La pensée en vers n'est qu'une moralité A courte et précise. Les vers qui commencent ou terminent l'apologue ont le caractère distinctif` de la pensée. Elle peut tenir de l'épigramme par le fond, mais elle diffère par le tour, et offre plus de solide que de saillant, moins de trait que de justesse. Elle offre aussi quelquefois une maxime morale, un conseil salutaire, dictés par la sagesse et par l'expérience. La pensée s'éloigne de la sentence, en ce que celle-ci est presque toujours renfermée en un ou deux vers, comme : A vaincre sans péril on triomphe sans gloire. CORNEILLE (le Cid). Celui qui met un frein à la fureur des flots, RACINE (Athalie). La sentence, d'ailleurs, fait partie d'un ou vrage, tel qu'un poème ou une tragédie. On en a souvent reproché l'abus aux auteurs dramatiques. La pensée est ordinairement détachée; c'est-à-dire qu'elle n'est entourée de rien qui la prépare ou l'appuie: elle doit être écrite avec beaucoup de pureté et d'élégance, et présenter, en peu de vers, une idée juste et frappante. Nous citerons pour exemple celle de madame Deshoulières sur le jeu : Cette ardeur de jouer, qui nuit et jour occupe, Souvent, quoique le cœur, quoique l'esprit soit bon, On finit par être fripon. Ainsi, la pensée renferme le plus souvent une vérité morale ou philosophique; ce qui n'est pas synonyme, ajouteront quelques-uns de nos lecteurs. Elle contient aussi quelquefois une idée gracieuse ou galante. Nous distinguerons ces dernières des pensées morales en les offrant à nos lecteurs sous le titre de Pensées érotiques. |