur de la friponnerie.

Vénus verfa fur vous tous fes dons précieux :
Ce ferait être injufte, et les mal reconnaître
Que de vous obftiner à faire un feul heureux,
Lorfqu'avec vous le monde entier veut l'être.

Qu'est-ce que la conftance? un vieux mot rebattu,
Des amans ennuyeux languiffant apanage;
Mais l'infidélité devient une vertu,

Quand on a vos attraits, votre efprit et votre âge.

X X.

IMPROMPTU

Ecrit fur un cahier de lettres de madame la ducheffe du Maine et de M. de la MotteHoudart qui avait perdu la vue.

DANS fes filets elle favait vous prendre
Sitôt qu'elle fe laissait voir :

Un pauvre aveugle auffi reffentit fon pouvoir;
Je le crois bien, car il pouvait l'entendre.

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Qui avait promis un baiser à celui qui ferait les meilleurs vers pour fa fête.

Quoi! pour le prix des vers accorder au vainqueur, D'un baifer la douce careffe!

Céphife, quelle eft votre erreur!

Vous donnez à l'efprit ce qui n'eft dû qu'au cœur.

Un baiser fut toujours le prix de la tendreffe,

Et c'eft à l'amour feul qu'en appartient le don.
Les habitans du Pinde, en leur plus grande ivresse,
N'ont jamais espéré qu'un laurier d'Apollon.

Des vers à mes rivaux je cède l'avantage ;

Ils riment mieux que moi, mais je fais mieux aimer. Que le laurier foit leur partage;

Et le mien fera le baiser.

XXII.

PORTRAIT DE M. DE LA FAYE.

IL a réuni le mérite

Et d'Horace et de Pollion:
Tantôt protégeant Apollon,
Et tantôt chantant à fa fuite.
Il reçut deux préfens des Dieux,

Les plus charmans qu'ils puiffent faire:
L'un était le talent de plaire,

L'autre le fecret d'être heureux.

1

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Un

DANS tes vers, Duché, je te prie,
Ne compare point au meffie
pauvre diable comme moi:
Je n'ai de lui que fa misère,
Et fuis bien éloigné, ma foi,
D'avoir une vierge pour mère.

XXIV.

A MADAME

LA MARECHALE DE VILLARS,

En lui envoyant la Henriade.

QUAND Vous m'aimiez, mes vers étaient aimables; Je chantais dignement vos grâces, vos vertus ; Cet ouvrage naquit dans ces temps favorables ; Il eût été parfait, mais vous ne m'aimez plus.

X X V.

A M. DE CIDE VILLE,

Ecrits fur un exemplaire de la Henriade.

173 0:

Mon cher confrère en Apollon,

Cenfeur exact, ami facile,

Solide et tendre Cideville,

Accepte ce frivole don.

Je ne ferai pas ton Virgile,

Mais tu feras mon Pollion.

XXVI.

A M. LEFEBVRE, (5)

En réponse à des vers qu'il avait envoyés à l'auteur.

N'ATTENDS de moi ton immortalité,
Tu l'obtiendras un jour par ton génie ;
N'attends de moi ta première fanté,
Ton protecteur, le Dieu de l'harmonie,

(5) Le même à qui M. de Voltaire adreffa la lettre fur les

inconvéniens de la littérature. Mél. litt. tome 3.

Contes, Satires, &c.

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