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A madame de Liftenai.

AIMABLE Liftenai, notre fête grotesque
Ne doit point déplaire à vos yeux :

Les Amours en chiants-lit déguifés dans ces lieux,
Sont toujours les Amours; et l'habit romanesque
Dont ils font revêtus ne les a pas changés :
Vous les voyez encore autour de vous rangés.
Ces guenillons brillans, ces masques, ce mystère,
Ces méchans violons dont on vous étourdit,
Ce bal et ce fabbat maudit,

Tout cela dit pourtant que l'on voudrait vous plaire.

A madame de la Vrillière.

VENEZ, charmant moineau, venez dans ce bocage: Tous nos oifeaux furpris et confondus, Admireront votre plumage :

Les pigeons du char de Vénus

Viendront même vous rendre hommage:

Joli moineau, que vous dire de plus ! ·

Heureux qui peut vous voir, et qui peut vous entendre!

Vous plaifez par la voix ; vous charmez par les

yeux: Mais le nom de moineau vous fiérait un peu mieux

Si vous étiez un peu plus tendre.

III.

AU DUC DE LORRAINE LÉOPOLD,

Et à madame la ducheffe fon épouse, en leur préfentant la tragédie d'Oedipe.

1718.

O Vous, de vos fujets l'exemple et les délices,
Vous qui régnez fur eux en les comblant de biens,
De mes faibles talens acceptez les prémices :
C'eft aux Dieux qu'on les doit, et vous êtes les miens.

IV.

EPIGRAM ME.

DANCHET, fi méprifé jadis,
Fait voir aux pauvres de génie
Qu'on peut gagner l'académie
Comme on gagne le paradis. (1)

(1) Ces vers fefaient partie d'une lettre à l'abbé de Chaulieu, qu'on n'a point trouvée.

V.

TRIOLET

A M. TITON DU TILLE T.

DEPECHEZ-Vous, monfieur Titon,

Enrichiffez votre Hélicon. (*)

Placez-y fur un piédeftal

Saint-Didier, Danchet et Nadal ;
Qu'on voie armés du même archet
Nadal, Saint-Didier et Danchet;
Et couverts du même laurier

Danchet, Nadal et Saint-Didier.

V I.

SUR M. DE FONTENELLE.

D'UN nouvel univers il ouvrit la barrière :
Des mondes infinis autour de lui naiffans,
Mefurés par fes mains, à fon ordre croiffans,
A nos yeux étonnés il traça la carrière.
L'ignorant l'entendit, le favant l'admira;
Que voulez-vous de plus? il fit un opéra.

(*) Le Parnaffe en bronze, à la bibliothèque du roi.

VII.

A MADAME

LA MARQUISE DE RUPELMONDE. (2)

QUAND Apollon, avec le Dieu de l'onde,
Vint autrefois habiter ces bas lieux,
L'un fut fi bien cacher fa treffe blonde,
L'autre fes traits, qu'on méconnut les Dieux :
Mais c'eft en vain qu'abandonnant les cieux,
Vénus comme eux veut fe cacher au monde:
On la connaît au pouvoir de fes yeux,
Dès que l'on voit paraître Rupelmonde..

(2) Ces vers ont été attribués mal à propos à Ferrant.

VIII.

IMPROMPTU

A MADEMOISELLE DE CHAROLOIS,

Peinte en habit de cordelier.

FRERE Ange de Charolois,
Dis-nous par quelle aventure
Le cordon de faint François
Sert à Vénus de ceinture? (3)

(3) M. de Voltaire fachant qu'on chantait ces vers fur l'air de Robin ture-lure, y ajouta, dit-on, d'autres couplets fort plaifans. Ce portrait donna lieu à d'autres plaifanteries; c'était le ton de cette cour; en voici un échantillon :

Beau faint François ne fouffrez pas
Qu'on perce vos mains délicates.
Dites à l'ange: C'eft plus bas,
Qu'il faut appliquer les ftigmates..

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