Par deux chevaux rapidement traîné, Il court au bain : les parfums les plus doux Le lendemain donne d'autres défirs, NOTE S. (a) Cette pièce eft de 1736. C'est un badinage dont le fond eft très-philofophique et très-utile: fon utilité fe trouve expliquée dans la pièce fuivante. Voyez auffi la lettre de M. de Melon à madame la comteffe de Verrue. (b) Auteur du Cuifinier Français. (c) Fameux fculpteur né à Chaumont en Champagne. (d) Excellent orfévre dont les deffins et les ouvrages font du plus grand goût. (e) Les curieux d'anecdotes feront bien aifes de favoir que ce badinage, non-feulement très-innocent, mais dans le fond très-utile, fut compofé dans l'année 1736, immédiatement après le fuccès de la tragédie d'Alzire. Ce fuccès anima tellement les ennemis littéraires de l'auteur, que l'abbé Desfontaines alla dénoncer la petite plaifanterie du Mondain à un prêtre nommé Couturier, qui avait du crédit fur l'efprit du cardinal de Fleuri. Desfontaines falfifia l'ouvrage, y mit des vers de fa façon, comme il avait fait à la Henriade. L'ouvrage fut traité de fcandaleux, et l'auteur de la Henriade, de Mérope, de Zaïre, fut obligé de s'enfuir de fa patrie. Le roi de Pruffe lui offrit alors le même afile qu'il lui a donné depuis; mais l'auteur aima mieux aller retrouver fes amis dans fa patrie. Nous tenons cette anecdote de la bouche même de M. de Voltaire. DE M. DE MELON, ci-devant fecrétaire du régent du royaume, Α MADAME LA COMTESSE DE VERRUE, SUR L'APOLOGIE DU LUXE. J'ai lu, Madame, l'ingénieuse Apologie du 'AI luxe; je regarde ce petit ouvrage comme une excellente leçon de politique, cachée sous un badinage agréable. Je me flatte d'avoir démontré, dans mon Effai politique fur le commerce, combien ce goût des beaux arts, et cet emploi des richeffes, cette ame d'un grand Etat, qu'on nomme luxe, font néceffaires pour la circulation de l'espèce et pour le maintien de l'induftrie; je vous regarde, Madame, comme un des grands exemples de cette vérité. Combien de familles de Paris fubfiftent uniquement par la protection que (a) Cette lettre fut écrite dans le temps que la pièce du Mondain parut, en 1736. vous donnez aux arts (b)? Que l'on ceffe d'aimer les tableaux, les eftampes, les curiofités en toute forte de genre; voilà vingt mille hommes, au moins, ruinés tout d'un coup dans Paris, et qui font forcés d'aller chercher de l'emploi chez l'étranger. Il est bon que dans un canton fuiffe on faffe des lois fomptuaires, par la raison qu'il ne faut pas qu'un pauvre vive comme un riche. Quand les Hollandais ont commencé leur commerce, ils avaient befoin d'une extrême frugalité; mais à préfent que c'est la nation de l'Europe qui a le plus d'argent, elle a befoin de luxe, &c. (b) Madame la comteffe de Verrue, mère de madame la princeffe de Carignan, dépenfait cent mille francs par an en curiofités: elle s'était formé un des beaux cabinets de l'Europe en raretés et en tableaux. Elle raffemblait chez elle une fociété de philofophes, auxquels elle fit des legs par fon teftament. Elle mourut avec la fermeté et la fimplicité de la philofophie la plus intrépide. |