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IX.

A MADAME

DE **

En lui envoyant les Oeuvres myftiques de Fénélon.

QUAND de la Guion le charmant directeur
Difait au monde : Aimez Dieu pour lui-même,
Oubliez vous dans votre heureuse ardeur :
On ne crut point à cet amour extrême ;
On le traita de chimère et d'erreur;

On fe trompait: je connais bien mon cœur,
Et c'eft ainfi, belle Eglé, qu'il vous aime.

X.

A LA ME ME.

DE votre efprit la force eft fi puiffante
Que vous pourriez vous paffer de beauté ;
De vos attraits la grâce est fi piquante
Que fans efprit vous auriez enchanté.
Si votre cœur ne fait pas comme on aime,
Ces dons charmans font des dons fuperflus:
Un fentiment eft cent fois au-deffus
Et de l'efprit et de la beauté même.

X I.

INSCRIPTION

Pour une ftatue de l'Amour dans les jardins de Sceaux.

Qui que tu fois, voici ton maître :
Il l'eft, le fut, ou le doit être.

XII.

IMPROMPTU

A MADAME LA MARQUISE DE CRILLON,

A fouper dans une petite maifon de M. le duc de R***.

DANS le plus fcandaleux séjour

La vertu même eft amenée ;
Et la débauche est étonnée

De refpecter ici l'amour.

XIII.

A UNE DAME

A qui l'auteur envoyait une bague où son portrait était gravé.

BARIER grava ces traits destinés

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Avec quelque plaifir daignez les reconnaître:

Les vôtres dans mon cœur furent gravés bien mieux ; Mais ce fut par un plus grand maître.

XI V.

A MADEMOISELLE DE GUISE,

Depuis ducheffe de Richelieu, fœur de madame

de Bouillon.

Vous poffédez fort inutilement

Efprit, beauté, grâce, vertu, franchise :
Qu'y manque-t-il? quelqu'un qui vous le dise,
Et quelque ami dont on en dise autant.

X V.

IMPROMPTU

A M. LE COMTE DE VINDISGRATZ. (4)

SEIGNEUR, le congrès vous supplie
D'ordonner tout préfentement

Qu'on nous donne une tragédie

Demain pour divertiffement.

Nous vous le demandons au nom de Rupelmonde : Rien ne réfifte à fes défirs;

Et votre prudence profonde

Doit commencer par nos plaifirs
A travailler pour le bonheur du monde.

(4) M. de Voltaire paffant à Cambrai avec madame la marquife de Rupelmonde, pendant le congrès de 1722, et foupant chez madame de Saint-Conteft, toute la compagnie marqua le défir qu'elle avait de voir jouer la tragédie d'Oedipe en préfence de fon auteur. Mais la comédie des Plaideurs ayant été précédemment annoncée pour le lendemain, à la demande de M. de Vindifgratz, premier plénipotentiaire de^ l'Empire, les convives chargèrent M. de Voltaire de lui demander la représentation d'Oedipe. Le poëte, fans fortir de table, fit cette espèce de placet impromptu qu'il fe chargea de porter lui-même à M. de Vindifgratz: il obtint facilement ce qu'on demandait, et rapporta le placet à madame de Rupelmonde, avec cette apoftille au bas :

L'Amour vous fit, aimable Rupelmonde,
Pour décider de nos plaifirs:

Je n'en fais pas de plus parfait au monde
Que de répondre à vos défirs.

XVI.

POUR LE PORTRAIT

DE

MADEMOISELLE SALLÉ.

De tous les cœurs et du fien la maîtreffe,
Elle allume des feux qui lui font inconnus :
De Diane c'eft la prêtresse,
Danfant fous les traits de Vénus.

XVII.

IMPROMPTU

A MADAME LA DUCHESSE DE LUXEMBOURG

Qui devait fouper avec M. le duc de Richelieu.

UN dindon tout à l'ail, un feigneur tout à l'ambre, A fouper vous font destinés :

On doit, quand Richelieu paraît dans une chambre, Bien défendre fon cœur, et bien boucher fon nez.

Sitôt que vous parlez on n'a point de réplique:
Vous aurez donc Oedipe, et même fa critique. (*)
L'ordre eft donné, pour qu'en votre faveur,
Demain l'on joue et la pièce et l'auteur.

(*) La parodie d'Oedipe que M. de Voltaire avait demandée lai-même.

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